Guiddini est une société innovante, qui a intégré le domaine de l’accompagnement et de l’assistance dans tout ce qui est Fin Tech et start-up. Elle est également spécialisée dans le e-commerce, et l’intégration du e-paiement, depuis quelques années déjà. Son fondateur, Mourad Mechta, un jeune chevronné, qui a accumulé un lot d’expérience dans le domaine du commerce électronique a bien voulu commenter la décision des autorités nationales de relancer le e-paiement, à travers l’accord d’interopérabilité bancaire.
L’Expression: Un service de paiement électronique au titre de l’interopérabilité entre Algérie poste et le réseau interbancaire est opérationnel. Qu’est-ce que cela pourrait induire sur le terrain?
Mourad Guiddini: Pour ce qui est de l’interopérabilité, en réalité c’était la revendication de l’ensemble des acteurs et des animateurs des plates-formes du e-commerce et les Web-marchands activant dans les différents réseaux actuellement. Cela répond, sincèrement, à des préoccupations qui étaient déjà formulées par ces opérateurs. Il faut prendre l’exemple de l’interdiction d’ouverture de comptes commerciaux chez Algérie poste, qui a sanctionné plus d’un dans le secteur.
Avec cette nouvelle option, c’est une bouffée d’oxygène qui va permettre un nouvel essor de cette activité de l’économie électronique, d’autant plus qu’Algérie poste détient le plus grand nombre de cartes électroniques.
Donc cette option d’interopérabilité va permettre aux Web-marchands de passer au stade d’acceptation de paiement en ligne, conjointement avec les banques. En réalité, l’interopérabilité est une démarche qui va donner la possibilité aux Web-marchands d’accepter les deux cartes, avec un seul compte commercial, c’est-à-dire postal ou bancaire. Les Web-marchands qui étaient déjà certifiés par les banques, n’acceptaient pas les cartes interbancaires, dont le nombre ne dépassait guère le million sur le marché du commerce électronique. Ainsi, on était confronté au problème de non-acceptation de ces cartes interbancaires, ce qui réduisait considérablement le champ d’action des opérateurs…
Aujourd’hui, avec cette option nouvelle, le commerce en ligne et, partant, le e-paiement devront être boostés, considérablement. Cela va également produire un effet de chaîne auprès des Web-marchands, des porteurs de projets, des opérateurs économiques, donnant lieu à une satisfaction progressive de la demande, sans cesse, croissante.
Vous êtes fondateur du concept Guiddini et pionnier en matière de Fin Tech, e-commerce et e-paiement. Quelles sont à votre avis les solutions préconisées pour booster le e-commerce ou le e-paiement?
Nous avons-nous-mêmes commencé en tant que Web-marchands, sur Market Place, depuis 2009 et graduellement nous avons accumulé de l’expérience. Cela nous a amené à faire évoluer notre business-model, de manière à devenir des accompagnateurs, offrant des prestations de services dans le domaine du commerce électronique et du paiement en ligne. Notre public-cible est assez varié, puisqu’il englobe des e-commerçants, des activités en freelance ou encore n’importe quelle entreprise qui envisage de se lancer dans le paiement en ligne ou le commerce en ligne.
Grâce à l’expérience que nous avons acquise dans ce domaine, je pense sincèrement que la loi actuelle, qui encadre le commerce électronique, est obsolète, parce que certains articles ne concordent vraiment pas avec la réalité et certains autres doivent s’adapter avec les spécificités algériennes. Les lois devant régir ce secteur doivent être fluides et encourageantes, surtout en cette période particulière, où la pandémie de Covid-19 a encouragé une nette évolution du commerce électronique, car, en définitive, cette loi va encourager les intervenants à contourner le cadre légal et à favoriser le secteur informel.
Les pouvoirs publics, notamment le secteur du commerce et des finances en particulier, doivent procéder à son amendement et à son enrichissement, au vu des évolutions et des nouveautés dans ce cadre. Je crois qu’il faut créer une autorité publique ou mixte, composée de représentants de l’Etat, mais aussi des experts et des opérateurs, qui aura les prérogatives de réguler ce secteur. Elle pourra labelliser et suivre les activités, elle pourra être destinataire des réclamations ou des plaintes et supervisera l’ensemble des opérations, en amont comme en aval, sur la Toile.
Aujourd’hui, nous assistons à une floraison de commerces et d’activités en ligne, qui échappent aux circuits officiels. Pensez-vous que nous allons encore assister à une économie électronique parallèle?
Oui, parfaitement, pour ce qui est du commerce parallèle, qui s’installe dans le Web, je peux vous dire que l’exemple de la cybercriminalité ou encore les crimes de commerce électronique existent, à travers l’arnaque, des produits prohibés, la contrefaçon, etc. et ont même tendance à vite se propager. C’est pour cela que les pouvoirs publics doivent veiller à réguler rapidement ce secteur. Une instance ou une Autorité de régulation et de contrôle doit être rapidement installée pour empêcher que pareils phénomènes et entorses n’évoluent davantage.
Une instance multisectorielle regroupant les postes et les télécommunications, la justice, le commerce et les finances, ainsi que des compétences nationales.
À travers cette organisation et cet encadrement de l’activité, la filière du commerce électronique va prospérer et donner lieu à de nouveaux débouchés, résorbant le taux de chômage actuel. Le commerce électronique ne peut être que créateur de richesse et de valeur ajoutée, pour peu que toutes les conditions favorables, soient réunies. Je pense que la pièce maîtresse ou la chaîne névralgique dans ce processus de paiement électronique, est le citoyen, le consommateur ou le client. Et c’est un travail collectif, comme je vous l’ai dit.
Quand le citoyen va s’approvisionner en ligne, acheter ou commander, tout en sachant qu’il va utiliser sa carte et exposer son compte bancaire, il a besoin d’être rassuré, quant aux aspects de la sécurité, notamment. Et pour mettre un terme à ce phénomène de marché électronique parallèle, il faut motiver les commerçants et les utilisateurs de ces plates-formes.
Et ce sont les tendances qui vont supplanter progressivement ces activités parallèles. Il faut dire qu’il y a quelques années à peine, ce commerce n’existait pas du tout. Donc, j’insiste sur l’accompagnement et la simplification des procédures. Après, quand ce commerce prendre forme et appuis, on aura toute la latitude de pondre d’autres lois, plus adaptées.
Les mesures annoncées par le gouvernement sont-elles suffisantes et réalistes, pour booster l’activité du e-paiement et du commerce en ligne?
Avec cet accord interbancaire, annoncé par le Premier ministre, c’est un pas très encourageant qui vient d’être franchi.
Cela va booster, d’une manière confortable l’activité des plates-formes existantes. Selon notre humble expérience, la majorité des porteurs de projets dans diverses activités, pour ne pas cerner le e-commerce dans la vente des produits exclusivement, car il y a des plates-formes de formation en ligne, hôtellerie, réservation de billet d’avion, prestations et autres, qui sont emballés par cet accord. Il faut préciser que ce genre de sociétés ou de commerce en ligne, préfèrent ce qu’on appelle le paiement anticipé, ce qui n’était pas possible avant cette décision gouvernementale, car beaucoup d’obstacles subsistaient. L’initiative est donc à saluer, surtout du côté du Groupement de la monétique automatique qui accomplit des efforts considérables dans ce sens. Tout le monde le reconnaît et salue l’évolution immense réalisée dans ce domaine.
Cela, conjointement avec la société Satim et Algérie poste également. Reste encore à clarifier les objectifs tracés, à travers une stratégie inclusive qui implique l’ensemble des acteurs et des intervenants dans ce secteur. Pour ce qui est de notre société Guiddini, nous sommes un appui pour ces objectifs tracés, soit en termes de massification du nombre de Web-marchands d’acceptation, les campagnes de sensibilisation ou encore le processus d’accompagnement que nous prodiguons, à travers des prestations de services proposées par notre société.
Le gouvernement devrait-il faire des concessions ou décider des mesures incitatives pour drainer ces activités parallèles et booster l’économie électronique?
Absolument. Il faut que les pouvoirs publics concèdent aussi certaines concessions, notamment des réductions diverses et des facilitations, car c’est à travers ces mesures incitatives fiscales ou autres, qu’ils vont pousser les commerçants et les opérateurs à aller vers le commerce électronique et le e-paiement. Sans compter que ce genre de commerce recèle énormément d’avantages, notamment en matière de liquidités, gains de temps, etc. Et c’est également une question d’utilité publique.
Quelle est, actuellement, la situation en Algérie en matière de e-paiement?
Je peux vous dire que durant les six derniers mois, nous avons reçu des dizaines de requêtes pour l’intégration des services de paiement et commerce en ligne. Ces demandes nous sont adressées par des plates-formes innovantes, des applications pointues, des commerces de différentes catégories et de prestations de services multiples. Sincèrement, je suis très optimiste par rapport à
l’évolution de la situation dans ce domaine. Il y a également des entreprises publiques qui sont en phase de lancement de nouveaux projets, qui veulent rallier le e-paiement et le e-commerce.
Et à chaque accroissement des accepteurs et l’existence de cette possibilité de paiement en ligne et par carte, c’est la culture de l’économie numérique qui est en train de s’enraciner dans les us et les pratiques des uns et des autres, ce qui contribuera, à coup sûr, à une maitrise progressive et efficace de cette technologie.
Source : https://www.lexpression.dz/economie/le-paiement-electronique-s-imposera-351986