La France refuse d’admettre ses crimes, ses responsabilités et ses obligations vis-à-vis de la souffrance des nations de ses anciennes colonies
Par Tarek Benaldjia
La France nie les accusations selon lesquelles elle aurait caché les niveaux de rayonnement après près de 217 essais nucléaires en 60 ans, aussi bien sur son territoire d’outre-mer de Polynésie française dans l’océan Pacifique qu’en Algérie durant l’occupation
Territoire d’outre-mer
Quatre mois après la publication de l’étude indépendante sur la dissimulation par la France des résultats des essais nucléaires entre 1960-1970, par les journalistes et chercheurs du site d’information « Disclose » en mars, une table ronde de deux jours s’est tenue dans la capitale parisienne avec la participation des représentants de la France et de la Polynésie française.
« Edouard Fritch », chef du gouvernement de la Polynésie française, des élus, des ministres et des organisations non gouvernementales de France et de Polynésie française ont assisté à la réunion.
La ministre de la Défense par intérim, Geneviève Darrieussecq a déclaré que l’État français n’avait pas caché le niveau de rayonnement résultant des essais nucléaires et qu’il n’y aurait pas d’excuses officielles.
Le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, qui a présidé la dernière séance de la table ronde, a déclaré vouloir ouvrir une nouvelle page sur l’archipel pollué à la suite des essais nucléaires dans l’océan Pacifique.
Fritch, chef du gouvernement de la Polynésie française, a également noté que le président Emmanuel Macron avait promis d’ouvrir les archives militaires sur les essais nucléaires, une demande majeure des historiens.
Sur les 193 essais nucléaires menés en Polynésie, 147 étaient souterrains. Les essais nucléaires, qui auraient touché plus de 100 000 personnes, ont été interrompus sous l’ancien président Jacques Chirac en raison des réactions internationales et les victimes ont été indemnisées.
Malgré la loi promulguée en 2010 stipulant l’indemnisation des victimes des essais nucléaires, seules 20 personnes ont été indemnisées.
La France qui a rejeté de nombreuses demandes d’indemnisation, est accusée de ne pas tenir sa promesse.
La revue (gouvernementale) «Source d’Histoire de l’Algérie »
Selon la revue (gouvernementale) «Source d’Histoire de l’Algérie » «مصادر التاريخ الجزائري المعاصر », dans son édition 2019, indiquait que « le désert algérien a été utilisé entre le 13 février 1960 et le 16 février 1966, comme théâtre de cinquante sept (57) explosions, entre explosives et essais nucléaires.
A rappeler que « Les Sources de l’histoire contemporaine de l’Algérie » est une revue scientifique à comité de lecture, éditée par le Centre national d’études et de recherches sur le mouvement national et la révolution du 1er novembre 1954, et elle est affiliée au ministère des Moudjahidines (anciens combattants d’Algérie).
Le magazine a déclaré que « 4 expériences aériennes à Hammoudia Reggane (sud du pays) étaient très polluées, et les treize (13) autres souterraines, effectuées à Taourirt Tan Afal, à Akre, ont été échoué ».
L’accident nucléaire le plus dangereux a été celui de « Béryl » Effectué le 1er mai 1962, en plus de trente cinq (35) essais de sûreté nucléaire au niveau des puits « d’Hamoudia » Cinq (5) autres essais nucléaires, ont été menés sur le site à ciel ouvert de « Taourirt Tan Atram » (wilaya de Tamanrasset) utilisant des matières fissiles telles que le plutonium », selon le magazine.
Pourquoi la France refuse-t-elle de remettre les cartes de ses restes nucléaires à l’Algérie ?
Il ne fait aucun doute, que le refus de la France de remettre les cartes topographiques de ses explosions nucléaires est lié au fait qu’il s’agit d’un secret majeur, de l’Etat français et de l’armée française, dont nous tenterons de répondre et de l’expliquer ci-après :
- Cela « relève de sa souveraineté et de ses expériences scientifiques, donc elle ne veut remettre en cause ses recherches scientifiques à qui de droits, ni reconnaître ses crimes, ses responsabilité et ses obligations vis-à-vis de la souffrance des nations et des peuples colonisés.» ;
- « Les explosions nucléaires entrent dans le cadre des secrets absolus de l’armée française, et donc Paris veut cacher ces horribles secrets ;
- « Si la France révèle et livre les cartes de ces explosions nucléaires, cela signifie qu’elle ouvrira de nombreux dossiers sur les différents crimes odieux qu’elle a commis contre les Algériens, et elle pourrait même aller jusqu’à la condamnation ferme et unanime par la communauté internationale, notamment la poursuite des criminels en justice » ;
- Cela conduira à une demande d’indemnisation des victimes des explosions nucléaires et à la condamnation de Paris dans le monde « Le berceau des droits des libertés et la Patrie des Lumières » ;
- La France utilise le dossier des essaies nucléaires et des cartes y afférentes comme une carte de pression dans ses négociations avec l’Algérie ;
- C’est ce qui explique pourquoi, la partie française n’a pas répondu à ce jour à la demande de l’Algérie et n’avait pas l’intention de régler le dossier en remettant des cartes des sites des essais nucléaires qui ont été effectués dans le désert algérien dans les années 1960, afin de décontaminer la région des retombées radioactives ;
- A notre sens, ce sont là les vraies questions, auxquelles la France n’investit pas suffisamment pour résoudre le problème à la racine, dans le dossier de mémoire avec l’Algérie, qui ne sont pas seulement liées aux cartes, mais aussi aux victimes des explosions et à leurs effets sur l’environnement et les habitants locaux, car ces opérations clandestines ont été menées selon un cahier de charge criminel préalable à la condamnation de la France.
L’armée algérienne demande à Paris d’assumer ses responsabilités pour les dégâts sanitaires et environnementaux causés par les essais nucléaires au Sahara algérien a déclaré le chef d’Etat-major de l’ANP, Said chanegriha a son homologue français, le chef d’Etat-major des Armées françaises, François Lecointre.
L’Algérie exige à la partie française, la divulgation de documents secrets relatifs à ces expérimentations.
En France, le Conseil d’État a abrogé la procédure supplémentaire du gouvernement depuis 2011 pour ouvrir l’accès à certaines archives « de défense secrète » sur le point d’expirer et devant être rendues publiques.
Le Conseil d’État a évalué la demande d’historiens et de chercheurs concernant la « procédure de déclassement » que le gouvernement a mise en place en vertu des décrets de 2011 et 2020 avant de transmettre certains documents « secret-défense » qui devaient être rendus publics à ceux qui en feraient la demande.
Après avoir justifié l’avis des chercheurs selon lequel la procédure en cause retardait ou bloquait l’accès aux documents pertinents, le Conseil d’État a précisé que, selon la loi de 2008 en vigueur, ces archives doivent être accessibles 50 ou 100 ans après leur création.
Le Conseil d’État a déclaré que le gouvernement ne pourrait pas maintenir l’accès aux archives en question sous réserve d’une procédure préalable de déclassement au-delà de ce délai, et a annulé la procédure qu’il juge illégale.
La loi de 2008, qui réglemente le régime de communication des archives publiques, stipule que les documents violant le secret de la défense nationale seront accessibles après 50 ans, et les documents pouvant mettre en danger la sécurité des personnes identifiables 100 ans plus tard.
Or, l’article 19 de la loi antiterroriste et renseignement en discussion au Parlement français vise à protéger la confidentialité de certaines archives.
La décision de ne pas divulguer une partie de l’histoire des événements dans la région du Maghreb, comme les essais nucléaires français en Algérie, affecte l’Algérie principalement, qui a été colonisé par la France, ainsi que l’Afrique. Parmi les facteurs qui ont poussé la France à aborder cette décision, des chercheurs du Maghreb ont commencé à fouiller dans les dossiers coloniaux pour découvrir les atrocités de la France dans ses anciennes colonies. La décision coïncide avec le phénomène des pays du Maghreb qui retrouvent leur mémoire historique et le début de la responsabilité de la France pour les crimes du colonialisme.
Parmi les exemples, de la décision de l’État français de poursuivre la démarche de confidentialité dans les dossiers relevant du ministère de la Défense française, implique d’attendre de nombreuses années, voir des décennies pour découvrir la vérité sur des affaires célèbres, notamment celles épineuses qui impliquent Paris dans la criminalité.
A coté des dossiers épineux figurent les essais nucléaires et chimiques menés dans le sud algérien, et leur impact environnemental négatif étendu au sud du Maroc, à l’est de la Mauritanie, au nord du Mali et au Niger.