Cette présente contribution est une synthèse de mon intervention suite à l’invitation pour un débat sur les enjeux géostratégiques et la bonne gouvernance en Algérie du site jazairhope.org le samedi 29 avril 2023 de 21 à 22 H où le débat a tourné autour de quatre télématiques
1-les actuels enjeux géostratégiques mondiaux sur le plan sécuritaire et politique
Le monde traverse une turbulence inégale comme en témoigne l’accroissement des budgets militaires à travers le monde .Selon un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) tirés par la guerre en Ukraine, qui pousse les budgets européens vers le haut, mais aussi par les tensions non résolues et croissantes en Asie de l’Est » entre la Chine, d’un côté, et, de l’autre, les Etats-Unis et leurs alliés asiatiques, selon l’AFP les dépenses militaires ont atteint en 2022 , tous continents confondus 2240 milliards de dollars soit 2,2% du PIB mondial .
Les Etats-Unis ont représenté 39 % des dépenses mondiales en 2022, la Chine, (13 %), soit plus de la moitié des investissements militaires du globe, la Russie (3,9 %), Inde (3,6 %) et Arabie saoudite (3,3 %), l’Europe 480 milliards de dollars, le Royaume-Uni étant à la sixième place (3,1 % ), devant l’Allemagne (2,5 %) et la France (2,4 %) − des chiffres qui incluent les donations à l’Ukraine, qui a concentré 31% des importations d’armement en Europe. Toujours selon cet institut entre 2018 et 2022, le poids respectif des trois gros exportateurs – Etats-Unis, Russie et France – s’est considérablement modifié par rapport à la période 2013-2017, les Américains détenant fin 2022, 40 %, la Russie passant de 22 % à 16 %, et la France de 7,1 % à 11 %, loin devant la Chine (5 %) et l’Allemagne (4 %). Face à ces mutations, contrairement à certaines supputions malsaines, la stratégie de l’ANP à travers sa modernisation est l’acquisition du savoir scientifique et technologique et son adaptation aux nouvelles menaces afin de préserver l’unité de la Nation, par la défense du territoire, ayant une position neutre vis à vis des conflits privilégiant la coopération internationale . C’est dans ce cadre que le chef d’Etat major de l’ANP, le général d’Armée Saïd Chengriha, mettant en exergue la valorisation du savoir à travers l’innovation technologique, lors de la présidence de la 16e session du Conseil d’orientation de l’Ecole supérieure de guerre le 25 avril 2023, a souligné que les guerres modernes que connaît le monde d’aujourd’hui sont totalement différentes des guerres précédentes, où nous assistons à des guerres qui évoluent à une vitesse effrénée, faisant de celui qui ne peut en suivre le rythme, ou s’y adapter sur les plans raisonnement, planification et virtuosité combative, une proie facile. Aussi la a modernisation de l’ANP et des ses services de sécurité est une exigence , comme dans les pays cités étant une question de sécurité nationale , son budget devant rentrer dans le cadre d’une loi de programmation sur cinq années, y compris la gendarmerie nationale et la DGSN comme je l’avais recommandé au moment fort du terrorisme qui frappait l’Algérie , en 1997 à Alger (voir audit que j’ai eu l’honneur de diriger 1997- avec ,Face aux enjeux géostratégiques mondiaux, le rôle stratégique de l’Algérie comme facteur de stabilisation des espaces méditerranéens et africains où pour la région sahélienne , nous avons assisté à des mutations de la géopolitique après l’effondrement du régime libyen où , des centaines de milliers, dont 15000 missiles sol-air étaient dans les entrepôts de l’armée libyenne, qui ont été accaparés par différents groupes qui opèrent au Sahel, puis par d’autres groupes terroristes venus d’autres régions : Avec les ingérences de puissances étrangères, en Afrique enjeu du XXIème siècle, notamment en Libye, au Mali, et récemment les tensions au Soudan du Nord ( 46 millions d’habitants) , ayant des frontières avec l’Érythrée à l’est, par l’Éthiopie au sud-est, par le Soudan du Sud au sud, par la République centrafricaine au sud-ouest, par le Tchad à l’ouest, par la Libye au nord-ouest et par l’Égypte au nord. les impacts sont sécuritaires, facteur de déstabilisation, favorisant le terrorisme et les flux migratoires., l’Algérie étant interpellée pour sa sécurité. C’est que l’espace subsaharien est caractérisé par l’ancienneté du système caravanier transsaharien avec les dangers de la pénétration de l’islamisme radical à ne pas confondre avec l’islam religion de tolérance à l’instar du judaïsme ou du christianisme, devant éviter de verser dans la xénophobie qui alimente le discours des extrêmes. C’est dans cet objectif que se sont établis des dialogues stratégiques, notamment entre les USA/Algérie et Europe/Algérie sans compter la coopération sécuritaire Algérie/Russie et Algérie/Chine dont l’Algérie doit jouer un rôle essentiel, afin de renforcer leurs relations futures pour lutter contre le terrorisme international. Il s’agit donc de lever les contraintes du fait que la corruptibilité générale des institutions, pèsent lourdement sur les systèmes chargés de l’application des lois et la justice pénale en général qui ont des difficultés à s’adapter aux nouveaux défis posés par la sophistication des réseaux du crime organisé. La collaboration inter-juridictionnelle est ralentie par l’hétérogénéité des systèmes juridiques. De plus, la porosité des frontières aussi bien que la coordination entre un grand nombre d’agences chargées de la sécurité aux frontières posent des problèmes où la stratégie vise à attirer graduellement les utilisateurs du système informel vers le réseau formel et ainsi isoler les éléments criminels pour mieux les cibler tout en diminuant les dommages collatéraux pour les utilisateurs légitimes.
2-Les enjeux du nouveau système d’information et les impacts des nouvelles technologies sur la gestion des institutions et les entreprises
Mais existe un autre enjeu où le nouveau système d’information à travers les nouvelles ont un impact sur la reconfiguration des relations internationales où les cyber attaques peuvent déstabiliser toute une Nation. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), un ensemble de technologies utilisées pour traiter, modifier et échanger de l’information, plus spécifiquement des données numérisées qui regroupent les innovations réalisées en matière de volume de stockage et de rapidité du traitement de l’information ainsi que son transport grâce au numérique et aux nouveaux moyens de télécommunications, ont des implications au niveau de la gouvernance politique, la gestion des entreprises et des administrations et un impact également sur notre nouveau mode de vie renvoyant au savoir et à l’innovation permanente. Politiques, entrepreneurs, citoyens, nous vivons tous aujourd’hui dans une société de la communication électronique, plurielle et immédiate qui nous contraint à prendre des décisions en temps réel. La maîtrise du temps étant le défi principal du siècle, en ce XXIe, engageant la sécurité nationale, toute inadaptation à ces mutations isolerait encore plus le pays. Ainsi, le monde est devenu une grande maison de verre, un acquis contre les régimes totalitaires dans la mesure où l’information n’est plus le quatrième pouvoir mais le pouvoir lui-même. L’infrastructure de l’Internet se répand aujourd’hui autour du monde pour créer un large réseau mondial et ce grâce à l’informatique qui permet aujourd’hui de numériser les informations et de gérer de nouveaux systèmes. C’est que les nouveaux moyens de télécommunication facilitent l’échange et la diffusion de la connaissance. Ces nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) changent donc profondément la vie au quotidien des citoyens, le fonctionnement des entreprises, de l’Etat. Tout cela entraîne de nouvelles représentations mentales et sociales. Cela est plus patent au niveau multimédia (TV, vidéo à la demande, GPS, musique…) sur les téléphones portables. Sur le plan macroéconomique, les nouveaux processus mis en place grâce aux TIC ont des conséquences sur l’analyse de la valeur des produits et services, que l’on effectuera davantage sur le cycle de vie, lequel a tendance à se raccourcir et influe sur les gains de productivité et la croissance liée à l’introduction des TIC. Les TIC influencent également la recherche scientifique et technique et permettent indirectement de réaliser de nouvelles découvertes qui ont à nouveau un effet macroéconomique L’avènement d’Internet et le développement formidable qu’il connaît depuis quelques années ont pratiquement mis en demeure l’entreprise – de quelque importance qu’elle soit – de s’adapter et d’en faire l’usage le plus judicieux et le plus productif.. Les NTIC permettent de mettre en place depuis quelques années des modèles d’organisation du travail dont les principales caractéristiques sont la décentralisation et la flexibilité. Le phénomène de délocalisation de l’emploi tient largement de la recherche des gains de productivité et des possibilités offertes par les NTIC aux entreprises, particulièrement à celles qui sont d’une grande envergure : télé-saisie, télétraitement et télémaintenance informatique sont maintenant une réalité de tous les jours. Les pertes mondiales imputables aux attaques informatiques, bien que très difficiles à évaluer du fait de l’ampleur de l’économie du piratage, ont atteint les 1 000 milliards de dollars en 2020, soit près de 1% du PIB mondial et uniquement pour l’Europe le montant des préjudices causés par des cyberattaques a atteint en 2020 un coût global de 750 milliards d’euros par an. Ces pertes proviennent du vol d’actifs monétaires et de propriété intellectuelle, mais également de pertes cachées, souvent omises. Les motivations des pirates informatiques ont évolué : du piratage de logiciels de la part d’amateurs dont la motivation essentielle consistait à voler pour leur usage personnel, nous sommes passés à un piratage “professionnel” d’ordre économique (détournement d’argent) et piratage industriel, proche de l’espionnage. Les interceptions de communications ont aussi évolué. Des écoutes téléphoniques nous sommes passés aux interceptions des messages électroniques. Lorsqu’un mail est envoyé de façon habituelle, il n’est pas crypté et peut transiter par une dizaine de proxys qui jalonnent le parcours vers sa destination. Or, ces derniers conservent, pour des raisons techniques mais aussi légales, une copie des messages reçus. Les informations contenues dans le corps du message et dans les fichiers joints peuvent donc être lues par autant de responsables de proxies que nécessite le trajet. Les vols de documents ne se produisent pas seulement en accédant, à distance ou non, à un ordinateur ou à un serveur, mais également de la façon la plus inattendue par les photocopieuses qui stockent les informations avant de les imprimer, les experts en informatique pouvant donc ensuite très facilement récupérer ces informations, d’autant plus que la plupart d’entre elles sont généralement connectées à un réseau, soit via un PC (imprimante partagée), soit grâce à une adresse IP propre. Compte tenu de cette situation, la direction de la cybercriminalité d’Interpol a élaboré en août 2020 un rapport d’évaluation mondial portant sur la cybercriminalité liée à la Covid-19 en s’appuyant sur l’accès aux données de 194 pays membres et de partenaires privés afin de brosser un tableau complet de la cybercriminalité liée à la pandémie de Covid-19 : escroqueries en ligne et hameçonnage pour 59% ; logiciels malveillants visant à désorganiser (rançongiciels et attaques par déni de service distribué) pour 36% ; logiciels malveillants visant à obtenir des données ; domaines malveillants pour 21% ; désinformations et fausses informations, de plus en plus nombreuses, se répandent rapidement dans le public pour 14%.
Récemment, les révélations d’espionnage du programme NS-Pegasus posent la problématique de la sécurité nationale et de la maîtrise des nouvelles technologies. Mais si les experts militaires s’accordent sur le fait que l’espionnage a existé depuis que le monde est monde, aujourd’hui, avec des méthodes de plus en plus sophistiquées, avec l’avènement des cyberattaques, il appartient à chaque nation d’utiliser des moyens plus sophistiqués pour se protéger. Le programme phare de NSO nommé Pegasus, un logiciel d’origine israélienne surnommé “cheval de Troie”, a permis de fouiller dans les données (calendriers, photos, contacts, messages, appels enregistrés, coordonnées GPS…) des smartphones, iPhone comme Android, infectés, mais aussi de contrôler à distance la caméra et les micros intégrés à l’appareil. Cela donne la possibilité d’écouter des conversations dans une pièce alors que le téléphone apparaît inactif, ce logiciel étant à sa troisième version. Cependant, les nouvelles technologies ne concernent pas seulement les écoutes. Les drones sans pilote commencent à remplacer l’aviation militaire classique, pouvant cibler avec précision tout adversaire à partir de centres informatiques sophistiqués à des milliers de kilomètres. Les satellites remplissant l’atmosphère permettent d’espionner tout pays, de détecter le mouvement des troupes et la diffusion d’images de toute la planète. Le contrôle de l’information grâce à l’informatisation permet le développement de sites d’information, impliquant une adaptation des journaux papier, une nouvelle organisation des entreprises et administrations en réseaux, loin de l’organisation hiérarchique dépassée, l’interconnexion bancaire et éclectique pouvant bloquer tout pays dans ses transactions financières et la panne des réseaux pouvant plonger tout pays dans les ténèbres. L’utilisation de Facebook et de Twitter par la diffusion d’informations parfois non fondées fait que, faute de transparence, la rumeur dévastatrice supplante l’information officielle déficiente. C’est dans ce cadre que s’impose la maîtrise de l’intelligence économique, dont la gestion stratégique est devenue pour une nation et l’entreprise l’un des moteurs essentiels de sa performance globale et de sa sécurité. L’intelligence économique intègre deux dimensions supplémentaires par rapport à la veille : la prise de décision et la connaissance de l’information. Pour faire de l’intelligence économique un véritable avantage concurrentiel, il est indispensable de l’intégrer aux fonctions de l’administration et de l’entreprise Une nation ou une entreprise sera meilleure que ses concurrents si elle possède, avant les autres, les bonnes informations au bon moment, qu’il s’agisse de connaissance des marchés, d’informations juridiques, technologiques, normatives ou autres, créant une asymétrie d’informations à son avantage. D’où l’appui aux entreprises pour l’accès aux volumes importants d’informations sur le commerce international détenu par les départements et agences ministériels, les services de renseignements et de contre-espionnage, mettant en place un service d’information économique au profit des entreprises engagées dans le commerce extérieur
3.-les actuels enjeux géostratégiques des turbulences et de la transformation de l’économie mondiale
Il existe un lien dialectique entre le sécuritaire, le politique l’économique et le social au niveau mondial, étant à l’erre de l’interdépendance où l’économique est déterminant mesurant la puissance d’une Nation .Sur le plan économique, selon le rapport du FMI d’ avril 2023, dans un contexte caractérisé par les perturbations du secteur financier, le niveau élevé de l’inflation, les tensions en Ukraine, en Asie( Taiwan) et l’héritage de trois années de pandémie de COVID-19 , les taux de croissance loin des années passées des BRICS et les très faibles taux de croissance de la majorité des pays développés, rendent incertaines les perspectives de l’économie mondiale pour 2023.. L’inflation globale mondiale devrait passer de 8,7 % en 2022 à 7 % en 2023 mais pour la plupart des pays, l’inflation ne devrait pas revenir à son niveau d’ avant 2025. Le PIB en 2022 des USA (24796 milliards de dollars , la Chine 18460 milliards de dollars ( 72% du PIB des BRICS) et l’Europe 17180 y compris le Royaume Uni accaparent plus de 60% du PIB mondial estimé à 100.000 milliards de dollars en 2022 alors que le PIB de l’ensemble du continent africain approche les 2980 milliards de dollars, extrapolé en 2027 à 4600 milliards de dollars, sous réserve de l’impulsion de la zone d libre échange et d’une plus forte intégration sous régionales existant des Afriques et non pas une Afrique, ( 11/12% actuellement) , un PIB largement inférieur à celui d’un seul pays l’Allemagne 3867 milliards de dollars , restent donc un long chemin à parcourir D’après les prévisions de référence, la croissance devrait ralentir de 3,4 % en 2022 à 2,8 % en 2023, avant de s’établir à 3,0 % en 2024. Les pays avancés ont eu 2,7% de taux de croissance en 2022 et une prévision de 1,3% en 2023 dont : les USA 3,4% en 2022 et 2,8% en 2023, la zone euro 3,5% en 2022 et 0,8% en 2023 dont les deux locomotives 1,8% en 2022 et négatif en 2023 moins 0,1% pour l’Allemagne avec 2,6% en 2022 mais contrairement aux prévisions du FMI , pour le gouvernement, l’Allemagne devrait connaître une croissance de 0,3% de son PIB en 2023, échappant ainsi à la récession grâce à la baisse des prix de l’énergie, et malgré une forte inflation à 6,0 et pour la France 0,7%, mais 0,6% selon l’INSEE . Pour les pays émergents et pays à revenus intermédiaires nous avons 3,9% en 2022 et taux identique en 2023 et les pays en voie de développement 5,0% en 2022 et 4,7% en 2023 . Pour la locomotive de l’économie mondiale à savoir la Chine, il est prévu 5% en 2023 contre 3% en 2022 mais loin des taux de croissance de 7/8% du passé pour absorber la demande d’emploi du fait de la forte croissance démographique. dont d’ailleurs 60/70% de ses exportations sont en direction de ‘l’Europe et des USA, selon le Consensus Bloomberg de décembre 2022, la Chine ferait en effet face à quatre défis majeurs en 2023 : premièrement , malgré l’annonce de l’abandon de la stratégie « zéro Covid », la nouvelle vague de contaminations a constitué une réelle menace, et devrait retarder la reprise de la consommation privée ; deuxièmement, la crise immobilière, qui a éclatée fin 2021, s’est amplifiée en 2022 et continuerait de peser sur l’activité en 2023 ; troisièmement, après un important soutien public en 2022, les marges de manœuvres des autorités budgétaires et monétaires ne semblent pas aussi larges qu’il n’y paraît – quatrièmement les incertitudes au niveau local interrogent sur les chiffres de croissance en Chine, le contexte international ne s’avère guère plus favorable et pourrait se traduire par un fort ralentissement de la demande externe. Pour les autres pays , nous avons : l’Inde 6;8% en 2022 et 5,2% en 2023, la Russie 2 ;1% en 2022 et 0,7% en 2023, le Brésil 2,9% en 2022 et 0,9% en 2023, le Mexique 3 ;1% en 2022 et 1,8% en 2023 , le Nigeria 3,3% en 2022 et 3,2% en 2023 et l’Afrique du Sud 2,0% en 2022 et 0,1% en 2023. Cette situation caractérise le système financier international , avec la faillite de banques américaines spécialisées dans les crypto-monnaies dont la Silicon Valley Bank (SVB), la “banque de la tech” et de Signature Bank, également proche du monde des cryptos. , la faillite du Crédit Suisse, qui compte parmi les 30 plus importantes banques du monde afin d’éviter un impact systémique, la Banque nationale suisse (BNS), ayant accepté de débloquer des liquidités pour 100 milliards de dollars en faveur de Crédit Suisse dans le cadre de l’accord du rachat par UBS fin mars 2023 et récemment de nouveaux scandales financiers touchant cinq établissements bancaires français : la Société générale, BNP Paribas, Natixis, HSBC et Exane, une filière de la BNP Paribas spécialiste des investissements financiers avec une fraude fiscale estimée provisoirement à plus de 150 milliards d’euros , a amplifié l’endettement des Etats sous la pression sociale où le montant total de la dette mondiale publique et privée est estimé en 2022 à environ 300 000 milliards de dollars, contre 226.000 en 2020. Le relèvement des taux d ‘intérêts des banques centrales pour juguler l’inflation ont eu pour effet d’accélérer le ralentissement de l’économie et le renchérissement des prêts. Selon une étude de BSI de 2022, la remontée des taux d’intérêt aux Etats-Unis aurait des répercussions pour les économies émergentes (sorties de capitaux, dépréciation des taux de change, etc.). Toutefois, certains pays semblent plus exposés que d’autres et des pays qui ne parviendront pas à contenir les pressions inflationnistes, ayant fait exploser le montant des dettes extérieures de bon nombre de pays en voie de développement. Environ 60 % des pays les plus pauvres sont actuellement exposés à un risque élevé de surendettement ou déjà surendettés, surtout sur le continent Afrique fortement connectée à l’économie mondiale à travers ses importations et ses exportations accentuant la dette où selon le rapport de la Banque mondiale sur la dette extérieure 2022, à fin 2021, le stock de la dette extérieure totale des pays du continent s’est établi à 1074 mds de dollars, dont 790 mds contractés par les pays d’Afrique subsaharienne et 284 mds par les pays africains de la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord . Pour le FMI le volume de la dette extérieure des pays à revenu faible et intermédiaire a augmenté de 5,3 % en 2020 pour atteindre 8 700 milliards de dollars et selon la CNUCED, les pays en développement avaient besoin de 310 milliards de dollars pour assurer le service de leur dette publique extérieure en 2022. La Chine était le principal prêteur bilatéral des pays IDA fin 2021 avec 49 % de leur encours de dette bilatérale, contre 18 % en 2010 ce qui explique pour ce pays la réticence de la restructuration de la dette des pays en situation de surendettement, sans un accord global de toutes les institutions internationales.
3-L’ impact du devenir de l’économie mondiale sur le cours des hydrocarbures
Le cours du pétrole repart à la baisse a été coté le 29 avril à 80,26 dollars le Brent et à 76,63 le Wit pour une cotation euro dollar 1,0999, l’appréciation du dollars ayant pour effet une baisse du Brent entre 2/3 dollars, et ce malgré la baisse des stocks américains et les coupes volontaires d’environ 1.700.000 barils/j de certains pays de l’OPEP+ y compris la Russie, qui certes ont eu comme effet une relative stabilisation, sinon le cours devait s’orienter vers 70 dollars, les bourses se concentrant sur les risques de récession de l’économie mondiale en 2023. Quant au cours du gaz( 33% des recettes de Sonatrach) sur le marché libre après avoir été coté au lendemain de la guerre en Ukraine à 250/300 dollars le mégawattheure, la cotation entre mars et avril 2023 fluctue entre 48/55 dollars le mégawattheure, prévoyant une moyenne entre 45/55 euros le mégawattheure pour 2023. Encore que selon nos informations du fait de l’embargo , le prix de cession du gaz et pétrole russe et également iranien en direction de l’Inde et de la Chine, deux gros importateurs est bien en deçà du prix du marché ce qui influe également sur le cours boursier. L’impact sur le cours des prix des énergies fossiles, outre la croissance de l’économie mondiale , sera intimement lié également au futur modèle de consommation énergétique qui se dessine entre 2023/2030, énergies renouvelables, hydrogène vert. Lors de la réunion les 17/18 avril 2023, les ministres du G7 se sont mis d’accord pour réduire la consommation de gaz et à augmenter la production d’électricité à partir de sources renouvelables, tout en éliminant plus rapidement les combustibles fossiles et en ne construisant pas de nouvelles centrales au charbon où près de la moitié des investissements records dans la transition verte en 2022 ont été réalisés par la Chine, suivie de très loin par les États-Unis, l’Allemagne, puis la France. Le montant des sommes consacrées aux renouvelables a pour la première fois en 2022 a dépassé 1000 milliards d’euros dans le monde, en hausse de 31 % en un an, selon un rapport de Bloomberg NEF, soit à peu près autant que les investissements dans les énergies fossiles – une accélération impulsée par la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine. D’ici 2030/2035, les investissements prévus dans le cadre de la transition énergétique Usa/Europe/Chine, Inde devrait dépasser les 4000 milliards de dollars/an où les grandes compagnies devraient réorienter leurs investissements dans ces segments rentables à terme. Lors de la réunion du G7 les ministres ont envisagé d’ augmenter la capacité de production d’énergie solaire à au moins 1 térawatt et celle des éoliennes en mer à 150 gigawatts d’ici 2030,et _réduire à zéro les émissions des industries les plus difficiles à décarboner, Par ailleurs, le G7 s’est engagé à œuvrer avec les autres pays développés à rassembler 100 milliards de dollars par an pour les pays émergents contre le réchauffement climatique. Selon la Commissions économique pour l’Afrique) et la BAD, la finance verte concentrant environ 35.000 milliards de dollars d’actifs sous gestion, si le obligations vertes ont dépassé les 1000 milliards de dollars fin 2022, mais à peine 1% sont revenus à l’Afrique, bien qu’elle n’est responsable que de 4% des émissions de gaz à effet de serre, avec des pertes estimées à 15% du PIB et un risque de recul du PIB de l’ordre de 30% par an à l’horizon 2040. Dans ce contexte, il est illusoire de prévoir entre 2025/2030 un baril à plus de 100 dollars à prix constants, devant tenir compte du taux d’inflation, , sauf tensions géostratégiques imprévisibles, contraires à certaines supputations de certains soi disant experts vivant de l’illusion de la rente éternelle, qui ont induit en erreur les décideurs du pays par le passé (voir notre interview à la télévision internationale ALG24 15/04/2023).. L’Algérie à court terme, se doit être attentive aux impacts de la crise mondiale sur le cours des hydrocarbures , étant dépendante à 98% de ses ressources en devises des hydrocarbures ,y compris les dérivées représentant plus de 60% ,incluses de la rubrique hors hydrocarbures. La hausse des prix tant du pétrole moyenne de 106 dollars le baril en 2022 selon la Banque d’Algérie et 16 dollars le prix du gaz a permis à Sonatrach d’avoir une recette de 60 milliards de dollars et des réserves de change clôturées fin février 2023 à 63 milliards de dollars., l’Algérie ayant des marges de manœuvres avec une dette extérieure inférieure à 3 milliards de dollars fin 2022( exactement 2,914) , n’étant pas touchée par le relèvement des taux d’intérêts des banques centrales, mais attention avec une dette publique en croissance selon le FMI, 60,5% à fin 2022, et des prévisions de 65,3% en 2023, contre 51,4% en 2020 . Selon le rapport du FMI, l’Algérie aura besoin d’un baril de pétrole à 149,2 dollars pour assurer l’équilibre de son budget de 2023 contre 135 dollars pour 2021/2022 et 100/110 dollars pour 2019/2020,ne pouvant continuer à dépenser sans compter, nécessitant une rationalisation dans les dépenses publiques, une lutte contre la corruption interne et externe qui alourdit les coûts et accélère l’inflation supporté par le consommateur en fin de parcours, et donc une meilleure gestion dans l’allocation des ressources. Il existe une loi universelle, 80% de choix désordonnés ayant un impact seulement de 20% sur la société, et 20% d’actions bien ciblées 80% où pour l’Algérie il faut un taux de de croissance de 8/9% par an sur plusieurs années pour absorber le flux additionnel de demandes d’emplois d’environ 350.000/400.000 qui s ‘ajoute au taux de chômage 2022 ,le FMI prévoyant pour 2023, un taux de croissance de 2,6 loin de celui prévu par la loi de finances 2023.. En 2023 , avec un déficit budgétaire de 5720 milliards de dinars soit au cours de 135,44 dinars un dollar le 28/04/2023, 42,23 milliards de dollars,, les recettes seront largement inférieures avec des impacts sur la balance des paiements du fait de la baisse des prix des hydrocarbures ( une estimation entre 50/55 milliards de dollars si le cours moyen est de 80/85 dollars pour le pétrole et 11/12 dollars le MBTU pour le gaz. Avec la sécheresse, l’augmentation des importations avec la levée des restrictions tant pour les biens finis non produits sur le marché national ou en quantités insuffisantes, restrictions qui ont accentué l’inflation que des matières premières qui ont paralysé la majorité des entreprises publiques et privées dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15% en 2022, la facture d’importation devrait augmenter. Le gouvernement pour ne pas renouveler les erreurs du passé, dans le cadre d’une planification stratégique, doit axer sa stratégie 2023/2025/2030, sur une économie diversifiée dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux , comme la Chine. Il faut être réaliste,, en économie la perte de temps ne se rattrape jamais, sous réserve de la levée des contraintes bureaucratiques, la rentabilité d’ un projet mis en exploitation en 2023 nécessitera deux à trois années pour les PMI/PME et 5/7 ans pour les grands projets. La non maturation a entraîné des assainissements à répétition évalués à environ 250 milliards de dollars, les banques malades de leurs clients durant les trois dernières décennies à fin 2020 selon le premier ministre et plus de 66 milliards de dollars, pour les réévaluations ces dix dernières années ( source APS).
En conclusion : les défis du nouveau monde, la bonne gouvernance
. L’importance de la bonne gouvernance, macro et micro- gouvernance étant inextricablement liées, pose toute la problématique de la construction d’un Etat de droit et de l’efficacité des institutions, sur des bases démocratiques tenant compte des anthropologies culturelles de chaque Nation. .Pour les mesures de la bonne gouvernance, sur le plan politique et institutionnel on distingue: la voix citoyenne et responsabilité qui mesurent la manière dont les citoyens d’un pays participent à la sélection de leurs gouvernants, ainsi que la liberté d’expression, d’association et de presse; la stabilité politique et absence de violence qui mesure la perception de la probabilité d’une déstabilisation ou d’un renversement de gouvernement par des moyens inconstitutionnels ou violents, y compris le terrorisme; l’efficacité des pouvoirs publics qui mesure la qualité des services publics, les performances de la fonction publique et son niveau d’indépendance vis-à-vis des pressions politiques; la qualité de la réglementation qui mesure la capacité des pouvoirs publics à élaborer et appliquer de bonnes politiques et réglementations favorables au développement du secteur privé; l’Etat de droit qui mesure le degré de confiance qu’ont les citoyens dans les règles conçues par la société et la manière dont ils s’y conforment et en particulier, le respect des contrats, les compétences de la police et des tribunaux, ainsi que la perception de la criminalité et de la violence; la lutte contre la corruption qui mesure l’utilisation des pouvoirs publics à des fins d’enrichissement personnel, y compris la grande et la petite corruption, ainsi que «la prise en otage» de l’Etat par les élites et les intérêts privés. Les indicateurs donnent à penser que là où des réformes sont engagées, la gouvernance peut être améliorée rapidement, car existent des liens dialectiques entre extension de la bureaucratie, extension de la sphère informelle et corruption.
NB-lien de l’émission
https://www.youtube.com/live/6kGAhc5GaYg?feature=share