par Hope&ChaDia
Alors que le continent africain s’impose comme un nouveau carrefour énergétique mondial, l’Algérie semble jouer une carte presque parfaite dans l’échiquier gazier. Entre ses propres réserves, ses infrastructures existantes et sa position géographique incontournable, elle a tous les atouts pour devenir le hub gazier entre l’Afrique et l’Europe. Mais derrière les discussions de pipeline, un autre jeu se dessine : un encerclement doux, à la fois diplomatique, militaire et énergétique, visant à casser l’axe stratégique Russie-Algérie.
Le pipeline Nigeria-Algérie : un projet qui dérange
Ce gazoduc transsaharien, reliant le Nigeria à l’Europe via l’Algérie, ferait de cette dernière un passage obligé pour l’approvisionnement gazier du continent. Pour le Nigeria, c’est une diversification stratégique. Pour l’Europe, une solution de sortie au gaz russe. Et pour l’Algérie, une double victoire : revenus de transit + poids diplomatique accru.
Mais voilà : ce projet réveille de vieilles rivalités. Le Maroc pousse depuis des années un pipeline concurrent via la côte ouest-africaine, traversant 13 pays jusqu’à l’Espagne. Plus long, plus cher, plus risqué, mais surtout : il contourne l’Algérie. Et ce n’est pas un hasard. Cette tentative de marginalisation s’accompagne d’un soutien très actif à ce projet par les Émirats arabes unis, qui en assurent le financement principal. Une implication qui n’est ni neutre ni désintéressée.
Le Sahel en feu : un sabotage géopolitique ?
Les pays de l’AES (Mali, Burkina Faso, Niger), nouvellement alliés sur fond de rupture avec Paris, multiplient les attaques verbales contre l’Algérie. Le Niger, pays-clé pour le pipeline transsaharien, devient un terrain d’incertitude.
Dans le même temps, plusieurs analystes occidentaux accusent la Russie, via Wagner, de fomenter l’instabilité au Sahel pour torpiller les projets gaziers africains. Mais cette lecture oublie un détail crucial : le groupe Wagner, depuis la mort de Prigojine, ne dépend plus directement du Kremlin. Il agit de façon plus opportuniste, voire mercenaire, au gré des financements et des contextes locaux. Et surtout, Moscou n’a aucun intérêt à nuire à l’Algérie, un allié historique, stratégique, et idéologique.
Plusieurs analystes indépendants suggèrent même que cette thèse d’un “Sahel manipulé par la Russie” sert surtout à créer une zizanie artificielle entre Alger et Moscou. Le but : affaiblir une convergence géopolitique qui dérange l’ordre atlantiste.
Pipeline ou guerre de blocs ?
Le pipeline alternatif via le Maroc est soutenu financièrement par les Émirats arabes unis. Officiellement pour favoriser l’intégration régionale, officieusement pour écarter Alger du jeu. Et dans ce triangle Maroc-Émirats-France, une constante revient : l’étroite collaboration avec Israël.
Renseignement, cyber-défense, lobbying, armement… l’influence israélienne dans ces trois pays est massive. Dans certains cercles, on ne parle même plus d’alliance mais de vassalité diplomatique. Le pipeline ouest-africain devient alors plus qu’un simple projet énergétique : un outil de redéploiement stratégique pour affaiblir l’axe Moscou-Alger et repositionner Tel Aviv comme stratège de l’ordre régional africain.
Qui perd, qui sabote ?
L’Europe, elle, garde les deux options ouvertes, même si celle via Alger est plus mature et plus fiable. Le Nigeria, lui, pourrait être instrumentalisé dans cette compétition. Quant aux populations sahéliennes, elles deviennent les premières victimes de cette guerre douce, livrées à l’insécurité, la pauvreté et la fragmentation.
Et dans le silence de la diplomatie officielle, ce sont les attaques cybernétiques, les campagnes de désinformation, les déstabilisations locales et les projets parallèles qui font le vrai travail de sape.
Israël, stratège de l’ombre
Ce que beaucoup refusent de nommer est pourtant de plus en plus visible. Le sabotage du pipeline transsaharien et la fragmentation du Sahel s’inscrivent dans une stratégie globale : casser l’axe russo-algérien, empêcher une Afrique souveraine, et maintenir une architecture régionale sous contrôle indirect israélien.
En pilotant l’activisme marocain, les investissements émiratis et les relais diplomatiques français, Israël réussit à projeter son influence bien au-delà du Proche-Orient. Un grand dessein se dessine : empêcher la formation d’un bloc afro-eurasiatique souverain, solidaire, et libéré des logiques d’alignement.
Et dans ce jeu de go silencieux, l’Algérie semble être la dernière pièce récalcitrante d’un plan bien huilé.
Sauf que…
Sauf que si le pipeline Nigeria-Algérie est saboté, le projet concurrent par 13 pays n’étant ni fiable economiquement ni réaliste à court terme, les grands gagnants resteront paradoxalement l’Algérie et la Russie.
Pourquoi ? Parce que l’Europe, privée de solution africaine crédible, reviendra forcément à ses sources déjà existantes et matures… donc principalement Russes et Algériens. L’ Algérie conservera ses parts actuelles dans un marché ou l’offre est reduite donc prix hauts, tandis que la Russie, via le GNL et d’autres routes indirectes, maintiendra son influence dans le mix énergétique européen.
Autrement dit : en sabotant l’option algérienne, les stratèges de l’ombre risquent de renforcer les positions qu’ils cherchent justement à affaiblir.
Hope&ChaDia
1 comment
“traversant 13 pays” ? Lesquels?
Je vois plutôt 6 ou 7 dont la RASD qui sera un… “véto”