Source : https://www.cresus.dz
Alger vit pleinement et agréablement les différentes étapes de son Plan Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme (PDAU). Les Algérois jouissent de l’éradication des bidonvilles, l’aménagement de la baie avec la création de plusieurs promenades dont celle de la Sablette et l’aménagement des berges de « Oued El Harrach ». Ils voient naitre des jardins et parcs dans plusieurs communes, les grands axes routiers et les impressionnants ronds-points sont verdoyants et fleuris. Les Algérois ont également bénéficié des améliorations des conditions de transport (en dehors de la Covid 19)… Tous ces efforts vont dans le sens de l’édification d’une grande ville paisible, équipée et écologique tel qu’a été l’objectif de ce PDAU.
Malgré le projet grandiose du PDAU, les cités à Alger croulent sous les ordures. Elles sont de plus en plus sales et ce pour une simple raison. Parce que dans les différents plans et projets, un volet a été négligé, celui du nettoyage régulier et continu des cités. Le degré de crasse aujourd’hui est tel qu’il nécessite des opérations spéciales.
Que vaut un grand parc avec de beaux arbres, des étendues d’herbe verte, des jeux pour enfants, si à proximité il existe une grande décharge comme c’est le cas dans le secteur du marché de Ain-Naadja à la commune du gué de Constantine.
Où se situe le problème et qui en est responsable ?
L’Algérie a su répondre positivement à la problématique du développement durable et de la protection de l’environnement posée sur la scène internationale.
En 1994 a abouti la création et l’installation du Haut Conseil de l’Environnement et du Développement Durable.
En 2002 a été créée l’agence nationale de la gestion des déchets suite au plan national d’actions pour l’environnement et le développement durable (PNAE-DD). Ce plan a beaucoup apporté à la gestion des déchets « post collecte » notamment grâce au développement et à la modernisation des décharges par la création de centres d’enfouissement technique répondant souvent aux normes internationales, et par la création de quelques unités de recyclage de déchets notamment le plastique.
C’est le volet pré-collecte des déchets qui pose problème, c’est cette étape-là qui est mal prise en charge et de laquelle découle l’état délabré de nos quartiers en termes de saleté. Il est alors intéressant de se pencher un peu plus sur la question…
La collecte des déchets peut se faire de deux manières : La manière du porte à porte qui revient à récupérer les déchets devant la maison de chaque citoyen (ou l’immeuble collectif) et la manière des points de dépôts d’ordures.
A Alger, en dehors de quelques quartiers résidentiels, c’est la deuxième procédure qui est appliquée. Ce choix a été certainement dicté par des considérations pratiques et économiques.
Cependant cette situation qui était certainement gérable il y a quelques dizaines d’années a aujourd’hui dégénéré. Ces points de ramassage sont devenus de vraies décharges publiques en pleine ville. Elles se sont étalées dans l’espace.
Aujourd’hui, les ordures ménagères contiennent beaucoup d’emballages ce qui augmente leurs volumes. Dans les quartiers, les unités économiques se sont démultipliées (commerces, dépôts, restaurants…etc) et sont souvent non déclarées. Ce sont des producteurs de déchets dont le volume dépasse celui des ménages.
Ainsi, les bacs destinés à accueillir les ordures débordent, les sachets sont éventrés, des eaux usées dues à la lixiviation coulent et salissent les lieux et enfin les objets légers tels les sachets et les bouteilles s’envolent au moindre coup de vent. Les déchets initialement ramassés s’éparpillent et impactent toutes les zones avoisinantes. Ajoutons à cela les opérations de récupération informelles…
La récupération informelle, même si elle va dans le sens du recyclage et du soulagement du volume de déchets, participe à l’étalement des ordures car les récupérateurs vident les poubelles à la recherche d’objets réutilisables.
Le tout fait penser à une décharge sauvage où toutes les actions autour de ces mini-décharges sont libres. Les citoyens jettent ce qu’ils veulent, quand ils veulent et n’importe comment. Le « récupérateur » fait ce qu’il veut et éparpille tout à la recherche de l’objet désiré. A la fin, les responsables de l’enlèvement (Netcom pour Alger), débarrassent la mini-décharge et même nettoient autour mais juste autour et pas plus loin.
Quelques heures après, le spectacle reprend, on jette nos ordures, elles restent là une journée et souvent plus, elles s’éparpillent…etc. Cela devient comme un rite faisant partie de notre quotidien, on s’habitue et la saleté appelle la saleté, on jette partout car c’est tout le quartier qui vire vers une décharge. Des strates de saletés meublent nos rues, on s’y habitue presque.
La propreté de la ville ne se limite pas seulement à la récolte des ordures mais doit comprendre des opérations régulières de balayage et de lavage des voiries et des espaces autour des bâtiments, la vidange des corbeilles lorsqu’elles existent, le nettoyage régulier des regards et aussi le balayage et lavage des espaces après les marchés.
Or, en examinant notre environnement, nos cités ne sont jamais balayées, les regards dont les couvercles sont pillés par les revendeurs de chutes de fer ne sont pas nettoyés. Il va s’en dire pour les marchés. L’environnement urbain se dégrade de jour en jour. La saleté de nos cités a atteint un niveau qui n’est plus rattrapable par la sensibilisation des citoyens. Le langage moralisateur ne sert plus à rien.
Dans certains endroits des citoyens se prennent en charge par des opérations de volontariat, les efforts ponctuels sont comme habiller et embellir une personne pour une occasion particulière de fête qui dure quelques heures. La fête finie, on revient vers un quotidien malheureux. Tout est dans la continuité…
Riham-Aida Mokrani
2 comments
la propreté ! Où se situe le problème et qui en est responsable ?
1) Urbanisme: Quand tu as des immeubles de plus de trois étages et qui plus y est, qui se succèdent et laissant très peu de place aux manœuvres de camion poubelle (c’est du vécu ce que je rapporte là) les hommes sensés être à la manœuvre ne se donneront même pas la peine de venir ramasser les poubelles, d’autant qu’elles sont loin et lourdes et qu’il faut les trainer de leurs endroits pour ensuite les ramener à leurs places, ceci est une manœuvre qui exige du temps et le temps, dans une cité de plusieurs bâtiments c’est pas de la récréation, même si c’est des professionnelles de l’hygiène urbain !!
2) Le nombre de poubelle pour une cité de plusieurs milliers de familles qui, pour chaque famille, on peut compter plusieurs dizaines de kilo de déchets par jour, en partant du principe que c’est une famille de quatre personnes (deux adultes et deux enfants), vu ce que l’administration met à leurs disposition, c’est peu !
3) la culture de la propreté, autrement dit, laisser chez soi les déchets jusqu’au jour de ramassage des ordures (un jour avant) n’est pas encore généralisé et d’ici que ceci soit compris par l’ensemble des locataires, il faudra du temps.
4) Ensuite, le peu de poubelle qu’il y a en bas des immeubles fait que l’excédent des déchets les gens le laissent à même le sol et ceci entraine des dégâts encore plus dangereux, dans le sens ou ceci favorise les nuisances issu de rats apportant avec eux les maladies (choléra, typhus, rage, la gale .. Etc).
5)Ensuite, le peu de poubelle et au vu des déchets entreposés à même le sol, ***les professionnelles ce n’est pas leurs travail que de courir derrières les sacs poubelles pour ensuite les mettre dans les poubelles*** . c’est aux citoyen que d’avoir ce geste de civisme en déposant ses déchets à la poubelle et non pas au sol.
Au fait, j’ai oublier de dire la chose la plus importante qui soit, JE N’AI JAMAIS ENTENDU UN IMAM (celui qui moralise la société en dernier recours ) DIRE QUE LES CROYANTS DOIVENT SE MONTRER PROPRE AUSSI BIEN SUR EUX QU’AUTOUR D’EUX .. .JAMAIS !