L’année 2024, attendue comme celle de la relance économique mondiale après les tumultes des crises précédentes, a offert un panorama en demi-teinte. Entre inflation maîtrisée, croissances stagnantes et transitions énergétiques, le bilan est contrasté, particulièrement pour l’Europe, tandis que l’Algérie affiche des performances remarquables.
Une reprise globale hésitante
L’année 2024, marquée par une croissance mondiale moyenne de 3 %, illustre les difficultés persistantes des grandes économies à retrouver leur dynamisme d’avant la pandémie. Cette croissance, bien inférieure aux 5-6 % enregistrés il y a deux décennies, témoigne d’un essoufflement des capacités productives mondiales et d’une faible demande globale.
Les États-Unis, moteurs traditionnels de l’économie mondiale, ont enregistré un taux de croissance de 2,8 %, tiré par leurs secteurs stratégiques, notamment le numérique. Cependant, leur déficit commercial croissant continue de nourrir les inquiétudes sur l’équilibre macroéconomique global. La Chine, malgré une croissance supérieure à 4 %, montre des signes d’essoufflement. Sa transition vers un modèle basé sur la demande intérieure, combinée aux surcapacités industrielles, laisse entrevoir des défis majeurs à court terme.
La zone euro dans la tourmente
Pour l’Europe, l’année 2024 a été tumultueuse. L’inflation, certes maîtrisée autour de 2,5 %, n’a pas suffi à relancer l’économie. Les taux d’intérêt élevés ont grevé les investissements et refroidi la demande des ménages. Des locomotives économiques comme l’Allemagne et la France ont vu leur croissance s’enliser autour de 0 %, témoignant des limites de leurs modèles industriels face aux nouvelles réalités énergétiques et géopolitiques.
L’impact du Brexit continue également de peser sur le Royaume-Uni, qui peine à compenser les pertes liées à sa sortie de l’Union européenne. En parallèle, l’Italie et d’autres pays méditerranéens, malgré quelques progrès, demeurent confrontés à des niveaux d’endettement préoccupants et à une montée des mouvements nationalistes.
La transition énergétique, un levier prometteur
L’un des faits marquants de 2024 réside dans les avancées réalisées en matière de transition énergétique. L’Europe, bien que ralentie par ses contraintes économiques, a continué à investir dans les énergies renouvelables (EnR). Cependant, c’est l’Algérie qui se distingue particulièrement sur ce front.
Grâce à une feuille de route ambitieuse visant à réduire la consommation domestique de gaz naturel au profit des EnR, le pays a su amorcer un virage énergétique stratégique. Ses vastes réserves de gaz et son potentiel solaire en font un acteur clé de cette transition. Avec des projets structurants dans l’hydrogène vert et l’énergie solaire, l’Algérie se positionne comme un fournisseur énergétique fiable et innovant.
Les succès de l’économie algérienne
En 2024, l’Algérie a enregistré un taux de croissance de 4 %, supérieur à la moyenne mondiale et salué par le FMI et la Banque mondiale. Cette performance repose sur des réformes structurelles audacieuses et un redressement significatif des secteurs clés tels que l’industrie, l’agriculture, et les technologies de l’information.
Le secteur agricole a notamment connu une année remarquable, générant des revenus de 37 milliards de dollars, grâce à des politiques incitant à la réduction des importations et à l’investissement local. Parallèlement, l’industrie agroalimentaire et pharmaceutique, ainsi que les start-ups, ont affiché une vigueur inédite, renforçant la diversification économique du pays.
Défis et opportunités pour 2025
Si 2024 marque un tournant positif pour l’Algérie, plusieurs défis demeurent pour capitaliser sur ces acquis et accélérer le développement. Parmi les priorités figure la diversification économique pour réduire la dépendance aux hydrocarbures, en s’appuyant davantage sur des secteurs comme la pétrochimie et les mines.
La réforme du secteur bancaire et financier, ainsi qu’un dialogue renforcé entre les investisseurs et l’administration, sont également essentiels pour attirer les investissements directs étrangers (IDE) et optimiser leur rentabilité. En outre, la révision de l’accord d’association avec l’Union européenne, prévue en 2025, pourrait offrir à l’Algérie une opportunité de redéfinir ses relations commerciales.
Dans le domaine énergétique, l’Algérie devra continuer à équilibrer exploitation des hydrocarbures et investissements dans les EnR. Les projets en hydrogène et en électrosolaire, soutenus par des partenariats internationaux, joueront un rôle crucial dans cette transition.
Enfin, la réforme du système éducatif s’impose comme un levier fondamental pour préparer les futures générations aux défis économiques et technologiques. L’instauration d’une stratégie nationale unifiée pour l’éducation et la formation pourrait accélérer la modernisation de ce secteur clé.
L’Europe et le spectre de 2025
Pour l’Europe, 2025 s’annonce tout aussi complexe. La fin de l’accord de transit gazier via l’Ukraine met en lumière les vulnérabilités énergétiques du continent, déjà mises à rude épreuve par le conflit russo-ukrainien. La réorganisation des chaînes d’approvisionnement énergétiques et industrielles, ainsi que la montée des tensions avec les États-Unis dans le contexte des politiques protectionnistes de Donald Trump, augurent des défis supplémentaires.
Optimisme prudent pour l’Algérie
L’année 2024 souligne les failles structurelles de l’économie mondiale, mais elle met également en lumière la résilience et les ambitions de l’Algérie. Avec une économie en diversification, des projets structurants dans les EnR et une croissance robuste, le pays se positionne comme un acteur prometteur au sein des marchés émergents.
Cependant, maintenir cet élan nécessitera une gestion avisée des réformes, des investissements stratégiques, et une anticipation des mutations géopolitiques et économiques à venir. L’Algérie a toutes les cartes en main pour faire de 2025 une année charnière et s’imposer comme un modèle de réussite dans un contexte mondial incertain.
Hope&Chadia