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Brahim TAKHEROUBT
Relatant le jour de la capitulation dans ses Mémoires, le général de Gaulle raconte que lorsque le maréchal Wilhelm Keitel, chef du Haut commandement de la Wehrmacht, est entré dans la salle, il a eu cette phrase méprisante: «Quoi? les Français aussi!»? Ces propos irrévérencieux d’un fidèle serviteur de l’idéologie nazie n’empêcheront pas la capitulation sans condition de l’Allemagne et la fin du plus meurtrier des conflits de l’histoire de l’humanité: la Seconde Guerre mondiale. Parce qu’ils se sont vaillamment battus aux côtés des alliés et ont versé leur sang sur les différents champs de bataille, les Algériens voulaient participer à cette liesse mondiale, en brandissant le drapeau frappé aux couleurs nationales et revendiquer tout haut leur droit à l’indépendance promise. À Sétif, à Kherrata, Guelma et dans d’autres villes d’Algérie, ils sont sortis dans les rues fêter la fin d’un cauchemar mais la France n’ayant rien appris du nazisme, commettra l’une des plus horribles et des plus sanglantes pages de l’histoire du colonialisme français en Algérie. Les massacres du 8 mai 1945, perpétrés par les forces coloniales contre le peuple algérien, comptent parmi les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité les plus odieux commis au cours du XXe siècle. Pour de nombreux historiens, cette action est loin d’être une bavure à classer dans le registre de quelques militaires zélés se rebellant contre l’autorité de leur commandement. Bien au contraire, une opération préméditée et savamment planifiée dans le but de pousser le peuple algérien à enterrer ses aspirations à l’indépendance nationale. 45 000 Algériens tombés au champ d’honneur. Un bilan très lourd pour faire oublier le massacre. Plus de raison d’espérer qu’une quelconque action politique puisse cohabiter avec le colonialisme. Il n’entend plus le message de la paix, il fallait passer à une nouvelle étape, opter pour le langage des armées. D’ailleurs les massacres du 8 mai 1945 ont été le prélude de cette étape fondamentale de l’histoire contemporaine du pays. Celle du déclenchement de la lutte armée, le 1er Novembre 1954, qui aboutira, au prix de mille et un sacrifices, au recouvrement de l’indépendance et de la souveraineté nationale. Près de 78 ans plus tard, n’est-il pas temps de revisiter cette douloureuse séquence pour décomplexer cette blessure d’une histoire commune et apaiser les mémoires en reconnaissant les affres de la guerre coloniale sur les peuples opprimés?