Je publie à nouveau et pour la 4eme fois ce texte qui m’a fait beaucoup d’ennemis…
Je le re-publie parce que je ne suis pas homme à déserter mes positions et à renier mes convictions…
Je le re-publie parce que depuis sa dernière publication un millier de personnes se sont ajoutées à mes contacts…
Je souhaite, sans grand espoir, que ceux qui n’ont aucun argument à opposer aux miens, ne fassent pas comme d’habitude le procès de ma personne car ce n’est pas de moi qu’il s’agit…
BOUMEDIENE QUOI QU’ON DISE – PREMIÈRE PARTIE
Ils disent que c’était un psychopathe, un ambitieux, un baathiste, un agent de De Gaulle , un islamiste lié aux FM, un affidé de Nasser, un assassin, un vendu, un embusqué, qu’il a fomenté et exécuté un coup d’état pour prendre le pouvoir, qu’il a toléré la perpétuation de la présence française à Mers el Kébir et Oued Namous, qu’il a sinistré l’enseignement en l’arabisant, qu’il a fait le lit de l’islamisme, qu’il a sinistré l’agriculture en instaurant la Révolution Agraire, l’industrie en promulguant l’industrie industrialisante, détruit le système de santé en décrétant la médecine gratuite etc
1- PSYCHOPATHIE : Tout le monde prend pour argent comptant et pour vérité indiscutable une petite confidence qu’aurait faite Fanon au Colonel Dehilès et dont ce dernier se serait ouvert à je ne sais plus qui… Mais personne ne se pose la question des relations entre les deux Colonels et du fait que les deux hommes n’étaient pas en parfaite entente…
Même si le Colonel Dehilès ne peut être décemment accusé de mensonge, personne n’a osé faire la moindre réserve sur cette « analyse » de Fanon et personne ne s’est dit pourquoi il ne s’en est pas ouvert à d’autres cadres de la Révolution…
Personne n’a pensé un seul instant que tout « révolutionnaire» est quelque part psychopathe car la méfiance dans laquelle il vit, vis-à-vis de ses pairs comme de ses adversaires ne peut lui permettre de rester psychologiquement serein…
Je ne sais pas d’ailleurs pourquoi, en l’occurrence, on fait preuve de ce « deux poids et deux mesures »… S’il faut croire ce qu’a « dit » de Boumediène Fanon à Dehilès, ne devrait-on pas croire ce qu’a « écrit » Bessaoud Mohand Arab à propos de Dehilès et c’est autrement plus grave qu’un avis psychiatrique, les écrits sont là contrairement aux paroles qui elles, se sont envolées ?
2- AMBITION DEMESUREE: L’ambition qui est méritoire car c’est un sentiment qui permet à l’individu de se surpasser est pour Boumediène une tare inexcusable…
Cet homme qui fut le plus jeune Colonel de l’ALN ne s’est jamais imposé par les “vertus” du régionalisme et du clanisme (il avait choisi l’Oranie pour activer et non les régions où résidaient sa tribu et son clan, contrairement à la plupart des responsables)…
Il a été nommé Colonel non pas par cooptation de ses amis (il n’en avait semble t’il pas) ni grâce à l’appui des grands chefs de sa région, mais pour ses qualités de sérieux et d’engagement qui frisaient l’ascétisme, ce que lui reconnaissent ceux qui l’estiment comme ceux qui le haïssent…
3- ETIQUETTES : Cet homme dont tous les observateurs neutres reconnaissent l’ombrageuse algérianité a montré aussi bien durant la guerre qu’après l’indépendance qu’il n’avait jamais souscrit à une quelconque inféodation ni au courant arabiste, ni au courant islamiste, ni au néo-colonialisme ni même à la francophonie et n’a eu de cesse de les dénoncer avec une rare virulence…
Le peu de sérieux de ces étiquettes est démontré par l’accusation de Nasserisme, de Frère Musulman et de Communisme… en même temps !…
Il faut rappeler que Boumediene n’a jamais accepté les ordres ou même les conseils de Saddam, Assad, Nasser ou Hassan et se souvenir de son mémorable coup de gueule contre les pays qui ont assisté au sommet de la francophonie « Wallah ma yerb’hou chi ! » et son « Hussein el kelb ! » qui a suivi Septembre Noir en se disant que ce roi qu’il avait qualifié sous le coup de la colère de ce mot est le premier représentant de la Franc-Maçonnerie Arabe (comme il est connu depuis peu)…
Se souvenir aussi de son froid avec Hafedh El Assad pour son refus de libérer Noureddine El Atassi et de sa consternation publique quand Numeiry fit pendre El Mahdjoub le communiste …
Les étiquettes étant facile à coller, on a attendu qu’il disparaisse pour faire de lui la chose et son contraire, pour rassembler le plus large front possible contre lui…
4- ILLEGITIMITE : On revient toujours à la prise du pouvoir par l’Armée des Frontières, mais personne n’ose reconnaître qu’en ces temps troubles où les Chefs de Guerre se voyaient tous Chefs d’Etat, Boumediene était le SEUL à avoir le droit d’intervenir pour arrêter les dérives car il était Chef d’Etat Major Général, nommé par les organes de la Révolution et disposait de la compétence, du pouvoir et de la légalité pour imposer l’ordre face aux dérives des uns et des autres et c’est à ce seul titre qu’il a intervenu et s’il n’avait pas intervenu, nous lirions dans les livres d’Histoire que cet Homme a failli à ses engagements…
L’intervention de Boumediène ne s’est pas faite en qualité de Président de la République ou de prétendant à la présidence mais en qualité de chef suprême de l’Armée… Et son appel à Ben Bella a très certainement été en désespoir de cause…
De plus, il faut le reconnaître, l’homme qui ralliait le plus de suffrages à l’époque et qui bénéficiait d’une plus forte sympathie populaire était Ben Bella, qu’on le veuille ou non, qu’on l’accepte ou pas… peut être pour sa faconde, peut être pour son air enjoué, peut être parce qu’il n’avait pas, comme certains de ses co-détenus, réuni ses partisans dans un parti et qu’il avait souscrit à l’idée de rester sous la bannière du FLN par conviction, « ruse de guerre » ou défaut de soutiens sérieux…
5- UN PLANQUE QUI N A JAMAIS TIRE UN COUP DE FEU… Le paradoxe c’est que cette accusation qui fait rire vient essentiellement de ceux qui avaient souscrit au principe de la primauté du civil sur le militaire… Ceux qui décochent de manière récurrente cette flèche contre le président Boumediène oublient qu’un chef révolutionnaire n’est pas obligatoirement un soldat…
Ils n’ont jamais accusé les autres grandes figures de la révolution de ne pas avoir canardé l’ennemi, de Ben M’Hidi à Bitat, de Benkhedda à Abane, de Ferhat Abbas à M’Hamed Yazid, de Ben Bella à Boudiaf…
Ils ignorent ou font semblant d’ignorer que De Gaulle, Churchill et Eisenhower n’ont jamais pris les armes contre l’ennemi et que Castro ne tira certainement pas une cartouche en se faisant prendre par les troupes de Batista, et Ho Chi Minh et Giap n’ont peut être pas tiré une cartouche même s’il réussirent la tannée administrée aux Français à Dien Bien Phu puis aux yankees malgré leurs B52 et leurs défoliants.
Je vais arrêter là… je sais qu’après avoir perdu des ami(e)s islamistes, arabistes, et kabylistes, je vais devoir supporter que le ciel me tombe sur la tête en me positionnant comme défenseur du Colonel Boumediène … mais j’ai fait le serment de dire ce qui me tient à cœur, pas ce qui me vaudra la sympathie de ceux qui aiment bien qu’on leur dise ce qu’ils veulent entendre…
Mais j’ai bon dos et je compte bien développer le reste des points cités en introduction pour peu que je trouve le temps de le faire…
Le courage, la volonté et les arguments ne me manqueront certainement pas…
Sorce: page facebook de Mohamed Adjou. Le 29 Octobre 2020.
2 comments
Merci Abdenour pour avoir publié ce bel article écrit par notre ami en commun Mohamed Adjou…
Je ne parle pas de sa plume, qui est magnifique bien entendu, mais plutôt de sa plaidoirie en faveur d’un homme d’état algérien qui avait fait couler beaucoup d’encre et il continue à le faire, n’en déplaise à ses détracteurs, malheureusement “algériens” eux aussi.
Que pouvons-nous rajouter après un tel récit ??
Une seule chose, peut être, que monsieur Adjou avait mis en évidence dans son texte; mais je veux rajouter que cette époque post indépendance et plus exactement la période qui s’étendait entre le cessez-le feu le 19 Mars et la proclamation officielle de l’indépendance était des plus cruciales et extrêmement sensible pour la jeune nation indépendante…car les différends intestins ne manquaient pas et sur tout avec soulèvement des willayas 3 et 4 contre l’autorité du pouvoir central en septembre 1963 ajouté à cela l’action maladroite du royaume du Maroc en Octobre de la même années (cette action est dictée par la France bien sûr)
ce que j’ai voulu dire c’est que tout les chefs révolutionnaires de l’époque revendiquaient cette légitimité révolutionnaire, comme si à elle seule pourrait leur donner droit de diriger le pays….
ce n’est ni une batailles de clans ni d’ethnie Arabo-kabyle …c’est une simple lutte de pouvoir et c’est cette direction collégiale qui avait permis à notre révolution de triompher qui avait causer l’absence de leader pour diriger “sans grabuge” la nation nouvellement indépendante …c’est tout…et c’est le plus fort et le plus rusé qui l’avait emporté …cet personne était notre grand homme (tous nos chefs révolutionnaires étaient de grands hommes et pour moi même une grande partie de nos djounouds l’étaient) HOUARI BOUMEDIENNE…paix à son âme.
Bonjour,
Hélas, énormément de gens qui savent aujourd’hui prendre leur plume pour critiquer cet Homme si valeureux oublient qu’ils savent aujourd’hui s’exprimer grâce à lui. Quelques soient les erreurs qu’il a dû faire et l’erreur est humaine, il faut lui reconnaitre au moins d’avoir permis à tous les enfants du peuple de se former avec un accès gratuit à l’école à tous les niveaux. On n’oubliera pas bien sûr la médecine gratuite pour tous le peuple. Ceux sont deux points très importants. Imaginez seulement si chaque algérien était aussi fidèle que lui à l’Algérie, même s’il devait en parallèle satisfaire ses ambitions! et d’abord il n’y a que la démesure de l’ambition qui permet à l’Homme de réaliser ses rêves les plus inimaginables.
Que nos jeunes soient ambitieux, qu’ils aient de beaux rêves e qu’ils les réalisent. Vive l’Algérie