Depuis quelques jours, un train relie la ville d’Annaba et Tunis, mais en termes de liens culturels beaucoup de choses peuvent être entreprises.
Les échanges entre notre pays et la Tunisie peuvent se développer. La qualité des relations politiques et l’intensité des échanges économiques peuvent se renforcer avec des liens entre universités et centres de recherche. Les échanges culturels ont toujours été riches et variés, reflétant une histoire commune qui remonte à plusieurs siècles.
«Les vacances de l’inspecteur Tahar»…
La vieille génération nourrie, dans les années 40 et 50 des idéaux de la fraternité nord-africaine dépassait souvent le cadre national. On connaît l’apport du Tunisien Mohamed El Djamoussi à la musique algérienne en France et le rôle de la Zitouna dans la formation de lettrés. Beaucoup d’Algériens dont des familles s’étaient établis chez notre voisin de l’Est. Ils ont publié des journaux, des revues et Abdelaziz Ethaâlibi le fondateur du Destour le parti qui a revendiqué l’indépendance de la Tunisie était d’origine algérienne. Le bombardement de Sakiet Sidi Youcef en février 1958 a traduit la force et la profondeur de ces liens fraternels.
Mais hormis le film «Les vacances de l’inspecteur Tahar» on ne connaît pas trop de projets, dans le domaine de l’édition, de la peinture ou du théâtre pour valoriser les potentialités des deux pays. Il faut un temps ou des cinéastes tunisiens venaient présenter leurs films à Alger et nos artistes participaient régulièrement à des festivals dont celui des journées de Carthage dédiées au théâtre. Ce courant d’échanges doit reprendre plus d’ampleur. Beaucoup de comédiens dont Fellag, Razika Ferhane et des intellectuels comme Ali El Kenz s’y sont établis durant quelques années.
Nouvelles perspectives
Dans le domaine de la télévision et de tournage de films des expériences réussies ont été tentées et il fut un moment où les télévisions et radios des deux pays diffusaient des émissions. Dans ce contexte, l’initiative prise par les éditions Barzakh de publier, dans les prochains jours, la version en français du livre «Désastre de la maison des notables» de la jeune romancière tunisienne qui écrit en arabe, Amira Ghenim peut faire entrevoir de nouvelles perspectives. Le roman qui ressuscite les années 30 semblables à celles de la société algérienne sera en librairie le 1er septembre prochain.
La musique est un domaine où les connexions sont particulièrement évidentes. Le raï et la musique chaâbi en Algérie, et la musique malouf en Tunisie, partagent des influences communes tout en ayant leurs spécificités. Des festivals comme le Festival international de la musique et de la culture de Carthage en Tunisie attirent régulièrement des artistes algériens, et vice versa. Ces échanges renforcent la compréhension mutuelle. La visite d’État de Tebboune, en Tunisie, en 2021 a conduit à la naissance d’une association d’Algériens y résidant. Celle-ci se propose d’initier des activités d’ordre culturel et social. Cela reflète le souci des autorités de nouer des liens pour renforcer l’amitié de deux peuples dont les relations sont au beau fixe.
Samira Belabed
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