Jusqu’à la fin du mois en cours, le CCU d’Alger abrite cette exposition de pebble art (l’art des galets), où le visiteur aura l’occasion de découvrir une trentaine de tableaux qui ressuscitent ainsi de grandes personnalités de la culture et de l’histoire algériennes.
Si beaucoup de journalistes s’essayent à l’écriture romanesque, Amine Goutali a choisi une autre voie, notamment celle d’un art atypique peu répandu ou quasi absent de la scène culturelle algérienne : l’art de galets ou le “pebble art” en anglais, qui consiste à composer des tableaux avec des galets.
Et le journaliste culturel et aujourd’hui rédacteur en chef au quotidien Horizons s’est pris de passion pour cet art, et est arrivé à se créer un univers propre à lui, où ses personnages, inspirés de grandes personnalités algériennes, telles que Dahmane El-Harrachi, Amar Ezzahi ou encore l’Émir Abdelkader, sont ressuscités au plaisir des amateurs et curieux.
Pour présenter tous ces hommes et femmes issus de la culture ou de l’histoire du pays, Amine Goutali expose une trentaine de toiles, jusqu’à la fin du mois, au CCU sciences humaines d’Alger.
En pénétrant dans la salle d’exposition, le visiteur est juste émerveillé par l’ingéniosité, mais surtout par l’imagination sans bord de cet artiste qui arrive à donner vie à ces cailloux qu’adorent ramasser les enfants sur le rivage.
Comme dans un conte, nous retrouvons des œuvres représentant divers personnages et thématiques, et ce, depuis Cheikh Bouamama jusqu’aux six fondateurs du FLN, des scènes de bataille ou encore la mer – essence de ces œuvres –, la nature, l’amour, une réfugiée, des musiciens… intitulées L’Émir ; Les fondateurs ; El-Hadj El-Anka et sa troupe ; Soufi mon amour ; ainsi que d’autres tableaux empreints de chansons connues telles que “Quand on n’a que l’amour”, Où tu voudras, quand tu voudras.
Avant de sauter le pas et penser à montrer son travail dans la vie “réelle”, Amine partageait ce hobby sur les réseaux sociaux et ne laissait pas de marbre les internautes.
Concernant cet intérêt pour cet art, il nous a raconté qu’il a découvert le pebble art par le fruit du hasard, lors de ses balades quotidiennes en bord de mer. “La mer fait partie de ma vie et c’est un élément constituant dans ma manière de voir les choses, notamment sur le plan artistique”, affirme-t-il.
Ainsi, durant la période de confinement, muni de son panier, il récoltait ces galets, qu’il finissait par aligner et à leur donner forme. Suite à cette “occupation”, il a découvert le sculpteur syrien Nizar Ali Badr, “un spécialiste des galets.
Un artiste extraordinaire !”. Alors, Amine décide de tenter le coup et de s’essayer dans cette pratique. “En février dernier, j’ai commencé à réaliser des tableaux. C’est un travail énorme, mais avec de la pratique j’ai appris à faire le tri pour le matériau, la forme, la couleur et les motifs inscrits”, explique-t-il.
Et de poursuivre à propos du collage : “Je repeins seulement le contre-plaqué et le cadre, je tiens à garder fidèlement la forme et les couleurs des galets, que je fixe à l’aide de la colle blanche ou de la résine.”
Au sujet de cette démarche plutôt écologique, Goutali estime que “la nature nous offre des choses tellement belles qu’il ne faut pas les triturer avec du vernis ou de la peinture. C’est un choix esthétique ! Même si je dois laisser certaines pierres couvertes de sel de mer, on doit respecter ce que la nature nous offre”.
D’ailleurs, il insiste sur le fait que la nature est “pourvoyeuse” d’éléments artistiques “extraordinaire” et “la nature nous offre tous les moyens pour nous exprimer”. Quant à ses inspirations, la “pierre angulaire” de ses travaux repose sur le personnage.
Car “contrairement aux arts plastiques où nous pouvons peindre des paysages, j’ai axé mon travail sur des personnages qui expriment beaucoup de choses comme le guerrier, le soufi, l’écrivain et les musiciens auxquels j’ai consacré une vingtaine de tableaux. Et à travers ces travaux, je rends hommage à Lamari, Guerrouabi…”.
Pour cette première de “Pierres précieuses”, qui ne cesse de drainer les amateurs d’art, Amine Goutali a l’intention de sévir encore, et ce, en proposant pour une prochaine date une exposition dédiée à Alger à travers ses personnages.
Source : https://www.liberte-algerie.com/culture/ou-lart-de-redonner-vie-aux-galets-370400