Par Hope & ChaDia
L’Indice mondial du terrorisme 2025, publié à Washington, révèle une réalité alarmante : 51 % des décès liés au terrorisme sont enregistrés dans la région du Sahel africain. Cette zone, en proie à une instabilité politique persistante, à des crises humanitaires chroniques, et à des flux migratoires incontrôlés, se retrouve au cœur de toutes les inquiétudes sécuritaires mondiales.
Comment expliquer cette montée en puissance des groupes terroristes ?
Quelles réponses les États sahéliens et la communauté internationale peuvent-ils apporter ?
Pour décrypter ces enjeux cruciaux, Radio Algérienne a donné la parole à M. Hassen Kacimi, expert en géopolitique, en sécurité et en flux migratoires, ancien haut responsable au ministère de l’Intérieur. Invité à réagir à ce rapport, il a livré une analyse lucide et sans complaisance de la situation.
« Le Sahel est devenu, aujourd’hui, l’épicentre du terrorisme mondial. Nous assistons à un effondrement silencieux des structures étatiques dans plusieurs pays de la bande sahélo-saharienne, laissant place à une prolifération incontrôlée des groupes armés », a-t-il affirmé.
Selon lui, cette expansion fulgurante est favorisée par plusieurs facteurs imbriqués :
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L’effondrement des États et l’absence d’autorité dans certaines régions,
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La porosité des frontières, facilitant le trafic d’armes et de combattants,
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L’instrumentalisation des clivages ethniques et religieux par les groupes extrémistes.
Face à cette menace, les réponses apportées jusqu’ici sont, selon Kacimi, largement insuffisantes. Il déplore le manque de coordination entre les pays du Sahel et l’absence d’une stratégie régionale claire.
« Il ne s’agit pas uniquement de déployer des forces armées. Il faut une stratégie globale, intégrée, qui articule sécurité, développement économique, et justice sociale », souligne-t-il.
Parmi les pistes qu’il préconise :
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Renforcer les institutions étatiques fragiles,
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Lancer de vastes programmes de développement et de lutte contre la pauvreté,
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Mettre en place une coopération régionale structurée, et
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Mobiliser durablement la communauté internationale pour un appui à long terme.
« L’inaction ne fera qu’aggraver la crise. Le Sahel est une ligne de front. Ce qui s’y joue aura des répercussions directes sur l’Afrique du Nord, l’Europe, et au-delà », a averti Kacimi.
L’Algérie : une vigilance constante malgré une menace contenue
Selon l’Indice mondial du terrorisme 2025, l’Algérie affiche un score de 2,42, en légère hausse par rapport à 2,20 en 2023, mais demeure en dehors des 50 pays les plus touchés par le terrorisme. Trading Economics
Cette relative stabilité est le fruit d’une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme, articulée autour de :
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La professionnalisation et la modernisation des services de sécurité,United Nations
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Le renforcement des capacités de renseignement,
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La coopération internationale, et
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L’implication de la société civile dans la prévention de la radicalisation.
Toutefois, l’Algérie reste vigilante face aux menaces potentielles émanant des régions voisines, notamment du Sahel, où l’instabilité pourrait avoir des répercussions sur sa sécurité intérieure.
🎧 Écouter l’intervention complète de Hassen Kacimi sur Radio Algérienne