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Mourad Preure, expert international en énergie à L’Algérie Aujourd’hui : «Le pétrole de demain sera plus cher»

by Mohamed Redha Chettibi
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L’expert international en énergie Mourad Preure revient dans cet entretien sur la production pétrolière de l’Algérie et les perspectives du secteur énergétique du pays, à l’ombre de la transition énergétique que connaissent les marchés mondiaux.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR NABIL M.

Un nouveau président d’Alnaft pour intensifier la production d’hydrocarbures, en coordination avec Sonatrach et ses partenaires étrangers actuel et à l’avenir. Peut-on dire que l’Algérie s’apprête à une relance de sa production, notamment avec la nouvelle loi sur les hydrocarbures qui prévoit une dynamisation du secteur ?

Celui qui a été nommé à Alnaft, à qui je souhaite une bonne réussite, est un ancien de Sonatrach, donc il maîtrise le secteur. En plus, ceci permettra une plus grande communication avec Sonatrach. Pour la relance de la production, elle sera dans l’avenir, car il existe un délai pour mettre à terme les projets d’exploration et d’exploitation des gisements.

La relance de l’exploration ne peut pas se traduire par une relance de la production. La loi et les décrets d’application doivent être au point. Entre l’appel d’offres et la signature du contrat et par la suite l’ouverture du chantier, en considérant que l’exploration soit positive, on est au minimum dans un délai de 5 ans.

Par contre, l’impact immédiat, c’est celui de rassurer les compagnies pétrolières étrangères qui veulent investir en Algérie. Il faut toujours être dans l’anticipation. L’intérêt des compagnies pétrolières étrangères, c’est qu’elles viennent en Algérie à travers des partenariats mixtes, afin de relancer notre production pétrolière et gazière par des investissements, tout en déployant un système énergétique mixte et en impliquant l’industrie nationale et l’université également.

Peut-on dire aujourd’hui que les énergies fossiles ont encore de l’avenir ?

L’investissement dans le monde en exploration production a baissé de 1000 milliards de dollars depuis 2014. Les investissements dans le monde avaient atteint leur pic vers 2013, avant de subir les crises économiques, pétrolières et la pandémie de Covid.

L’Algérie n’a pas profité des pics des investissements dans l’exploration-production (2005-2013). Après, il y a eu les blocages des explorations pétrolières en raison des problèmes générés par les soucis de l’environnement et les risques de réchauffement climatique mélangés à la transition vers l’énergie verte.

Ce qui a provoqué une offre pétrolière qui n’arrivait pas à satisfaire la demande future, tirée par les pays émergents. Les besoins en terres rares, le lithium ou encore le cobalt et même en cuivre ne peuvent pas être structurellement ajustés sur une croissance robuste de l’électromobilité.

Sans compter qu’il faudra produire l’électricité que consommeront ces véhicules, et si c’est avec des centrales à charbon, on n’est pas sorti de l’auberge. Les compagnies pétrolières avaient un peu relâché l’effort dans l’exploration production à part les compagnies américaines qui n’étaient pas dans cette logique, ce qui n’était pas le cas des compagnies européennes, qui se sont fixé des objectifs de leader dans l’énergie verte.

Il faut rappeler que l’énergie fossile couvre 82% des besoins dans le monde. Le pétrole et le gaz sont autours de 60 et 55% depuis une soixantaine d’années. Le pétrole représente 92% de la consommation des transports alors que ce dernier ne représente que 62% de la
consommation pétrolière, dont les véhicules consomment 24%.

Dans ce cas de figure, si on réduit de 10% la consommation des véhicules, à travers la conversion vers l’électrique, cela n’aura pas un grand impact sur la consommation de pétrole. Donc selon mes prévisions, les pétroliers vont se remettre à travailler et le gaz va jouer un rôle important dans la génération électrique.

Comment l’Algérie peut-elle accompagner la transition énergétique qui est devenue indispensable dans tous les pays du monde ?

Ce qui essentiel pour moi, c’est de se mettre dans une posture d’acteur énergétique. Nous sommes actuellement dans la quatrième révolution industrielle, avec tout ce qui englobe comme internet, réseaux de savoirs, le big data, Cloud Computing, la 5G, etc.

L’Algérie doit allier la transition énergétique et celle numérique. Elle peut ainsi entrer dans le cercle de leaders dans le Cloud Computing (informatique en nuage), car l’Algérie peut accueillir des clouds des grands acteurs du numérique du monde comme Microsoft et Amazon, car les caractéristiques du cloud, c’est que c’est un grand consommateur d’énergie et l’Algérie en regorge.

C’est un marché qui peut générer un grand intérêt de nos universitaires et nos jeunes diplômés, qui auront un rôle à jouer dans l’écosystème des startups et devenir des sous-traitants de Microsoft et Amazon par exemple. En plus du solaire et du gaz, la grande richesse de l’Algérie, c’est aussi sa grande surface qui permet l’installation des panneaux photovoltaïques et des fermes énergétiques.

Pour ce mois d’août, l’Algérie a encore baissé sa production de pétrole de 20.000 barils/jour, ce qui fait une production actuelle de 940.000 b/j. Jusqu’où l’Algérie peut-elle aller dans la baisse de sa production pour soutenir les prix ?

En fait, dans la question de la baisse de la production, il faut relativiser. Un baril que tu ne vends pas, c’est un baril qui peut être vendu demain. Moi, je ne suis pas militant d’une augmentation de production. Il faut savoir que 80% de la demande ça va être les pays émergents, donc le pétrole de demain sera plus cher.

L’Algérie, si elle baisse sa production, elle permet à ses gisements de respirer et à sa production de se vendre au prix fort. Il faut savoir que la consommation pétrolière interne de l’Algérie et le désinvestissement qu’il y a eu auparavant pendant une vingtaine d’années pèsent sur la production actuelle. Si l’Algérie maîtrise sa consommation en carburant, déjà, elle renforce sa position. En plus, sa situation financière lui permet de baisser ses exportations de pétrole, sachant que le gouvernement insiste sur la diversification de l’économe, ce qui nous mène à ne pas s’inquiéter sur la position de l’Algérie sur le marché pétrolier, qui est historique.

En plus, aujourd’hui, il y a une scène énergétique internationale composée de plusieurs marchés. Ce qui renforcerait la position de l’Algérie sur la scène énergétique internationale, c’est qu’elle soit visionnaire. Il nous faut un plan de vision 2030.

Une baisse de production algérienne de pétrole d’une part et un baril de Brent au dessus des 85 dollars d’autre part, l’Algérie est-elle gagnante en termes de recettes pétrolières ?

Il faut avoir une vision offensive du prix de pétrole. Nos recettes augmentent, car le baril augmente aussi. On peut se permettre de réduire nos ventes sans que nos entrées financières soient impactées. On peut dire qu’on est dans une situation de prospérité pétrolière. Il y a deux choses sur lesquelles il faut insister : sur le plan national, il faut qu’il
y ait une rigueur prudentielle, notamment en matière de financement de l’économie.

Aussi, il faut une politique de l’offre, qui nécessite un soutien de l’État, à travers un fonds souverain national, et enfin, un développement du territoire. Je dis que les prix du pétrole sont orientés à la hausse, mais il y a des tendances haussières de court terme, mais il existe aussi des tendances de court terme qui peuvent être en conflit avec cette tendance de long terme. Cette dernière est tirée par l’anticipation d’épuisement des ressources.
Dans son rapport mensuel du mois d’août, sur le marché pétrolier, l’Opep table sur une
forte demande en 2024.

Les prévisions sont elles prometteuses pour un baril à plus de 100 dollars à l’avenir ?

Il faut savoir que l’augmentation de la demande tournait autour de 1,5 million de barils par jour durant une vingtaine d’années. Aujourd’hui, ça augmente au-dessus de 2 millions, ce qui est significatif. Mais il faut comprendre qu’il existe toujours un risque, à voir la crise en Europe qui a touché des puissances économiques comme l’Allemagne et la France. Donc la situation économique mondiale est très incertaine.

La position de l’Algérie, en tant qu’acteur énergétique important en Afrique, pourrait-elle influencer son adhésion au groupe des Brics ?

L’Algérie représente un fort potentiel. Ceux qui sont en train de contester l’ambition de l’Algérie à entrer dans les Brics se trompent. L’Algérie ce n’est pas le niveau du PIB seulement ou la part des hydrocarbures ou nos exportations ou autre. L’Algérie est le plus grand pays d’Afrique qui a sept frontières et doté de ressources inestimables non encore valorisées. Elle tient la route sud de l’Europe vers l’Afrique. C’est un pays pivot et c’est connu. Il est face à l’Europe et profondément ancré en Afrique.

L’Algérie a une position forte. Elle est dans une situation qui ouvre plus de perspectives. Il faut rappeler qu’elle est à seulement 800 km des côtes françaises, de quelques kilomètres de l’Espagne et de l’Italie. Elle est aussi la porte de l’Europe vers l’Afrique et également de l’Afrique vers l’Europe. Aussi, il ne faut pas oublier que l’Algérie possède un ensoleillement exceptionnel de 3500 heures par an sur 86% du territoire national.

En plus du gaz, ce qui nous permet de fournir une énergie pilotable pour l’Europe. Ainsi, l’Algérie est considérée, avec la Turquie, comme un des pays les plus importants dans la Méditerranée non européenne. En ce sens, je vois un axe Alger-Abuja Johannesburg, qui est un axe fort de développement qui va donner une impulsion décisive à l’Afrique.

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