La question n’est pas tant de savoir à quoi s’attendre d’un sommet arabe, mais d’espérer que nos représentants Algériens ne se laissent pas entraîner dans le guet-apens dont certains parlent : la formation précipitée d’une « coalition militaire arabe » calquée sur un modèle de type OTAN. Une telle machine, lancée sans vision commune ni intérêts partagés, risquerait d’enfermer les pays arabes dans des logiques d’alignement qui servent d’abord des puissances extérieures.
Tout observateur averti sait que la diversion est la première étape de la division, et que la division mène au KO. Depuis l’élection de Donald Trump, des recompositions idéologiques et politiques ont surgi en Europe et au Proche-Orient ; certaines mouvances d’extrême droite se sont rassemblées autour d’un discours populiste et identitaire qui favorise l’éclatement des cadres traditionnels. Les médias jouent un rôle central dans ce façonnage de l’opinion : ils trient, dissimulent et valorisent ce qui sert des agendas. Face à cela, des acteurs comme l’Iran ou des mouvements régionaux ont répondu par des actes qui, pour leurs part, évitent la grand-parole et misent sur l’action directe.
N’oublions pas que c’est au cours du premier mandat de Trump qu’a été signé l’accord des Abraham, une rupture qui a reconfiguré les alliances régionales et accentué la polarisation. Ces décisions n’ont pas été prises dans le vide : elles ont des conséquences stratégiques lourdes pour la cohésion arabe.
Imaginer que les dirigeants qataris n’étaient pas au courant d’un événement majeur sur leur territoire, ou que le Hamas ait pu totalement surprendre ses adversaires sans complicités ni failles dans le système de renseignement adverse, c’est choisir la facilité. Chacun est libre de tirer ses conclusions ; mais pour garder la crédibilité d’un discours politique, il faut distinguer faits établis, hypothèses plausibles et théories invérifiables.
Le début du véritable chaos global s’inscrit aussi dans la montée d’un climat d’extrémisme et de polarisation : manifestations violentes, couleurs politiques exacerbées, discours publics qui appellent à la rapidité et à la riposte plutôt qu’à la mesure. Les prises de position provocatrices de certaines personnalités publiques ont alimenté des tensions et révélé combien le débat politique international peut basculer en terrain miné. Là encore, ce ne sont pas des incidents isolés : ils s’inscrivent dans une recomposition plus vaste des rapports de force.
Que peut-on attendre d’un sommet arabe organisé dans la foulée d’une attaque contre le Qatar ? Pas grand-chose, si ce sommet n’est pas précédé d’un vrai travail de clarification politique. Doha, qui a investi massivement dans des médias, des réseaux et des acteurs régionaux pendant le « Printemps arabe », se retrouve aujourd’hui rattrapé par ses choix. Jadis maître d’œuvre ou mécène de diverses opérations politiques et médiatiques, le Qatar est aujourd’hui obligé de solliciter des soutiens de ceux qu’il avait affaiblis — image humiliante d’un petit État pris au piège de ses propres stratégies.
Le monde arabe en ruines
Le bilan régional est accablant :
- Syrie : dévastée après une décennie d’affrontements, morcelée entre influences étrangères et groupes armés.
- Égypte : frappée par une dette importante et une économie en souffrance, avec une armée dont la projection stratégique est aujourd’hui limitée plus verser dans la répression de la population, qui ne peut même plus déplacer ses chars sur quelques dizaines de kilomètres faute de logistique. Une armée sans moyens, un pays à bout de souffle.
- Golfe : des pétromonarchies qui, malgré leurs moyens, restent dépendantes d’alliances externes et n’ont pas acquis l’autonomie stratégique qu’elles pensaient acheter avec des contrats et des largesses. Le Qatar, qui a financé et encouragé les ingérences et les guerres civiles à travers le monde arabe, se retrouve humilié, forcé de mendier un secours qu’il a contribué à rendre impossible. Ce théâtre de dupes révèle l’échec cuisant d’un système arabe corrompu, divisé, incapable de s’unir même face à une agression extérieure.
Des palais fragiles et des alliances trompeuses
Les monarchies du Golfe ont dépensé des milliards pour garantir leur sécurité ; elles ont cru acheter une protection durable. Pourtant, lorsqu’un État du Golfe est menacé, les réactions internationales restent mesurées et souvent calculées : les bases étrangères ne sont pas forcément l’assurance d’une intervention automatique. Le mirage de la « puissance achetée » s’effondre.
La normalisation comme trahison perçue
Au Maghreb, des accords récents ont été vécus par une partie de la population comme une abdication morale. La signature des accords d’Abraham par certains États a introduit de nouvelles coopérations militaires et économiques avec Israël ; ces actes sont perçus par des segments importants de l’opinion comme une trahison, surtout lorsque la normalisation donne lieu à des présences technologiques ou militaires visibles sur le sol national.
Les sommets arabes : théâtre de dupes ?
Dans ces conditions, que peut un sommet arabe ? S’il ne sert qu’à égrener des slogans et signer des communiqués, il ne sert à rien. L’unité ne se décrète pas derrière des portes closes ou à grand renfort de photos officielles : elle se construit sur un projet partagé, une indépendance stratégique et un choix de priorités crédibles. Or aujourd’hui, la plupart des capitales agissent selon leurs intérêts immédiats et sous contraintes extérieures.
Conclusion — L’Algérie d’abord
Rien n’est définitivement conclu, mais une chose doit être claire : pour nous, Algériens, l’essentiel, c’est nous. Nous avons traversé la décennie noire seuls et nous en sommes sortis grâce à notre résilience, pas grâce à des alliances achetées. Restons donc lucides et vigilants. Face aux sirènes étrangères et aux prétendus plans de grandeur — coalitions militaires, normalisations opportunistes, spectacles diplomatiques — l’Algérie doit privilégier l’unité nationale, réparer ses faiblesses internes et se préparer, unie, à faire face à toutes les éventualités.
Ce sommet ? Il ressemble à la Ligue arabe d’hier : beaucoup de bruit, peu d’effet. Ne tombons pas dans leur piège ; refusons d’être salis par des agendas qui ne servent ni nos intérêts ni notre souveraineté.
Que peut-on attendre d’un sommet arabe organisé dans la foulée d’une attaque israélienne contre le Qatar ?
Ainsi, nous devrons bien comprendre que le rôle régulateur de la Ligue arabe est bien clair, il s’agit de faire croire que les pays arabes font quelque chose pour les palestiniens, tout en continuant à fermer les yeux sur les exactions d’Israël et le génocide de Gaza. En fait, chaque fois qu’il s’agit de dégager une position commune, les «Arabes se mettent d’accord pour ne pas se mettre d’accord !».
C’est une vieille rengaine.
Enfin Je suis accable de voir ce genre de décisions, j’observe, nonchalant mon état voué à l’inquiétude, mon arabité vouée à subir des humiliations, ma faiblesse vouée à se taire, ma honte vouée à supporter la traîtrise des frères Arabes, je reste perplexe et profondément ému,
Ainsi chaque soir avec les miens au vue des images du génocide de Gaza, on raconte nos misères, nos tourmentes, nos endurances et la vie tumultueuse de mon arabité condamnée à l’inquiétude et au silence.
J’observe, notre position promis à l’humiliation.
Ce soir encore je peux pleurer sur cette ligue qui une fois de plus à frapper très fort dans l’humiliation !!!!!!
Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »
https://kadertahri.blogspot.com/
3 comments
Du bluff ! Ils ne feront rien tant qu’ils n’ont pas coupé toute relation avec Israël !! La Turquie, l’Azerbaïdjan ainsi que les monarchies du golfe (Qatar, Arabie saoudite et les Emirates), des pays musulmans, ont des relations avec Israël en lui fournissant du pétrole et d’autres services.
Couper ce genre de relations et Israël sera isolé et contraint de changer. Le massacre des Palestiniens continuera tant que des mesures fortes de ce genre ne sont pas prises ! Quand Israël a bombardé Gaza, ils ont fait preuve de passivité. Maintenant qu’Israël a bombardé Doha, ils sont en émoi. Parce que cela les affecte plus qu’Israël n’a affecté Gaza. Ces pays arabes sont les plus hypocrites.
Selon le communiqué final, les participants à la réunion ….. ont appelé les pays islamiques à cesser les relations commerciales et économiques avec Israël
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Les pays qui ne le feront pas seront:
Le Qatar (lié aux bases américaines de son sol)
l’Arabie Saoudite (lié aux bases américaines de son sol)
Les Émirats arabe unis (lié aux bases américaines de son sol)
L’Égypte
Le Maroc (lié aux bases israéliennes de son sol)
La Turquie
Sommet disent-ils?
LECTURE d’un extrait d’articles publié en Algérie. Observez le rôle néfaste du Qatar
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« …Sur la trentaine de sommets organisés entre 1946 et 2011, dont 12 sommets en urgence – où les résolutions les plus importantes concernent la Palestine – on ne relève aucun qui eut un impact signification. Le semblant d’unité apparait plutôt dans l’hostilité à Israël ; quoi que… car, le dossier palestinien n’a pas vraiment unis les membres même lors de l’agression israélienne contre Ghaza, le Qatar, pays hôte du sommet de 2009, avait tenté de mener un camp favorable au Hamas contre l’Autorité palestinienne, ou contre le Liban. Il y a aussi ce « lâchage » de la Syrie qui avait refusé, avec le Liban, d’adhérer à la convention sur le « terrorisme » qui ne distingue pas ceux qui luttent pour la liberté et l’indépendance ; allusion au Hezbollah. Ajoutons la partition du Soudan, le chaos de la Somalie, l’invasion de l’Irak, l’agression du Liban et de la Libye et maintenant les provocations et menaces sur la Syrie. La ligue arabe a été non seulement d’aucune utilité, mais a joué un rôle négatif contre certains de ses propres membres… »