Pour l’histoire, les relations politiques entre l’Algérie et l’Afrique du Sud sont nées dans les années 1950 et scellées par le serment des révolutionnaires qui survit par-delà la disparition des signataires tant la marque du sceau rappelle la nécessité d’en finir avec un système arbitraire que le colonialisme en Algérie ou l’apartheid en Afrique du Sud reproduit dans ses formes racistes et ségrégationnistes. Tout chemin vers la liberté, balisé du sang des justes, est long. Nelson Mandela comme nos héros éternels de la guerre de Libération nationale le savaient.
En écrivant Long walk to freedom, (Un long chemin vers la liberté) Nelson Mandela rappelait comment il a été formé par le FLN et de quelle manière l’ALN l’a inspiré dans sa lutte. «L’Algérie a fait de moi un homme», dira des années plus tard, Mandela quand il choisira l’Algérie comme premier pays visité après sa libération.
Sur les formes,on peut changer et suivre le cours de l’Histoire, mais sur les principes, les positions restent inchangées. «Surtout, soyez toujours capables de ressentir au plus profond de votre cœur n’importe quelle injustice commise contre n’importe qui, où que ce soit dans le monde. C’est la plus belle qualité d’un révolutionnaire», avait dit un autre révolutionnaire sur un autre continent lui aussi livré aux impérialismes.
Voilà pourquoi par-delà la distance, l’Algérie tout au nord, l’Afrique du Sud tout en bas de ce continent qui ne cesse de lutter pour prendre en main sa destinée on retrouve de fascinantes et extraordinaires similitudes et convergences même après le recouvrement de l’indépendance pour l’une et le démantèlement de l’apartheid pour l’autre.
La Palestine colonisée et Gaza transformée en township confinées dans un zonage racial rappellent aux Sud-Africains les morsures du racisme. Desmond Tutu, archevêque, prix Nobel de la Paix, l’a relevé d’une façon saisissante : «Je suis un Noir Sud-Africain, mais si on devait substituer des noms de lieux à d’autres, ce qui se passe aujourd’hui dans la bande de Gaza et en Cisjordanie peut parfaitement décrire la situation qui prévaut en Afrique du Sud…» : Le Sahara occidental occupé, pillé, dont le territoire balafré par le mur de la honte pour séparer et déposséder les Sahraouis comme l’avait fait, avant le Maroc, l’entité sioniste en terre de Palestine. S’il y a une évidente similitude entre les combats pour leur émancipation des Algériens et des Sud-Africains, on retrouve, par une incroyable collusion dont seule l’histoire a le secret, une entente entre Israël et le makhzen. Une logique chez les premiers aiguisée par la conscience de l’exploitation et l’aveuglement de Judas, chez les seconds, incapable d’avoir la conscience de Caïn.
Mais comme l’avait si bien exprimé un ancien chef d’Etat : chaque Africain porte en lui un peu de la Palestine, l’Algérien, au-delà de ses différences et de ses rêves exprimées dans la passion pour son devenir, développe une vision et une position uniques en ce qui concerne les agressions des plus nantis contre les plus démunis.
Il était dans l’ordre des choses que la ligne de démarcation se dessine entre, d’un côté l’Algérie et l’Afrique du Sud et de l’autre le makhzen et l’entité sioniste.
Mohamed Koursi 17.07.2021
elmoudjahid.com