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Donner un nouvel élan à notre industrie, ouvrir de réelles perspectives à nos entreprises.

by Hope Jzr
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Je republie ci-dessous, Une Contribution/Proposition ou carrément, j’ose dire,  une esquisse d’un plan d’action gouvernemental pour relancer l’industrie de notre pays faite par le Professeur Mourad Preure déjà en 2010!!! Connaissant le professeur, il l’a certainement partagée avec les autorités de l’époque et constatant l’etat de notre industrie aujourd’hui cette contribution reste largement d’actualité. Dirons nous dommage? Certainement. Mr Preure pourra en tout cas toujours dire << اللهم إني بلغت >> (dieu soit témoin que j’ai informé). Moi je rajouterai que ce n’ai jamais trop tard pour tirer profit de l’expertise de Mr Preure, il est la, plein de volonté et de vigueur pour donner au dela de cette contribution j’en suis sur. l’ame de JazairHope est d’y croire, l’Algérie de Tebboune a déjà démontré que volonté il y a, le peuple commence à le sentir, il reste à aller plus vite, plus efficace et plus juste, cela ne sera jamais possible sans la vraie élite, celle qui en plus d’expertise prouvée, sa ressource principale est le patriotisme. Professeur Preure en a fait démonstration à maintes reprises des deux qualités, dans cette contribution qui date de 2010 et il continue à le faire ce jour…. Merci Professeur. Je vous souhaite une excellente lecture à tous. Hope.

 

« Une nation dont le peuple est incapable de concevoir l’avenir est condamnée à périr. » 

Miyamoto Musashi, un samouraï du XVIème siècle

La mondialisation et ses impacts sur l’Algérie. Quelles parades et comment pouvons-nous situer le patriotisme économique ? 

Notre pays recherche une croissance économique forte et durable. Pour cela, cette croissance doit être endogène, fondée sur le dynamisme et l’innovation des entreprises qui doivent être en phase avec les dynamiques structurantes de la Nouvelle économie. Les entreprises sont aujourd’hui à la base de la puissance des nations. Elles sont les nouveaux gladiateurs, s’affrontant dans ce Grand village planétaire, une arène ouverte où les compétiteurs convoitent tous une part de la richesse mondiale. Les marchés sont les nouveaux territoires et leur conquête est la nouvelle raison d’être de la guerre économique qui prévaut dans l’économie mondiale. La mondialisation engendre une réallocation permanente des ressources, actifs, capitaux, ressources humaines, connaissances. Rien n’est acquis définitivement, des systèmes productifs sont en mutation permanente, de nouveaux équilibres s’établissent, les futurs rapports de forces économiques sont en gestation, il faut se battre contre des acteurs désormais globaux qui localisent leurs activités au gré de leurs intérêts.

L’environnement évolue de manière discontinue, chaotique, poussé par les jeux d’acteurs, par le progrès technique. Il faut s’y situer de manière dynamique et ne pas croire possible d’y dresser des murs à l’abri desquels serait protégée l’économie nationale et ses entreprises, notamment stratégiques. Voilà pourquoi est nécessaire un engagement résolu de l’Etat auprès des entreprises. Cet engagement se traduira par une politique nationale d’intelligence compétitive qui, au même titre que la santé ou l’éducation, doit être une politique publique. On protège ses entreprises, on construit la compétitivité de son économie comme on soigne ou éduque son peuple. Mais il me semble à ce sujet que l’acception française du concept d’intelligence économique domine excessivement dans notre pays. Les rapports Martre et Carayon présentés à l’Etat français et servant de référence ici renvoient en effet à une réalité spécifique : (i) une grande industrie déjà présente sur les théâtres d’opération mondiaux de même que les grandes banques et compagnies d’assurances, donc besoin de poser le dispositif et le cadre légal à un soutien institutionnel de leurs initiatives, (ii) une insertion dans l’union européenne qui pose en termes nouveaux la relation entre l’Etat et les agents économiques, (iii) une fragilisation du tissu de PME tant par le fait de la concurrence est-européenne que par celle plus pressante venant des pays émergents. L’Algérie n’en est pas là. L’examen des vulnérabilités de notre économie nationale sont parlantes : (i) ouverte aux quatre vents du fait de la prospérité pétrolière et souffrant du phénomène de Dutsch disease, qui « plombe » littéralement toutes initiatives industrielles nationales, (ii) totalement dépendante des hydrocarbures et à la recherche de réels moteurs de croissance, (iii) où les PME, essentiellement des business family, restent à un stade de développement et d’organisation requérant une vigoureuse mise à niveau, (iv) où le développement technologique doit être puissamment soutenu par une politique sélective d’acquisition technologique et de partenariat (v) où les commandes publiques de projets d’infrastructures et industriels restent un important vecteur de vulnérabilité ouvrant la voie à des pratiques de corruption et de fragilisation des chaînes de commandement dans les entreprises et institutions publiques.

Le patriotisme économique qui s’impose n’a cependant de sens que s’il se fonde sur la compétitivité, le pouvoir innovant des entreprises nationales et des universités. Il suppose aussi de faire absolument converger les logiques d’Etat avec les logiques d’entreprise privées. Il rendra possible la forte attractivité de notre pays qui doit être recherchée, soutenir la compétitivité des entreprises mettre en perspective leur montée en gamme. C’est une véritable orchestration du développement industriel dans une vision « top-down, bottom-up » c’est-à-dire une interactivité et une communication entre les entreprises et l’Etat pour produire des solutions novatrices et adaptées aux réalités de nos industries et de la concurrence. En aucun cas il ne doit être confondu avec le protectionnisme, même si des Etats libéraux pratiquent sans aucune gêne le protectionnisme en dressant des barrières non tarifaires pour contrer la concurrence étrangère. Les législations anti-OPA ainsi que des dispositifs juridiques complexes, par le biais des normes, de standards, mais aussi souvent dans les secteurs stratégiques des contraintes de sécurité nationale sont érigés en barrières contre toute velléité de contrôle d’entreprises nationales. Il faut ici plus que jamais éviter de pécher par angélisme. Ainsi, les compagnies pétrolières nationales comme Sonatrach n’arrivent pas à accéder à l’aval gazier et à la génération électrique en Europe.

Les grands challenges pour l’économie algérienne, le rôle de l’Etat stratège et le rôle de l’entreprise 

Nous avons affaire aujourd’hui à des chaînes de valeur globales dont il faut convoiter les segments à haute charge en matière grise et de ce fait à haute valeur ajoutée. Construire un bateau, une automobile ou un téléviseur comporte des activités de conception, le management d’une chaîne de sous-traitants, la fabrication et enfin de distribution. Ceci représente la chaîne de valeur. Il convient d’entrer dans cette chaîne de valeur mondiale en recherchant les activités de conception et de fabrication complexe, celles qui sont les moins substituables et celles qui exercent localement un effet de rayonnement et génèrent le plus de marge. Se focaliser sur le montage est une erreur qui peut parfois être compensée par l’appel à la sous-traitance nationale. Il faut savoir que les pays qui ont réussi le décollage industriel dans un passé proche, soit les pays asiatiques ont combiné fabrication et innovation en articulation avec les universités nationales, reverse enginereering (copiage). Et, dans cette logique globale intégrée intervient en effet le montage. En aucun cas le montage n’était abstrait d’une vision globale. La sous-traitance nationale ne peut réussir que si de grands donneurs d’ordre nationaux, qui ne peuvent être que des champions nationaux, accèdent au concept global du produit et tirent avec eux l’université et la recherche. Le partenaire étranger et l’IDE en général ne peut venir qu’en appui, et il faut résolument le solliciter en ce sens.

Dans cette perspective, l’Etat est un Etat stratège dont la mission est d’anticiper le futur. Il est le grand ordonnateur du développement scientifique et technologique. Le seul acteur en mesure de mutualiser les stratégies individuelles et créer les conditions de la compétitivité globale. L’Etat doit identifier et délimiter le périmètre stratégique de l’économie, le cœur de la puissance et le pilier de l’indépendance du pays et qui englobe les industries stratégiques (énergie, télécommunications etc.) mais aussi les « jeunes pousses » à haute valeur technologique ou positionnées sur des marchés émergents. Ce périmètre stratégique a pour vocation à s’élargir, se renforcer et la mission régalienne de l’Etat est d’y veiller soigneusement. En ce sens, protéger les entreprises stratégiques est l’objectif premier du patriotisme économique. L’autonomie stratégique du pays peut en effet être gravement altérée par le fait que des secteurs stratégiques soient contrôlés par des intérêts étrangers. Le principe de la préférence nationale découle aussi de cette réalité. Un manager algérien qui risque son argent pour créer de la richesse et des emplois, qui n’a pas d’autre patrie que cette terre si familière au défi, doit bénéficier, à qualité de prestation égale, d’un traitement préférentiel par rapport à son concurrent étranger, oui il faut le dire et l’assumer. Et le Forum des Chefs d’Entreprises a raison poser ces importantes questions, de revendiquer dans les marchés publics une part de 30% réservée aux opérateurs nationaux. Les mesures prises sous l’impulsion du gouvernement sont à cet égard encourageantes, il faut les approfondir. Mais le soutien doit aussi traiter spécifiquement les entreprises en difficulté, sauver le potentiel  qui peut être redressé.

Je suis de ceux qui pensent d’autre part que le secteur industriel public peut jouer un rôle d’impulsion dans la croissance mais aussi de régulation dans la mesure où il peut prendre en charge  des segments à forte motricité et requérant une visibilité et des investissements conséquents. Il peut le faire dans une perspective de long terme, mais aussi sur de courtes échéances avec pour but d’enclencher un cercle vertueux, puis se désengager ensuite au profit d’intérêts nationaux. Pour autant ces entreprises doivent toujours être autonomisées et fonctionner aux standards internationaux de leur métier. Leurs dirigeants doivent pouvoir montrer leur talent et prendre les initiatives en mesure de renforcer leur position concurrentielle et assurer leur expansion. Pour cela l’Etat doit se limiter à l’exercice de ses pouvoirs de propriétaire dans le cadre des organes statutaires. Il sera représenté dans des tour-de-tables par des banques et compagnies d’assurance publiques ainsi que de grands leaders comme Sonatrach et Air Algérie. Pour le reste, autant que pour les autres entreprises, l’Etat exerce ses pouvoirs régaliens.

La mondialisation économique exerce une pression de plus en plus forte sur les entreprises, notamment sur celles de taille réduite. Pour autant, il n’existe pas de taille critique comme règle universelle. Bien au contraire, les PME ont des avantages certains par rapport aux grandes entreprises. Elles sont plus flexibles et s’adaptent mieux au changement. Elles sont les plus à même de se mouvoir dans l’environnement hautement compétitif et où le changement s’accélère, se complexifie, devient de plus en plus  discontinu et imprévisible. Il ne semble pas, contrairement à des idées reçues, que la mondialisation soit plus favorable aux grands groupes à vocation multinationale par rapport aux PME. Bien au contraire nous voyons celles-ci proliférer et prospérer comme jamais dans l’histoire. Pour autant, et considérant l’insuffisante compétitivité de nos PME, il faudra aller vers de nouveaux concepts et envisager une recomposition du tissu industriel par le regroupement d’entreprises selon des logiques de filières industrielles pour les mener vers une taille critique quand cela est nécessaire. L’ensemble reconfiguré (et qui pourrait comprendre des entreprises privées mais aussi publiques) pourrait former à terme un champion national qui entraînerait d’autres entreprises dans son sillage. Ces regroupements d’entreprises, qui disposeraient ainsi d’un réel avantage concurrentiel, côtoieront des PME dont la taille ne représente pas un handicap et qui seraient soutenues pour gagner en compétitivité. Cela est particulièrement valable dans le BTPH où les PME nationales sont trop souvent écartées des commandes publiques.

La sous-traitance nationale est d’autre part une voie royale pour le développement technologique. Il convient de définir une vision globale en la matière. Cette vision doit être présente dans tous les projets réalisés par des entreprises étrangères en Algérie. Elle doit s’imposer avec vigueur à tous les intervenants dans les grands projets publics ainsi que les importateurs de biens d’équipement et de consommation durables comme les véhicules par exemple. Le potentiel du marché algérien pour ces fabricants est suffisamment convaincant pour les amener à conclure des partenariats avec des PME algériennes sous la supervision de l’Etat. De même, si les hydrocarbures sont le « vaisseau amiral » de l’économie algérienne, il leur incombe de donner l’exemple en matière de recours à la sous-traitance nationale. Autant notre compagnie nationale Sonatrach, que les compagnies étrangères opérant en Algérie doivent être responsabilisées pour créer les conditions (comme cela s’est fait en Grande Bretagne avec le développement pétrolier de la Mer du Nord) pour l’éclosion d’un génie algérien dans tous les métiers de sous-traitance et de services liés à l’activité pétrolière. Ces PME nationales pourraient faire valoir ensuite leurs compétences sur d’autres théâtres d’opération que l’Algérie.

L’innovation sera l’avantage concurrentiel de demain, disait un important auteur de management. Il conviendra pour les PME de rechercher la meilleure articulation avec les universités et la recherche nationale. Il faudra générer des processus innovants au sein des PME afin de garantir leur viabilité et leur expansion. Dans le même sens, nos PME doivent engager leur e-transformation. Elles doivent être conscientes d’un changement majeur induit par la Nouvelle économie. Les TIC agissent en profondeur tant sur leur périmètre opérationnel que sur le champ de la concurrence, décloisonnant les marchés, réduisant les distances et créant le marché global. Sans s’en rendre compte, elles sont confrontées déjà à des concurrents qui viennent de théâtres d’opération loins de milliers de kilomètres. Le champ de bataille est actif 24 heures sur 24 et animé par des acteurs de plus en plus entreprenants et de plus en plus innovants. De même les paramètres coût, délai, qualité seront de plus en plus déterminés par la qualité des échanges d’information. Dans le même sens, les réseaux numériques apportent des opportunités nouvelles car ces mêmes marchés, loins de milliers de kilomètres sont désormais accessibles à nos PME. Une entreprise de génie logiciel située à Khenchela ou Adrar peut être sous-traitante d’une entreprise américaine, japonaise ou australienne ! Le commerce électronique devient de plus en plus important et détermine l’avantage concurrentiel. Une véritable révolution culturelle est indispensable dans l’esprit des dirigeants qui les amènerait à agir localement tout en pensant monde. Dans l’esprit aussi de nos hommes politiques pour qu’ils fassent leurs ces préoccupations ! L’internationalisation est aujourd’hui un passage nécessaire pour toute PME.

La PME doit penser monde et agir localement. « Think global, act local. » Elle doit viser les marchés mondiaux en se plaçant dans les logiques de la Nouvelle économie et pour cela tendre à se maintenir aux niveaux de performance internationaux. Il faudra pour les PME veiller à renforcer leur pouvoir innovant, car, l’expérience l’a montré, l’internationalisation augmente avec l’innovation. D’autre part, les PME innovantes sont traditionnellement ouvertes sur l’international. Il s’agit d’enclencher un cercle vertueux : e-transformation – innovation – intelligence compétitive  – internationalisation

La participation des PME algérienne aux marchés mondiaux est notoirement insuffisante. Mais là encore, il s’agirait d’un vœu pieux si l’Etat ne s’impliquait pas résolument dans cet objectif. Plus, si le système financier n’était pas au rendez-vous des changements, si la loi ne se mettait pas au diapason des réalités de l’industrie mondiale pour ouvrir de réelles perspectives à nos entreprises. Les PME doivent pouvoir accéder rapidement aux ressources provenant de leurs exportations, elles doivent pouvoir disposer des ressources nécessaires pour la promotion de leurs activités à l’étranger. Elles doivent pouvoir acquérir une pièce de rechange, une matière première, soumissionner pour un marché à l’autre bout du monde, sous-traiter une prestation « par un clic de souris ». La logique de la LFC 2009 devrait pouvoir prendre en compte les diversités des situations en faisant une place privilégiée aux producteurs, et toujours encourager l’excellence, l’innovation et la compétitivité.

(c) Dr Mourad PREURE 2010

Source : http://mouradpreure.unblog.fr/2010/04/13/donner-un-nouvel-elan-a-notre-industrie/

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