L’Algérie en quête d’un nouveau modèle économique : Des chaînes de valeurs mondiales à intégrer

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PAR R. AKLI

« Le gouvernement algérien se propose désormais de favoriser progressivement l’insertion de l’économie nationale dans la chaîne des valeurs mondiale à travers le développement des échanges commerciaux, des partenariats et des transferts de technologies et de savoir-faire. »

Cette phrase est celle du ministre de l’industrie et de la production pharmaceutique Ali Aoun, prononcée mi-mai courant à l’ouverture de la 6e session du groupe de travail mixte de coopération économique algéro-portugaise à Alger.

Elle rend compte surtout du nouveau chemin que tente désormais d’emprunter l’Algérie pour rattraper son retard de plusieurs décennies en termes de diversification et de compétitivité économique, en vue d’amorcer ainsi un nouveau processus d’insertion effective dans la chaîne des valeurs mondiale (CVM), dont elle n’est aujourd’hui que faiblement partie prenante.

La CVM, pour faire simple, est la logique dominante qui détermine actuellement la
chaîne des forces qui régissent le nouvel ordre économique mondial par des fragmentations de plus en plus sophistiquées des process de production, de logistique et de commercialisation selon les compétences et avantages comparatifs de chaque
territoire ou ensemble de territoires à travers le globe.

Une logique incarnée par exemple par le cas éloquent du géant mondial de l’électronique Apple, dont les process de production sont fragmentés sur plusieurs continents avec des valeurs ajoutées apportées à chaque étape et sur chaque territoire, notamment en Asie, pour amortir les coûts et aboutir au bout de la chaîne à la commercialisation d’un produit fini le plus compétitif possible.

Il s’agit ainsi d’une logique incontournable d’internationalisation des chaînes de valeurs qui se font et se défont souvent à coups de délocalisations relocalisations de productions et dans lesquels il faut absolument être pour espérer être compétitif et présent dans les cercles de plus en plus concurrentiels des échanges économiques mondiaux.

Pour ce faire, l’Algérie entreprend désormais d’amorcer une véritable mue de son économie, avec comme défi majeur de passer à terme d’un modèle quasiment mono-exportateur et lourdement dépendant de l’import vers un nouveau modèle plus producteur et mieux intégré à l’international, sinon dans les chaînes de valeurs globales, du moins dans celles continentale et régionale.

Bâtir une Algérie de 60 millions d’habitants

« Nous sommes en train d’opérer des réformes structurelles fondamentales pour l’avenir du pays et pour bâtir une Algérie de 60 millions d’habitants à laquelle il faut se préparer dès à présent », a d’ailleurs fait comprendre en ce sens le président de la République lors de sa dernière entrevue périodique avec des représentants de médias nationaux.

Un dessein pour le moins capital pour le devenir de la nation – avec ou après pétrole – mais qui, faut-il le croire, nécessite encore d’importants efforts de réformes et d’ajustements économiques et institutionnels à consentir pour le concrétiser.

C’est en somme une véritable course contre la montre dont les pouvoirs publics semblent avoir désormais pris la pleine mesure, au vu du grand toilettage opéré ces deux dernières années sur les différents textes de loi et règlements régissant l’investissement, le partenariat mais aussi le système financier domestique à travers surtout la nouvelle loi sur la monnaie et le crédit et le nouveau code des investissements.

Des réformes auxquelles s’ajoutent également la mise en branle d’une diplomatie d’affaires
plus agissante et une valorisation plus efficiente des avantages comparatifs du pays,
notamment son nouveau statut d’acteur énergétique mondial incontournable et sa
position géostratégique de pivot au sein des espaces africain et méditerranéen.

Car comme le faisait si bien entendre le ministre de l’industrie, l’insertion dans la chaîne des valeurs mondiale ne peut en effet passer que par une plus forte diversification des
échanges économiques, une amélioration des IDE et un accès plus important aux technologies et savoir-faire qui manquent encore à la sphère productive et industrielle
nationale.

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