«Dzair» de Mehdi Tsabbast qui a été, dans la soirée de vendredi dernier, lors de l’émission «Cinématique» de Canal Algérie est le premier film consacré à une héroïne de la guerre de libération nationale tombée au champ d’honneur, le 19 novembre 54 dans la région de Guelma.
C’est une première dans la filmographie algérienne après « Gamila » de Youssef Chahine. Chaib Dzair a combattu aux côtés du héros Badji Mokhtar après avoir eu l’accord de son père lui aussi militant de la cause nationale. Très jeune, elle a montré des dispositions pour le militantisme et le secret et elle participera des années durant à la préparation du soulèvement du 1er Novembre 54. Fière d’elle son père la qualifiait de Fahla la brave.
La jeune Dzair promise à son cousin donnera son accord à condition qu’il rejoigne les rangs de l’ALN ce qu’il fait avec satisfaction. Le film raconte cette épopée avec beaucoup de sobriété et de retenue. Le réalisateur tisse son histoire avec un rappel des conditions de vie précaires des Algériens sous la colonisation française. Il montre surtout la détermination d’un groupe de jeunes convaincus que la France ne comprend que le langage des armes seule issue pour arracher l’indépendance du pays et la liberté.
Toute la première partie de sa vie est une évocation de la vie quotidienne dans une contrée perdue et isolée où les habitants survivent avec le fruit de leur labeur dans les champs.
La jeune Dzair observe amusée le quotidien des villageoises mais montre qu’elle est comme préoccupée par autres choses que les réjouissances de ses voisines.
Son histoire est suivie en filigrane, elle n’a rien de particulier, ni de spéciale. C’est le leader Badji Mokhtar qui accapare l’attention du spectateur. Il est actif , sensibilise ses troupes, voyage pour s’enquérir de l’état d’avancement de la préparation du 1er novembre et se démène comme tous les chefs à réunir le maximum d’arme pour le déclenchement de la lutte armée. Dzair est au courant de tout se qui se passe et obéit aux autres du chef via son père.
Sur un scénario de Zoubida Maâmria, le film se veut un hommage aux femmes martyres, à celles qui ont pris les armes aux côtés des moudjahidine. La scénariste tenait aussi à évoquer l’aspect humain de ces femmes. Elles ont une vie, une histoire mais avaient des sentiments d’amour.
Alors, le réalisateur le reflète à son tour cet amour de Dzair pour son cousin, tout comme il illustre avec des séquences suggestives toute une poésie qui se lit dans le visage des femmes aimées et aimantes. Hormis la séquence finale de la mort de Dzair, sous les balles de l’armée française, il n’y a pas de scènes de guerre dans le film.
C’est un choix discutable dans la mesure où le spectateur reste sur sa faim et voudrait savoir beaucoup plus sur cette femme combattante. Et c’est légitimement que nous pouvons nous interroger si c’est sur la base de la vraie vie de Chaib Dzair que ce film est tourné ou alors nous avions eu droit qu’à une version expurgée et romancée, voire adaptée en fonction des moyens mis à la disposition de la production et des ambitions du réalisateur.
Il y a forcément matière à s’interroger sur le parcours de combattante de la martyre.
Abdelkrim Tazaroute
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