L’Algérie a officiellement rejoint le projet stratégique du Corridor Sud de l’Hydrogène (South H2 Corridor), une infrastructure de 3 300 kilomètres destinée à acheminer de l’hydrogène vert depuis l’Afrique du Nord jusqu’en Europe centrale, en passant par l’Italie, l’Autriche et l’Allemagne. Cette initiative, qui s’appuie sur la reconversion des infrastructures existantes pour le transport de gaz, positionne l’Algérie comme une source clé et l’Italie comme un hub énergétique européen.
Lors d’une rencontre de haut niveau tenue à Rome, le ministre algérien de l’Énergie, Mohamed Arkab, et ses homologues européens, notamment Antonio Tajani et Gilberto Pichetto Fratin d’Italie, ont signé une déclaration commune affirmant leur engagement à développer ce projet ambitieux. L’accord met en avant le potentiel exceptionnel de l’Algérie et de la Tunisie dans la production d’énergies renouvelables et d’hydrogène vert, en capitalisant sur leurs ressources solaires et éoliennes abondantes ainsi que sur leurs infrastructures énergétiques avancées.
Une coopération stratégique et durable
Ce projet vise à renforcer la sécurité énergétique entre l’Afrique du Nord et l’Union européenne tout en soutenant la transition énergétique durable. L’infrastructure prévue devrait transporter jusqu’à quatre millions de tonnes d’hydrogène par an, contribuant à hauteur de 40 % aux objectifs de RePowerEU, le plan européen pour l’autonomie stratégique dans le secteur énergétique. L’hydrogène acheminé pourra être vert, produit à partir d’électricité renouvelable, ou bleu, produit à partir de gaz avec captage du dioxyde de carbone grâce à des mécanismes de décarbonation modernes.
L’accord signé prévoit également la mise en place d’un groupe de travail conjoint sur cinq ans pour coordonner les politiques, identifier les besoins en financement et promouvoir les investissements en Algérie et en Tunisie. Cette coopération promet de créer des emplois, de favoriser l’innovation et de renforcer les compétences nécessaires à la mise en œuvre efficace du projet.
L’Italie : carrefour énergétique européen
Grâce à sa position géographique et à ses infrastructures existantes, l’Italie se positionne comme un hub énergétique clé pour l’Europe. La majeure partie du pipeline traversant l’Italie, soit environ 2 300 kilomètres, sera adaptée à partir de gazoducs déjà en place, comme le Transmed reliant la Tunisie à l’Italie. L’Italie prévoit également de jouer un rôle actif dans la construction de centrales solaires et de stockage de carbone en Algérie et en Tunisie, grâce à la participation de grandes entreprises italiennes comme Eni et Enel Green Power.
Le ministre italien de l’Environnement et de la Sécurité énergétique, Gilberto Pichetto Fratin, a souligné que l’Italie ne se limite pas à être un simple transit pour l’hydrogène : elle contribue au développement et à l’intégration des régions partenaires. En parallèle, l’exportation d’hydrogène pourrait également se faire sous forme d’ammoniac, un composé liquide plus facile à transporter.
L’Algérie : un centre régional pour l’hydrogène vert
Pour l’Algérie, ce projet représente une opportunité de diversifier son économie tout en consolidant sa position comme acteur énergétique majeur. Avec son emplacement stratégique et ses ressources naturelles abondantes, l’Algérie aspire à devenir un centre régional pour la production et l’exportation d’hydrogène vert. Ce rôle contribue non seulement à la transition énergétique mondiale, mais aussi à réduire les émissions de carbone.
Mohamed Arkab, ministre algérien de l’Énergie, a déclaré que le Corridor Sud de l’Hydrogène permettra de connecter les sites de production algériens aux marchés européens, renforçant ainsi les partenariats stratégiques entre l’Algérie, la Tunisie et l’Europe. L’objectif est de rendre cette infrastructure opérationnelle d’ici 2030, un délai ambitieux mais réalisable compte tenu de l’état avancé des infrastructures existantes.
Une vision commune pour l’avenir énergétique
Le Corridor Sud de l’Hydrogène incarne une vision commune entre l’Afrique du Nord et l’Europe pour une transition énergétique durable et une sécurité énergétique renforcée. Ce projet marque également un tournant dans les relations euro-méditerranéennes, où chaque partie apporte une contribution essentielle : l’Algérie et la Tunisie en tant que sources, et l’Italie en tant que pont vers l’Europe.
En fin de compte, ce corridor illustre l’importance des partenariats transnationaux dans la lutte contre le changement climatique et la création d’un système énergétique résilient et durable.
Hope&Chadia