Lors de la première vague de la crise sanitaire de la Covid-19 ( mars et avril 2020), les structures de l’organisation sociale villageoise de la Kabylie, Tajmaat et les comités de village ont fait preuve d’une capacité réactive et d’adaptation rapide de leurs actions. On pourrait même évoquer une certaine résilience.
En effet, malgré que cette organisation ancestrale est non juridiquement agréée par l’Etat, elle en constitue l’institution légitime de mobilisation solidaire des citoyens pour le bien commun. C’est même un soubassement structurant de l’intelligence collective, du développement solidaire et du vivre ensemble dans les villages.
Face à la pandémie de la Covid-19, les comités de village, également dans statut juridique adéquat, ont été réactifs par la organisation des assemblées villageoises et la adoption des codes d’urgence comportant des mesures de restriction de certaines libertés et des obligations de solidarité collective.
Plusieurs actions ont été menées dont on peut citer : la sensibilisation sanitaire, la désinfection, l’organisation du confinement et de la circulation des personnes, aménagement des heures de confinement, interdictions des fêtes, des visites familiales, la constitution des banques alimentaires dans les villages, l’approvisionnement et la distribution gratuite des denrées alimentaires aux nécessiteux, l’aménagement des salles de soins et acquisition du matériel médical au profit des établissements publics de santé …etc.
Rajoutant à cela, une coordination étroite avec les collectivités locales et des organisations associatives constituées de femmes et de jeunes bénévoles qui ont mis en place des ateliers de confection de masques et des tenues de protection individuelles distribuées aux personnels des hôpitaux.
Les associations des émigrés ont également contribué par l’envoi des fonds et des équipements médicaux et de protection.
Cette organisation collective solidaire a fait reculé notablement la propagation du virus. La Wilaya de Tizi-Ouzou, à titre d’exemple, a enregistré un recul très important dans le nombre de contamination au niveau national, garce à cet élan de mobilisation citoyenne alors qu’elle été classée deuxième cluster national en nombre de contamination au début de la pandémie.
Nous avons également constaté une différence en termes de nombre de contaminations entre les villages et les villes. En effet, ces dernières ont enregistré des nombres très important alors que des centaines de villages n’ont enregistré aucun cas.
L’acceptabilité des mesures de restriction par les citoyens dans le village a été aussi un élément très important que nous pouvons relever pendant cette crise.
Le relâchement enregistré depuis le quatrième trimestre de l’année 2020 a malheureusement préparé les conditions de propagation de cette troisième vague avec un variant exponentiellement plus dangereux.
La re-mobilisation des citoyennes et citoyens, l’organisation sociale villageoise, les associations, les élus et les autorités locales est plus qu’indispensable pour casser la chaîne de transmission de ce virus. La sensibilisation à la vaccination est plus que vitale pour sauver des vies humaines. C’est une solution mondiale. Dans l’urgence les comités de villages notamment peuvent jouer un rôle très important dans l’organisation des vaccinations de masse. Le temps est à la pédagogie et la solidarité.
L’organisation sociale villageoise nécessite par ailleurs un cadre juridique officiel et adéquat pour renforcer sa résilience et pérenniser ses actions solidaires au service du bien commun.
Mohamed Achir
1 comment
Merci M.Achir pour cet article, d’ailleurs il tombe à pique
Quoique je souhaiterais que Tajmaat reste non juridiquement agréée par l’Etat et cela pas parce qu’elle ne le mériterait pas, tout au contraire , elle même un exemple à suivre ….je dit cela pour qu’elle ne soit pas récupérée par les éventuels vautours de la politique.