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La coopération énergétique algéro-italienne attire l’attention des analystes et observateurs du marché ces dernières années. Les projets de coopération lancés par les deux pays et les ambitions affichées de part et d’autre laissent prédire la naissance d’un nouveau hub énergétique en Méditerranée. Il s’agit de la mise en place d’un pont reliant un espace riche en ressources naturelles à un marché croissant et très demandeur ces derniers temps.
PAR ABDELLAH B.
En effet, depuis le début de la crise ukrainienne et le changement de paradigme sur la scène internationale, l’Algérie et l’Italie tentent de construire un pont énergétique liant l’Afrique à l’Europe.
Pour l’Algérie, le but recherché est de consolider sa position de fournisseur stratégique et
pour l’Italie, il s’agit de traduire son rêve de devenir un hub énergétique en réalité. Dans son numéro du mois de juillet, le magazine italien Energia s’est intéressé aux opportunités d’une coopération stratégique entre l’Algérie, l’Italie et la Libye dans le domaine gazier. « Malgré les défis considérables, il y a de bonnes raisons de croire que l’Italie, l’Algérie et la Libye réussiront à créer un nouveau hub d’infrastructures gazières en Méditerranée », indique le magazine.
Cette coopération s’est traduite sur le terrain par l’investissement du groupe
énergétique italien ENI de plusieurs milliards de dollars en Algérie et en Libye pour
booster la production gazière et, par conséquent, augmenter les exportations vers
l’Italie.
Dans ce sens, l’Algérie s’est engagé il y a an à mettre sur le marché italien un volume supplémentaire de près de 10 milliards mètres cubes d’ici 2024 ; la Libye quant à elle
pourrait renforcer ses exportations vers l’Italie de 15 milliards de mètres cubes supplémentaires.
Renforcement de l’infrastructure
Pour cela, le renforcement de l’infrastructure de transport s’impose comme une « nécessité ». « L’effondrement récent des approvisionnements en gaz russe à l’Europe et la dynamique énergétique internationale modifiée ont ravivé l’intérêt pour le projet d’un autre gazoduc, cette fois destiné à transporter de l’hydrogène bleu et vert ainsi que du méthane », écrit le magazine spécialisé.
Il s’agit d’une coopération bénéfique pour les deux pays qui cherchent à traduire leurs objectifs sur le terrain. Pour l’Algérie, la situation qui prévaut actuellement sur le
marché gazier européen lui offre une opportunité de gagner des parts de marché.
En l’espace d’une année, ses parts du marché européen de gaz naturel sont passées de
6,4% au premier trimestre de l’année dernière à 13,4% durant la même période l’année en cours, d’après le dernier rapport de l’Union européenne sur les importations de gaz.
Pour ce qui est du GNL, la part algérienne dans le marché européen est passée de 4,3% durant le premier trimestre 2022 à 6,7% durant la même période de l’année 2023. Ainsi, l’Algérie a exporté durant l’année dernière pour plus de 16 milliards d’euros de produits vers l’Italie, où le gaz se taille la part du lion. Un chiffre jamais réalisé dans l’histoire des relations algéro-italiennes.
En d’autres termes, l’Algérie adopte une politique beaucoup plus offensive sur le
marché énergétique international ces dernières années, tout en accordant un intérêt
particulier à l’amélioration de sa production gazière. Dans ce sens, d’importants contrats
dans les domaines de l’amont gazier, la recherche, l’exploration et l’exploitation ont
été conclus avec le partenaire italien ENI, estimés à plusieurs milliards de dollars, en
rachetant les actifs de BP et Neptune dans les plus importants gisements gaziers du
pays.
A. B.