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Entre légende et réalité, l’histoire de Hizia, Princesse Hilalia d’Algérie

by Hope Jzr
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C’est par cet extrait, en darja local, de ce magnifique poème de 105 vers, que le poète Mohamed Ben Guitoun témoigne de l’extrême souffrance de son ami Sayed (d’autres l’appellent Saïd) infligée par la mort de son amour de toujours, Hizia.
Cette jeune femme, d’une beauté remarquable et à l’âme dite pure, n’avait pourtant que 23 ans.
Enterrée à Sidi Khaled, près de Biskra. Ces lieux ont également vu les trois protagonistes de cette intrigante histoire naître, grandir puis mourir.
Considéré comme un des plus beaux poème d’amour écrit à cette époque, si ce n’est le plus beau. Cette élégie composée en 1878 n’a rien à envier aux élégies grecques, romaines ou celle de la Renaissance. Cette œuvre fit d’ailleurs, l’objet de plusieurs traductions en raison de sa beauté, mais aussi en raison des circonstances singulières de sa composition.
En effet, l’histoire se déroule dans le milieu du 19e siècle, entre 1855 (date présumée de la naissance de Hizia) et 1878 (date supposée de sa mort). Une période tragique de l’histoire Algérienne, marquée par la résistance farouche de nos ancêtres à l’invasion coloniale gagnant de plus en plus en expansion.
C’est durant ces heures sombres et incertaines que Sayed, enfant, se retrouva orphelin. Son oncle, Ahmed Bel Bey, décide alors de le recueillir. Ce dernier, riche éleveur du Tell algérien, n’est nul autre que le père de Hizia.
Les deux petites âmes innocentes, ne se considérant nullement frères et sœurs, tombèrent vite amoureux et vivront une histoire mouvementée mais couronnée par un mariage. Celui-ci, cependant, ne durera qu’un mois. Un mois de paix et de bonheur auquel la mort mis fin de façon brutale.
Très peu de témoignages nous sont parvenus sur la vie de Hizia et Sayed, et le poème n’apporte pas plus de précisions. Ce dernière, nous informe seulement que la mort de la jeune fille fut subite lors d’une halte à Oued Tell, près de Sidi Khaled.
En effet, Hizia vient de la puissante tribu des Dhouaouda, descendants des tribus de Beni Hilal qui avaient envahi le Maghreb au XIe siècle. Et sa famille, les Bouakaz, comme la majorité des habitants de la région, pratiquait la transhumance vers les Hauts Plateaux durant la saison chaude et retournait à l’oasis durant la saison froide. Le parcours de transhumance s’étendait depuis Bazer Sakhra, dans la plaine de Sétif au nord jusqu’à Ouled Djellal au sud. C’est durant un de ces voyages qu’eut lieu la tragédie.
La légende, quant à elle, nous précise que c’est Sayed qui demanda à son ami Ben Guitoun d’écrire ce poème pour rendre un dernier hommage à cette femme qu’il a tant aimé, car lui, Sayed, terrassé par la douleur ne trouvait plus les mots. Sans plus d’informations, non plus. Et c’est précisément, ce manque d’informations qui exaltera l’imagination et fera osciller cette histoire entre faits réels et légende.
Cependant, un jour, en 2007, un homme du nom de Si Bouakaz Ahmed, se présenta publiquement comme étant un des petits fils de Sayed. Cette homme tiendra les propos suivants : «mon père était Smaïn Ben Sayed. À ce titre permettez-moi d’apporter une correction importante : Hizia est morte de maladie au retour de toute la famille de Bazer (El Eulma) au début de l’automne. Elle est morte à Sidi Khaled (7 km d’Ouled Djellal) et y a été enterrée. Mon grand-père Sayed a souffert de la mort de Hizia. 5 ans plus tard sa famille arrive à le convaincre pour fonder un foyer (sur la base de la conviction religieuse). Il prit comme première épouse une cousine qui se prénommait Hizia ; il s’en sépara pour stérilité. En 2e noce il prit pour 2e épouse ma grand-mère Baya Bouakaz qui lui donna 2 garçons Smaïn (mon père) et Belgacem et 1 fille Etebere. Mon père est enterré dans le carré réservé à la famille Bouakaz dans le cimetière de Sidi Khaled, où se trouvent les tombes de Sayed et Hizia. J’espère avoir apporté quelques éléments importants à une des plus belles histoires de notre patrimoine culturel national».
Cette témoignage, unique et précieux, une fois l’effet de surprise retombé, apporta un regard nouveau sur l’histoire de Hizia : c’est dorénavant sûr, c’est une histoire bel et bien vrai !
Quant au poète, Mohamed Ben Guitoun autre protagoniste incontournable de cette histoire, il restera également des incertitudes à son sujet.
De ce que nous en savons, il est originaire de la localité de Sidi Khaled (à Biskra) et serait mort en 1907. Il aurait écrit de nombreux poèmes, mais c’est celui de Hizia qui l’a fait entrer dans la postérité. Puis, plus rien. Jusqu’à ce que le romancier et critique littéraire, Waciny Laredj, fit la déclaration suivante :
«J’ai fait une vraie recherche dans laquelle j’ai fait la jonction de son histoire avec celle de Ben Guitoun (le poète) qui est lui le vrai amoureux. Sayed n’était qu’un élément secondaire de cette histoire. Je suis parti du postulat qu’on ne pourrait jamais écrire une histoire aussi douloureuse sans la vivre ou juste pour répondre à la demande d’un ami de lui écrire une élégie sur sa femme ou sa bien-aimée. Je me suis déplacé à Biskra, j’ai rencontré beaucoup de gens qui m’ont permis de donner un peu plus de chair à mon projet de roman à partir d’un angle d’attaque tout à fait nouveau». Et de poursuivre «j’ai vraiment revisité son histoire et le système tribal dans lequel Hizia a vécu. J’ai lu ce qui a été écrit sur Hizia sur le plan historique mais aussi sur le plan littéraire. Je mets en relief son histoire douloureuse qui a fini dans le tragique puisque je suis convaincu qu’elle a été assassinée par sa famille parce qu’elle avait transgressé les codes tribaux».
Cette théorie de l’assassinat fut par la suite reprise par d’autres écrivains, qui mettent en avant une possible erreur de Sayed qui aurait tué accidentellement Hizia.
Le poème, quant à lui, a fait l’objet de très nombreuses études littéraires
Outre celles de Constantin Louis Sonneck entre 1849-1904 et celle du Tlemcenien Souhel Dib en 1987, les plus importantes, d’autres auteurs ont essayé de le traduire. Parmi eux, Mohamed Belhalfaoui, l’Arthur Rimbaud algérien.
Abderahman Hajilt qui révisa la version de Sonneck et le poète palestinien Azzedine Menasra qui fit connaître l’histoire au monde.
Naturellement, quelle que soit la traduction retenue, celle-ci ne pourra que donner une idée sur le sens du poème sans jamais engager son authenticité.
Le poème en soit, débute, par une courte introduction à l’adresse des amis du veuf. S’ensuit une description colorée des jours heureux passés ensemble. Puis, le récit de la mort subite ainsi que de l’enterrement de la belle (récit extrêmement riche en émotions). Enfin, une résignation devant à la volonté du tout puissant.
«Amis, consolez-moi ; je viens de perdre la reine des belles.
Elle repose sous terre. Tandis qu’un feu ardent brûle en moi.
Ma souffrance est extrême. Mon cœur s’en est allé avec elle»
«Lorsqu’au milieu des prairies
Elle balançait son corps avec grâce. Et faisait résonner son khelkhal
Ma raison s’égarait, et un trouble profond envahissait mon cœur et mes sens».
«Nous avons campé ensemble sur l’Oued Ithel
C’est là que la reine des jouvencelles me dit adieu
C’est cette nuit-là qu’elle passa de vie à trépas
C’est là que la belle aux yeux noirs me quitta
Elle se tenait serrée contre ma poitrine, lorsqu’elle rendit l’âme
Les larmes remplirent mes yeux, et s’écoulaient sur mes joues».
«On l’enveloppa d’un linceul, la fille de notable
Ce spectacle a augmenté ma fièvre, et ébranlé mon cerveau
On la mit dans un cercueil, la belle aux magnifiques pendants d’oreilles.
Je demeurais stupide, ne comprenant pas ce qui m’arrivait.
On l’emporta dans un palanquin, embelli par des ornements
La belle, cause de mes chagrins, qui était grande telle la hampe d’un étendard.
Sa litière était ornée de broderies bigarrées, scintillantes comme les étoiles, et colorées comme un arc-en- ciel, au milieu des nuages, quand vient le soir».
«Telle est la volonté de Dieu, mon Maître Tout-Puissant.
Le Seigneur a manifesté sa volonté, et a rappelé à lui Hiziya.
Mon Dieu ! Donne-moi la patience ; mon cœur meurt de son mal».
– Traduction de C. SONNECK – 1902
L’extraordinaire vulnérabilité exprimée dans ce poème est si désarmante que de nombreux interprètes l’ont chanté. De Rabah Deriassa, El Bar Amar, Abdelhamid Ababssa, Khelifi Ahmed à encore récemment Réda Doumaz.
L’histoire de Hizia a également fait l’objet de nombreux romans dont ceux de Maïssa Bey et Lazhari Labter qui ont tous deux imaginé un récit complémentaire aux informations que nous connaissons.
Enfin, un long métrage, Hizia, du réalisateur Mohamed Hazourli, consacre cette histoire.
Ceci dit, ces différentes interprétations du poème, tant sur le plan littéraire que cinématographique ne font que contribuer à la confusion relative à l’histoire de Hizia.
Aurons nous un jour le fin de mot de cette l’histoire ? Personnellement, je l’espère.
À Sidi Khaled, pendant ce temps-là, la maison du poète a malheureusement été détruite et remplacée par une nouvelle construction. Un jour, nous saurons peut-être mieux traiter notre histoire.
De lui, il ne nous reste désormais que ces vers :
عزوني يا ملاح في رايس البنات * سكنت تحت اللحود ناري مقديا
ياخي أنا ضرير بيا ما بيا * قلبي سافر مع الضامر حيزيا
يا حسراه على قبيل كنا في تاويل * كي نوار العطيل شاون نقضيا
ما شفنا من دلال كي ظي الخيال * راحت جدي الغزال بالزهد عليا
و إذا تمشي قبال تسلب العقال * أختي باي المحال راشق كميا
جاب العسكر معاه و القمان وراه * طلبت ملقاه كل الاخر بهديا
ناقل سيف الهنود يومي غي باليد * يقسم طرف الحديد و اللي صميا
ما قتل من عباد من قوم الحساد * يمشي مشي العناد بالفنطازيا
ما نشكرش الباي جرد ياغناي * بنت احمد بالباي شكري و غنايا
طلقت ممشوط طاح بروايح كي فاح * حاجب فوق اللماح نونين بريا
عينك قرد الرصاص حربي في قرطاس * سوري قياس في يدين الحربيا
خدك ورد الصباح و قرنفل وضاح * الدم عليه ساح وقت الصحويا
الفم مثل عاج المضحك لعاج * ريقك سي النعاج عسله الشهايا
شوف الرقبة خيار من طلعت جمار * جعبة بلار و العواقيد ذهبيا
صدرك مثل الرخام فيه اثنين توام * من تفاح السقام مسوه يديا
بدنك كاغط يبان القطن و الكتان * و الا رهدان طاح ليلة ضلميا
طلقت بشرور مال و مخبل تخبال * على الجوف تدلال ثنية عن ثنيا
شوف السيقان بالخلاخل يا فطان * تسمع حس النقران فوق الريحيا
في بارز حاطين انصبـح ع الزين * واحنا متبسطين في حال الدنيا
نصبح في الغزال نصرش للفال * كي اللي ساعي المال و كنوزهريا
ما يسواش المال نقحات الخلخال * كي نجبى عن الاحيال نلقى حيزية
تسحوج في المروج بخلاخيل تسوج * عقلي منها يروج قلبي و اعضايا
في التل مصيفين جينا محدورين * للصحراء قاصدين انا والطوايا
و جحاف مغلقين و البارود ينين * الأزرق بيا يميل لساحة حيزيا
ساقوا جحاف الدلال حطوا في أزال * سيدي الأحسن قبال والزرقاء هيا
قصدوا سيدي سعيد والمتكـعوك زيد * و مدوكال الجريد فيها عشيا
رقوا شاو الصباح كي هبوا الرياح * سيدي محمد قناق و أرضه معفيا
منه ساقوا جحاف حطوا في المخراف * الأزرق لكان ساف يتهوى بيا
بن صغير قصاد بموشم الأعضاد * بعد ان قطعوا الواد جاو مع الحنيا
حطوا رؤوس الطوال في ساحة الأرمال * وطني جلال هي عناق المشيا
منها رحلوا الناس حطـوا في البسباس * بن الهريمك قياس بأختي حيزيا
ماذا درنا عراس، الأزرق في المرداس * يدرق بي خلاص كي الروحانيا
في كل ليلة نزيد عندي عرس جديد * في كل نهار عيد عندي زهويا
تاقت طول العلام جوهر في التبسام * و تمعني في الكلام و تفهم فيا
بنت حميدة تبان كضي الومان * نخلة بستان غي وحدها شعويا
وزند عنها الريح قلعها بالميح * ما نحسبها اطيح دايم محضيا
واضرن ذيك المليح دار لها تسريح * حرفها للمسيح ربي مولايا
في واد « يتل » نعيد حاطين سماط فريد * رايسة الغيد ودعتني يا خويا
في ذا الليلة وفات عادت في الممات * كحل الرمقات ودعت دار الدنيا
لضيتها لصدري ماتت في حجري * و دمعة بصري على خدودي مجريا
واسكن راسي جذاب نجري في الاعلاب * ما خليت شعاب من كاف و كديا
خطفت عقلي راح مصبوغة الألماح.

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