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Sans céder aux oukases des anti-kabyles primaires qui surfent sur l’effroi suscité par l’acte de sauvagerie collective dont a été victime le jeune « Jimmy » pour stigmatiser toute une région, les élites politiques de Kabylie, ou qui se considèrent comme telles, doivent assumer leur responsabilité dans la prolifération d’un racisme anti-arabe en raison de leur attitude ambivalente vis à vis du MAK. Au nom de la défense de la démocratie et de la libre expression, elles ont toléré un discours séparatiste et suprématiste qui, dans un contexte de crise politique nationale et d’affaiblissement de l’autorité publique, ne peut que conduire fatalement à l’affrontement et la violence.
Le terrain a été ainsi rendu fertile pour tous les extrémismes et par conséquent pour toutes les manipulations. Les apprentis-sorciers qui ont sévit en 2001, sous instigation des services de l’époque, en exploitant la colère légitime suite à l’assassinat de 123 jeunes pour fabriquer les « Arouchs », cette monstruosité politique destinée à isoler la Kabylie et réduire à néant son capital historique, politique et patriotique , portent une lourde responsabilité dans ce déchaînement de violence. La perte d’influence d’un parti comme le FFS, héritier du mouvement national, a eu pour effet de libérer les démons de l’identitarisme et de l’ethnicisme dans lequel se sont engouffrés opportunément les partisans du « particularisme kabyle ». Autonomistes, fédéralistes, etc…, tous ont insidieusement exploité ce repli sur soi et refusé de condamner les dérives du MAK et du leader du GPK, y compris lorsqu’il a appelé à constituer des « groupes d’autodéfense », au nom d’une solidarité organique qui est pourtant tout le contraire de la modernité et de la citoyenneté qu’ils revendiquent par ailleurs.
Au delà des possibles manipulations, internes ou externes, qui ont favorisé le déchaînement des pulsions meurtrières contre un jeune sans défense, les propos racistes proférés doivent interpeler. La condamnation des discours idéologiques incitant implicitement ou explicitement à la haine raciale ou à la supériorité ethnique ne doit souffrir d’aucune ambiguïté. La Kabylie meurtrie ne se relèvera que si elle cesse d’être souillée par l’irresponsabilité et l’inconscience de ceux qui prétendent parler en son nom. De son côté, l’Etat devra sévir contre tous ceux qui, à l’image des Naïma Salhi, Benzaim, Khettane…, continuent impunément de déverser leur venins et d’appeler, pour certains, ni plus ni moins qu’à l’éradication de la Kabylie. Il y va de la paix civile et de l’unité nationale.