PARIS – Des organisations de défense des droits humains, des médias, l’Union européenne et des gouvernements s’indignaient lundi des révélations sur l’espionnage à l’échelle mondiale de militants et de journalistes au moyen du logiciel israélien Pegasus par certain pays “peut regardant sur les droits de l’Homme” dont le Maroc.
Introduit dans un smartphone, ce logiciel conçu par l’entreprise israélienne NSO Group permet d’en récupérer les messages, photos, contacts et même d’écouter les appels de son propriétaire. Le site d’information français Médiapart et l’hebdomadaire satirique Le Canard Enchaîné ont annoncé lundi qu’ils allaient déposer des plaintes à Paris, après les informations indiquant que les téléphones de plusieurs de leurs journalistes avaient été espionnés par un service marocain, à l’aide de Pegasus.
Médiapart affirme dans un article lundi que “les numéros des téléphones portables de Lénaïg Bredoux et d’Edwy Plenel (cofondateur du site) figurent parmi les dix mille que les services secrets du Maroc ont ciblés”.
Selon le site, cet espionnage a coïncidé avec “la répression du journalisme indépendant au Maroc”, notamment envers le journaliste d’investigation emprisonné Omar Radi.
Amnesty International avait dénoncé en 2020 le piratage du téléphone d’Omar Radi par Pegasus. Sur la liste décortiquée par le consortium de médias figure notamment le numéro du journaliste mexicain Cecilio Pineda Birto, abattu quelques semaines après son inscription sur ce document. Des correspondants étrangers de plusieurs grands médias, dont le Wall Street Journal, CNN, France 24, El Pais, ou l’AFP en font aussi partie.
Les journalistes du “projet Pegasus” ont rencontré une partie des détenteurs de ces numéros et ont récupéré 67 téléphones qui ont fait l’objet d’une expertise technique dans un laboratoire d’Amnesty International. L’expertise a confirmé un piratage ou une tentative de piratage par le logiciel espion de NSO Group pour 37 appareils, dont 10 situés en Inde.
L’enquête qui renforce les soupçons pesant de longue date sur cette société, publiée dimanche par un consortium de 17 médias internationaux, se fonde sur une liste obtenue par le réseau basé en France Forbidden Stories (“histoires interdites”) et l’ONG Amnesty International, comptant selon eux 50.000 numéros de téléphone sélectionnés par les clients de NSO depuis 2016 pour une surveillance potentielle.
La liste comprend les numéros d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise, d’après l’analyse du consortium – comprenant les quotidiens français Le Monde, britannique The Guardian et américain The Washington Post – qui en a localisé beaucoup au Maroc.
“Nous ne parlons pas ici juste de quelques Etats voyous, mais d’une utilisation massive d’un logiciel espion par au moins une vingtaine de pays”, a expliqué lundi la secrétaire générale d’Amnesty, Agnès Callamard, à la BBC radio.
“Il s’agit d’une attaque majeure contre le journalisme critique”, a-t-elle souligné. Cette affaire “doit être vérifiée”, a réagi pour sa part la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, mais si elle est avérée, “c’est complètement inacceptable”.
“La liberté de la presse est une valeur centrale de l’Union européenne”, a-t-elle affirmé.
Le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal a également dénoncé lundi “des faits extrêmement choquants et, s’ils sont avérés, (qui) sont extrêmement graves”.
Fondée en 2011, NSO, régulièrement accusé de faire le jeu de régimes autoritaires
Avant NSO, d’autres entreprises israéliennes ont été soupçonnées de fournir des logiciels espion à des gouvernements peu regardants sur les droits humains, avec le feu vert du ministère israélien de la Défense.
Le logiciel “DevilsTongue” de la société Saito Tech Ltd, plus connue sous le nom de Candiru, a ainsi été utilisé contre une centaine de responsables politiques, dissidents, journalistes et militants, ont affirmé jeudi des experts de Microsoft et de Citizen Lab.
le Maroc continue à faire de l’espionnage au profit d’Israël
ALGER – Le Maroc s’est empêtrée dans une nouvelle affaire d’espionnage, prenant cette fois pour cible des journalistes marocains et des professionnels de médias étrangers à l’aide d’un logiciel israélien, prouvant ainsi des informations récurrentes sur une collaboration avec Israël dans le domaine de l’espionnage remontant à soixante ans.
L’affaire, considérée comme l’un des plus grands scandales d’espionnage, de la décennie, éclatera au grand jour après la publication, dimanche, par 17 médias internationaux, des révélations sur l’utilisation du logiciel espion israélien baptisé Pegasus. Leur travail se fonde sur une liste de 50.000 numéros de téléphone présélectionnés par les clients de NSO pour une éventuelle mise sous surveillance, obtenue par le réseau Forbidden Stories et l’ONG Amnesty International.
Pegasus qui permet de prendre le contrôle d’un smartphone, donne accès à l’intégralité du contenu de l’appareil ainsi qu’à son microphone et sa caméra. Parmi les pays utilisateurs: le Maroc.
“Depuis la révélation par Amnesty International, en 2020, de l’infection du téléphone du journaliste marocain d’investigation Omar Radi par le même logiciel espion, les journalistes marocains indépendants se doutaient bien qu’ils pouvaient être ciblés, eux aussi, par le programme de surveillance commercialisé par l’entreprise israélienne NSO Group, régulièrement accusé de faire le jeu de régimes autoritaires.
Les listes de numéros de téléphone sélectionnés comme des cibles potentielles ont montré, selon l’enquête, que le régime marocain a utilisé Pegasus pour viser, de manière systématique, des journalistes critiques du pouvoir, et des dirigeants des grandes rédactions du pays.
Les services marocains ont également sélectionné pour surveillance potentielle un téléphone utilisé par Omar Brouksy, ancien correspondant de l’Agence France-Presse (AFP) à Rabat et auteur de deux livres critiques sur Mohammed VI et les relations entre la France et le Maroc.
Les journalistes marocains ne sont pas les seuls à intéresser les services de renseignement du royaume. Une trentaine de journalistes et de patrons de médias français figurent sur la liste des cibles de Pegasus. A plusieurs reprises, le consortium Forbidden Stories et le Security Lab d’Amnesty International ont pu techniquement déterminer que l’infection avec Pegasus avait été couronnée de succès.
Si les services marocains semblent avoir majoritairement visé des journalistes travaillant pour des rédactions dites de gauche ou au centre, les médias de droite n’ont pas été épargnés pour autant.
Encore et selon ces révélations, le Maroc espionnait, grâce à ce logiciel israélien, plus de 6000 numéros de téléphone en Algérie, de 1000 en France et de 500 numéros en Turquie.
Le scandale qui vient d’éclater avait été évoqué par le Pr. Ammar Belhimer, actuellement ministre de la Communication, dans une chronique intitulée “L’œil du Mossad”, parue en date du 26 novembre 2019 sur les colonnes du quotidien Le Soir d’Algérie.
Le Pr Belhimer avait relevé, notamment, dans son écrit que “les armes de l’ère numérique développées par Israël pour opprimer les Palestiniens sont rapidement réutilisées pour des applications beaucoup plus larges contre les populations occidentales qui ont longtemps pris leurs libertés pour acquis” les Occidentaux doivent déchanter en effet quand on sait qu’un “big brother” lilliputien a acquis le pouvoir de suivre le moindre de leurs gestes ou de leurs paroles.
Le Royaume n’en est pas à sa première infraction el la matière. Le quotidien américain, le New York Times, avait révélé, dans son édition du 11 décembre 2020, que l’annonce de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël était le couronnement de 60 années de collaboration secrète.
“Pendant près de 60 ans, le Maroc et Israël (…) ont collaboré étroitement mais secrètement sur les questions militaires et de renseignements et les assassinats (…)”, avait encore affirmé ce quotidien.
En 1965, lorsque les dirigeants arabes et les commandants militaires se sont rencontrés à Casablanca, le Maroc a permis au Mossad de mettre sur écoute leurs salles de réunion et suites privées, avait notamment écrit le quotidien américain.
Les écoutes clandestines ont donné, donc, à Israël un aperçu sans précédent de la pensée, des capacités et des plans arabes, qui se sont révélés vitaux pour le Mossad et les Forces de défense israéliennes dans la préparation de la guerre de 1967.
Peu de temps après et à la demande des services de renseignements marocains, le Mossad a localisé l’opposant marocain M. Ben Barka, en l’attirant à Paris où des Marocains et des Français alliés l’ont enlevé. Il a été torturé à mort et les agents du Mossad se sont débarrassés du corps, qui n’a jamais été retrouvé.
Une décennie plus tard, le roi Hassan II et son gouvernement sont devenus ” la voie secondaire” entre Israël et l’Egypte, et le Maroc est devenu “le site de réunions secrètes” entre leurs fonctionnaires, avant les accords de Camp David de 1978 et la normalisation des relations entre les anciens ennemis. Israël a ensuite aidé à persuader les Etats-Unis de fournir une assistance militaire au Maroc, selon toujours New York Times.
Un agissement “inacceptable” selon l’UE
L’affaire Pegasus d’espionnage de militants, journalistes et opposants du monde entier pour est “complètement inacceptable” si elle est avérée, a affirmé lundi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
“Cela doit être vérifié”, mais si c’est vrai “c’est complètement inacceptable”, a déclaré la responsable à des journalistes à Prague. “La liberté de la presse est une valeur centrale de l’Union européenne”, a affirmé Mme Von der Leyen.
De son coté, le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal a considéré les faits « extrêmement choquants, et, s’ils sont avérés, (qui) sont extrêmement graves”. “Nous sommes extrêmement attachés à la liberté de la presse, donc c’est très grave d’avoir des manipulations, des techniques qui visent à nuire à la liberté des journalistes, leur liberté d’enquêter, d’informer”, a-t-il ajouté.
Selon une enquête publiée dimanche par un consortium de dix-sept médias internationaux, le logiciel Pegasus, élaboré par l’entreprise sioniste NSO Group, aurait permis d’espionner les numéros d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise.
Les données analysées par les rédactions du “Projet Pegasus”, dont les quotidiens français Le Monde, le britannique The Guardian et l’américain The Washington Post, ne sont pas exhaustives. Elles semblent ne couvrir qu’une dizaine de pays clients de ladite société NSO, alors que l’entreprise affirme en compter une quarantaine.
L’affaire Pegasus d’espionnage est “inacceptable” si avérée
PRAGUE – L’affaire Pegasus d’espionnage de militants, journalistes et opposants du monde entier via un logiciel de conception sioniste impliquant le Maroc est “complètement inacceptable” si elle est avérée, a affirmé lundi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
“Cela doit être vérifié”, mais si c’est vrai “c’est complètement inacceptable”, a déclaré la responsable à des journalistes à Prague. “La liberté de la presse est une valeur centrale de l’Union européenne”, a affirmé Mme Von der Leyen, qui présentait dans la capitale tchèque un plan de 7 milliards d’euros pour aider le pays à affronter la crise sanitaire.
Selon une enquête publiée dimanche par un consortium de dix-sept médias internationaux, le logiciel Pegasus, élaboré par l’entreprise sioniste NSO Group, aurait permis d’espionner les numéros d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise.
Sur cette liste figure le numéro du journaliste mexicain Cecilio Pineda Birto, abattu quelques semaines après son apparition sur ce document, ainsi que ceux de correspondants étrangers de plusieurs médias dont le Wall Street Journal, CNN, France 24, Mediapart, El Pais ou l’AFP.
Le logiciel espion Pegasus, introduit dans un smartphone, permet d’en récupérer les messages, photos, contacts et même d’écouter les appels de son propriétaire.
NSO, régulièrement accusé de faire le jeu de régimes autoritaires, assure que son logiciel sert uniquement à obtenir des renseignements contre des réseaux criminels ou terroristes.
Le travail mené par les 17 médias, dont les quotidiens français Le Monde, britannique The Guardian et américain The Washington Post, se fonde sur une liste obtenue par le réseau basé en France Forbidden Stories et l’ONG Amnesty International. Elle compte, selon eux, 50.000 numéros de téléphone sélectionnés par les clients de NSO depuis 2016 pour une surveillance potentielle.
Au Maroc, pas moins de 38 personnes, journalistes et défenseurs des droits humains sont concernés par cet espionnage de grande ampleur. Il s’agit, entre autres, de Ali Amara Fatim Zahra Lqadiri, du journaliste et fondateur du quotidien Akhbar Al Yaoum,Taoufik Bouachrine, de l’ancien correspondant de l’AFP à Rabat, Omar Brouksy et du fondateur du site Badil.info, Hamid El Mahdaoui.
Au total ce sont quelques 50.000 numéros de téléphones de personnalités de plusieurs pays comme la France, la Belgique et l’Espagne qui sont concernés par des attaques de ce logiciel sioniste utilisé par le Maroc.
APS.
2 comments
Plus aucun doute sur les intentions du royaume
absolument