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Pour donner un coup d’accélérateur aux exportations hors hydrocarbures, l’Algérie vise des projets à fort potentiel. La mine de Gara Djebilet et le projet de phosphate intégré semblent très prometteurs dans ce sens.
PAR NABIL M.
La nouvelle politique énergétique de l’Algérie, basée sur l’exploitation des ressources minières comme axe important pour diversifier ses ressources, commence à obtenir des résultats. La mine de fer de Gara Djebilet dans la wilaya de Tindouf, l’une des plus grandes mines au monde en termes de réserves, estimées à près de 3,5 milliards de tonnes de minerai de fer, en est le meilleur exemple.
Depuis son lancement en juillet 2022, plus de 250.000 t de minerai de fer ont été extraites de la mine de Gara Djebilet jusqu’à 2023, selon le directeur général adjoint de l’entreprise nationale du fer et de l’acier (Feraal), Réda Belhadj, qui s’est exprimé hier sur les ondes de la radio nationale. Avec des capacités de production qui devraient se situer autour de 2 à 3 millions de tonnes par an d’ici 2025, avant d’atteindre progressivement 50 millions de tonnes par an d’ici 2040, le gisement de Tindouf pourrait rapporter gros, notamment en termes d’exportation.
Une tendance haussière pour les prix mondiaux du minerai de fer
Ainsi, sur les marchés internationaux des produits miniers, l’industrie minière mondiale suit de près l’évolution des prix du minerai de fer. Actuellement, la tonne est au prix de 135,16$, enregistrant une hausse considérable depuis trois mois. Les prévisions des analystes ont même été revues à la hausse à 140 dollars la tonne, en raison des
stocks de minerai de fer qui n’ont jamais été aussi bas depuis sept ans.
Les matières premières ferreuses se négocient actuellement à des taux bien supérieurs à six fois leur coût de production, ce qui laisse présager des bénéfices importants pour les sociétés minières. Les analystes chinois du secteur métallurgique, quant à eux, s’attendent à ce que les prix du minerai de fer se stabilisent à une moyenne de 115 dollars la tonne d’ici à 2024.
Ces chiffres représentent une aubaine pour l’Algérie, avec les perspectives d’exportations à partir du gisement de Gara Djebilet, dont les quantités extraites sont destinées à couvrir une partie des besoins du marché national, mais également à être exportées dans le cadre des efforts visant à accroître les revenus du pays hors hydrocarbures.
Les opportunités immenses du projet PPI
Si le gisement de la mine de Tindouf promet des gains importants, le projet phosphates intégré (PPI) dans la wilaya de Tébessa n’est pas en reste. Ce grand projet permettra à l’Algérie d’être l’un des principaux pays exportateurs d’engrais et de fertilisants dans le monde.
Il permettra la production de plus de 6 millions de tonnes de produits phosphatés annuellement. S’étalant sur 4 wilayas de l’est du pays, ce projet implique les groupes algériens Asmidal (filiale de Sonatrach) et Manadjim El Djazair (Manal) d’une part, et les sociétés chinoises Wuhuan et Tian’an d’autre part, avec un investissement très important
allant jusqu’à 7 milliards de dollars.
Une partie de la production sera orientée vers le marché local et une grande partie
ira vers l’export, ce qui fera de l’Algérie l’un des plus importants producteurs et exportateurs d’engrais phosphatés sur le plan international. Encore une grande chance pour l’Algérie, qui vise à augmenter ses recettes hors hydrocarbures, sachant que depuis le déclenchement du conflit russo-ukrainien, le cours du phosphate a connu une hausse
inédite sur le marché mondial. Alors que les analystes tablaient sur une baisse des prix
en 2023, la tendance continue à la hausse.
Les prix du phosphate brut se sont établis à 345 dollars la tonne en mars 2023, contre
seulement 249 dollars à la même période de 2022, selon les dernières données de Index Mundi. Ce qui fera sans doute profiter l’Algérie qui mise sur ce créneau juteux.
Des investissements qui en valent la peine
A partir de ces objectifs prometteurs du secteur minier, les pouvoirs publics n’ont pas hésité à mettre la main à la poche. Dans sa présentation hier du projet de loi de finances 2024 au conseil de la nation, le ministre des finances Laâziz Faïd a révélé que le fonds national des investissements (FNI) assurera un financement de l’ordre de 126,2 milliards DA pour le projet du phosphate intégré et 285,27 milliards DA pour le projet Gara Djebilet. Il a affirmé à ce propos que les financements garantis par le fonds et les banques seront un complément aux dépenses relatives aux investissements prévus dans le PLF 2024.
Le ministre a expliqué que le financement des opérations d’investissement public n’est pas effectué exclusivement en utilisant les affectations finales octroyées dans la loi de finances de 2024, mais aussi en ayant recours aux affectations provisoires, aux crédits bancaires et au FNI, pour financer la réalisation des projets structurants et stratégiques de l’économie nationale.
Faïd a souligné qu’à titre d’exemple, il sera procédé en 2024 au financement des projets d’investissement du secteur des transports destinés à l’acquisition de matériels et d’équipements pour la réalisation du projet de fer de Gara Djebilet et de phosphate intégré, ainsi que d’autres projets d’envergure via les ressources du FNI. Ceci en attendant le retour sur investissement qui s’annonce de bon augure pour l’économie nationale.