Henry Ensher ancien ambassadeur en Algérie
Il est intéressant de noter que l’adhésion de l’Algérie au groupe de BRICS et au financement du Banque de développement marque un tournant stratégique pour le pays. La présidente du banque a confirmé que l’Algérie a reçu le feu vert pour rejoindre cette institution, ce qui témoigne de l’engagement du BRICS à intégrer de nouveaux membres, élargissant ainsi son influence internationale.
Depuis sa création , le BRICS, qui comprend déjà des puissances économiques comme la Chine, l’Inde, et le Brésil, a vu une expansion rapide avec l’ajout de pays comme l’Arabie Saoudite et l’Égypte. Cette dynamique pourrait offrir à l’Algérie des opportunités uniques de financement et d’investissement, notamment avec l’engagement de la Chine à investir 36 milliards de dollars.
Cependant, il est crucial que l’Algérie aborde cette nouvelle relation avec prudence, en veillant à diversifier son économie qui dépend fortement des hydrocarbures. Les réformes économiques encore en cours sont essentielles pour maximiser les bénéfices de cette collaboration. Dans ce contexte, l’adhésion à la banque pourrait devenir un catalyseur pour des changements positifs, à condition que le pays réussisse à naviguer habilement entre ses intérêts stratégiques et ses aspirations de développement.
Il est essentiel de considérer le contexte actuel des relations de l’Algérie avec les pays du BRICS comparativement aux interactions avec les nations occidentales. L’Algérie semble privilégier une approche équilibrée, en s’ouvrant davantage vers la Chine et la Russie, qui offrent souvent des conditions sans les exigences habituelles relatives aux droits de l’homme ou à la gouvernance. Cependant, cette orientation doit être examinée de manière critique. Par exemple, les retards et les surcoûts observés dans les projets comme la construction de la grande mosquée d’Alger soulignent la nécessité d’une vigilance accrue. Les avantages à court terme de ces partenariats doivent être pesés avec soin contre les implications potentielles sur la stabilité et le développement de la société algérienne. Il reste à voir si cet alignement croissant avec l’Est ne générera pas une réponse plus proactive de l’Occident, surtout en matière d’offres économiques plus attractives.
Votre analyse met en lumière des dynamiques géopolitiques complexes entre l’Algérie, la Russie, la Chine et les puissances occidentales. Il est vrai que l’Algérie profite de sa position stratégique pour naviguer habilement entre ces différents intérêts, cherchant à maximiser ses bénéfices économiques tout en préservant son indépendance. Il est également pertinent de noter que l’histoire passée a engendré des tensions entre les entreprises occidentales et le gouvernement algérien, ce qui pourrait compliquer toute relation future, malgré l’importance du secteur des hydrocarbures.
Dans ce contexte, il semble que l’Algérie soit déterminée à maintenir son autonomie face à l’influence croissante de la Chine et de la Russie, qui, comme vous l’avez souligné, sont confrontées à des défis similaires. L’assertion de fierté nationale et la nécessité de réformes économiques pourraient bien définir la trajectoire des relations algéro-occidentales dans les années à venir.