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Avec la regrettée Ouardia, il fut surtout l’acteur fétiche de Mahmoud Zemmouri.
Alors qu’il était encore adolescent, Mustapha El Anka, l’ainé des enfants du pionnier de la chanson chaâbie, né de son premier mariage, décide de s’exiler en France au début des années 1940. Après quelques années de souffrance et de désarroi, il réussira à donner des concerts en compagnie notamment de certains grands chanteurs comme Ahmed Wahbi et Cheikh El Hasnaoui. Passionné par l’art, l’artiste ne pouvait plus se passer de la scène. Il se fait admirer par les émigrés algériens car il chantait indifféremment en kabyle et en arabe, des thèmes liés à la dureté de l’exil et en leur rappelant le pays d’origine. Il animait une émission à l’ORTF avant de rejoindre la troupe du FLN. Outre « El Qvayel », hymne qui fait balader l’auditeur au pays des aïeux du côté de Azazga, il passe à la salle Ibn Khaldoun où il chantera merveilleusement « Ya Malik El Mlouk Rebbi », autrefois enregistrée par son père sur disque 78 tours. Parmi les belles chansons interprétées par Mustapha El Anka figure celle où il répondait à un appel émouvant de son père. En effet, touché par le départ de son fils en France, Hadj El Anka lui avait lancé un appel à travers une chanson en kabyle « Izriw Yeghlev Lehmali », dont les paroles furent écrites par le jeune Kamel Hammadi et qui, plus tard, sera reprise et remaniée avec brio par Matoub Lounes. Mustapha répondra à son père par une chanson en arabe «Ya Abi ya Abi… Hobbek Dima Fi Qelbi» (Mon père, mon père, ton amour est toujours dans mon cœur) qui aura un grand succès. Après cette chanson qui fut un beau message, Mustapha a retrouvé son père qui n’a jamais cessé de l’aimer.
Une riche carrière d’acteur
En 1963, Mustapha de retour au pays, a rejoint le TNA qui venait d’être nationalisé. Mustapha Kateb, qui connaissait bien ses qualités artistiques, lui octroie des rôles dans plusieurs pièces où il confirmera ses dons de comédien, notamment dans le registre de la comédie. En 1968, il s’essaye au cinéma et c’est une vraie carrière d’acteur qui commencera pour cet artiste très doué. Au début des années 1970, il fit partie aussi de la Troupe du théâtre populaire (TTP) dirigée par Hassan El Hassani. Cette troupe qui regroupait de grands comédiens tels que Tayeb Abou El Hassan, Kaci Ksentini et Hamid Nemri, avait joué un grand rôle en rapprochant le théâtre du public dans les zones les plus reculées du pays. Ceux qui avaient suivi ses prestations se souviennent du rôle de garde-champêtre joué par Mustapha El Anka dans la pièce «Ti goules ou ti goules pas». Sachant peut-être qu’il ne pourra jamais remplacer son père, Mustapha a toutefois carrément mis fin à sa carrière de chanteur et décida de se consacrer au cinéma et à la télévision. Les plus grands réalisateurs feront appel à lui. Il jouera dans « le Charbonnier » de Mohamed Bouamari, « Prends dix mille balles et casse-toi » de Mahmoud Zemmouri », dont il devient le comédien attitré puisqu’on le retrouve dans « Les folles années du twist » puis dans « De Hollywood à Tamanrasset » et dans « L’honneur de la Tribu » adapté du roman de Rachid Mimouni. Il est apparu aussi dans « La dernière image » de Lakhdar Hamina. Sa carrière dans le cinéma aura été l’une des plus riches en Algérie puisqu’il jouera dans une soixantaine de films. Ses passages à la télévision ont tous été des succès et il sera connu sous le personnage de Daim Ellah, un receveur dont le mariage s’achèvera sur une tromperie. En 1986, il incarna dans « l’après-pétrole » de Mohamed Hilmi le rôle d’un père de famille nombreuse alors qu’on parlait de la nécessité de limiter les naissances. Mustapha el Anka est né le 6 septembre 1923 et mourut le 3 novembre 1993 à l’âge de 67 ans.
Bari Stambouli
horizons.dz