Hommage à Rachid Taha en France
«Rachid Taha était le plus grand rockeur français»
Rodolphe Burger, chanteur et musicien, jouait avec l’ex Carte de Séjour dans le groupe Couscous Clan.
Par Eric Bureau – Le 12 septembre 2018
Rodolphe Burger connaissait bien Rachid Taha. C’est d’ailleurs avec le Couscous Clan, le groupe de rock sans frontières avec lequel ils jouaient ensemble depuis 2013, que ce dernier a donné son ultime concert le 1 er septembre à Marseille avant sa disparition dans la nuit de mardi à mercredi à la suite d’une crise cardiaque. « J’ai encore l’image de ce moment formidable, très joyeux, comme toujours avec Rachid. Nous avions plein de projets, notamment de faire le premier album du Couscous Clan, témoigne Rodolphe Burger. Rachid disait : on est le meilleur groupe du monde. Il faut qu’on enregistre. »
Pour Rodolphe Burger, « associer Rachid Taha au raï, aux musiques du monde, c’est le grand malentendu à la française ». « Nous avons joué ensemble plusieurs fois en Angleterre et les Anglais, qui s’y connaissent en rock, ne s’y trompaient pas. Le plus grand rockeur français ce n’était pas Johnny Hallyday, c’était Rachid Taha. Ce n’est pas un hasard si Brian Eno (NDLR : immense musicien et producteur, entre autres de David Bowie, U2, Talking Heads), Robert Plant (chanteur de Led Zeppelin) et Mick Jones (guitare du groupe The Clash) ont travaillé avec Rachid. »
« C’était un mec fulgurant, brillant »
Rachid Taha et Rodolphe Burger ont partagé de nombreuses fois la scène, chanté sur leurs albums respectifs, comme le savoureux duo « L’arabécédaire » en 2008. « On a découvert sur le tard qu’on avait grandi dans le même village et étudié dans la même école, à Sainte-Marie-aux-Mines, en Alsace, raconte Rodolphe Burger. On s’est rencontré dans les années 80 par le biais de Bernard Meyet, du label lyonnais Attitude, qui a découvert Carte de Séjour et Kat Onoma (NDLR : les groupes respectifs de Rachid Taha et Rodolphe Burger). »
« Carte de Séjour a été quelque chose d’énorme, c’était la première fois que les beurs prenaient la parole, rappelle le musicien. Rachid était le contraire d’un communautariste, il avait une liberté de pensée totale, c’était un mec fulgurant, brillant, avec une vision géo-politique et une culture impressionnante, se souvient Rodolphe Burger. Mais c’était aussi un écorché, c’est sûr. C’est l’histoire même de l’Algérie, ce qu’est devenue l’Algérie était un motif de tristesse. Sous le blagueur, il y avait de la douleur. »