Que signifie le retour de Ramtane Lamamra, un spécialiste des conflits africains à la diplomatie algérienne?
Par Tarek Benaldjia
Si l’élite politique ou militaires africaines, qui sont visées par cette nomination ne sont pas suffisamment qualifiées pour identifier ce type de désignation de Ramtane Lamamra et organiser une réponse appropriée aux anciennes puissances coloniale, la société africaine elle-même est vouée à une défaite géopolitique écrasante !
En effet, le président de la Commission de l’Union africaine s’est félicité de la nomination de Ramtane Lamamra, Haut Représentant de l’Union africaine pour faire taire les armes, comme ministre des Affaires étrangères suite à la formation du nouveau gouvernement, lit-on dans un communiqué officiel rendu public par l’institution panafricaine. Moussa Faki Mahamat a tenu à souhaiter «pleins succès» au successeur de Sabri Boukadoum, tout en l’assurant du «soutien total» de la Commission de l’Union africaine et de sa «disponibilité à œuvrer avec lui pour la réalisation des Aspirations de l’Agenda 2063».
Ainsi, la désignation de Ramtane Lamamra au poste de ministre des Affaires étrangères en Algérie est perçue comme une victoire pour toute l’Afrique. Son retour aux affaires dans son pays a soulagé le président de l’UA qui y voit un atout majeur dans le parachèvement des grands projets africains visant à sortir le continent du sous-développement à long terme, grâce aux efforts auxquels le diplomate algérien chevronné concourra avec une grande efficacité.
Ce soutien que l’Union africaine vient d’apporter au nouveau ministre des Affaires étrangères suscitera, à n’en point douter, des frictions au Maroc qui considère le retour de Lamamra comme un échec amer pour la France et le Makhzen qui voient ainsi leurs projets contrariés par la présence au sein du gouvernement algérien d’un chef de la diplomatie au carnet d’adresses rempli et qui jouit du respect de ses pairs, aussi bien au niveau des Etats qu’au sein des instances et organismes internationaux.
Ce n’est pas pour rien que Ramtane Lamamra a été nommé par le gouvernement suédois au sein du Conseil d’administration de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm en avril 2020.
La politique franco-africaine, autrement appelée Françafrique, est extrêmement nocive. Après la proclamation de l’indépendance des anciennes colonies françaises d’Afrique, des réseaux politiciens ont assuré la continuité du pillage du continent noir au profit notamment des hommes de pouvoir en France en plaçant des dictateurs corrompus à la tête des États nouvellement indépendants.
Depuis plus de quarante ans, la politique française en Afrique vise uniquement à exploiter les ressources naturelles et géopolitiques des pays francophones. Les profits sont immenses. La corruption, le meurtre, la manipulation et la guerre. C’est le plus long scandale de la France, soi-disant patrie des droits de l’homme, a soutenu, au-delà de toute raison, les inspirateurs et les auteurs du génocide rwandais.
La France Afrique, c’est autre chose, le pré carré de toutes les compromissions et de tous les coups tordus, un espace protégé où l’impunité est assurée aux puissants. Jamais n’est mentionné le rôle néfaste de la puissance étrangère ayant eu intérêt à provoquer la catastrophe. Il est temps de reprendre l’affaire à zéro et oser dire, preuves à l’appui, que l’histoire officielle a été truquée. Les années quatre-vingt-dix demeurèrent celles d’une collusion entre intérêts français et pratiques illégales sur le continent Africain.
Jacques Chirac ne confiait-il pas lui-même, hors micro, en 1999 : « Il faut bien que les dictateurs gagnent les élections » ?
Depuis des siècles de domination coloniale à nos Indépendance, les africains n’ont pas tiré les bonnes leçons de ces périodes sombres de leur histoire, ceci en imaginant un nouveau « paradigme de déterminisme ». Lequel aurait certainement permis après les indépendances, aux États africains de créer un outil de défense performant.
Aujourd’hui, puis que cela n’a pas été fait, chaque pays du continent africain se trouve sous la menace continuelle d’une nouvelle colonisation. Ni la France, ni les États-Unis, et dans une certaine mesure congrue le Royaume-Uni, ne peuvent supporter toute idée de nationalisme, de patriotisme, voire de souverainisme venant des dirigeant des pays les plus dotés de ressources naturelles prouvées.
Pour nous, il est tout à fait clair, que ceux qui ont tracé les frontières africaines après la Première Guerre mondiale il y a un siècle, sont les mêmes que ceux qui cartographient aujourd’hui le continent. Ils se préparent également aujourd’hui à utiliser de nouvelles cartes stratégiques contre la Libye, l’Algérie, le Mali et dans une moindre mesure contre la Tunisie.
Tous les dirigeants qui ont pensé au développement économique, social et politique de leur pays, sont passés rapidement de vie à trépas, presque toujours par l’association de ces trois pays. Les cas de Thomas Sankara , Patrice Lumumba, assassiné par les services secrets belges, est relativement connu, ceux des Camerounais Félix Moumié (empoisonné par des espions français à Genève) A la même période, la France mettait en place des plans d’action dirigés contre des militants du FLN algérien ou leurs avocats.
S’agissant de la France, elle veut, dès 2023, mettre son armée aux normes des guerres dites de grande ampleur. Il apparaît de cette nouvelle volonté française que depuis toujours son armée n’a été qu’une armée coloniale, juste bonne à déstabiliser des États africains volontairement rendus faibles par sa politique de pillage et de corruption.
Toute fois, la doctrine militaire nouvellement actée par les élites militaires et politiques, ne répond qu’à une seule préoccupation : contrer la percée russe en Afrique francophone. En effet, face à la prise de conscience que c’est la France qui les déstabilise par rébellions, terrorisme ou djihadisme interposés, les États africains se tournent de plus en plus vers la Fédération de Russie, pour surtout les questions de défense, et vers la Chine, pour celles relevant du développement économique et social.
Sentant sa diplomatie affaiblie sur le continent en raison des activités perverses qu’elle y mène, la France se voit obligée d’envisager le volet militaire pour tenter d’y reprendre la main. Mais, comme elle sait que son armée n’est pas capable de se confronter à la Russie, elle a élargit son action à certains de ses voisins impérialistes, dont particulièrement les États-Unis et le Royaume-Uni pour venir à bout d’une armée russe, de plus en plus puissante.
La France va sûrement expliquer sa nouvelle doctrine par diverses arguties, mais là réalité restera toujours la même : elle se prépare à faire la guerre en Afrique avec surtout la Russie et dans une certaine mesure, avec la Chine ou improbablement avec la Turquie. Car, elle se voit menacée de ce qu’il est convenu d’appeler son pré-carré se réduit à grand vitesse.
Elle est mise à la porte en RCA, elle se cherche au Mali où la population et le régime de la transition ne veulent plus d’elle, sans compter le Tchad ou le Congo Brazzaville qui lorgnent maintenant du côté de la Russie.
D’un autre côté, la France sait avec pertinence que si elle perd ces pays aux ressources immenses, elle perd du coup sa place de 5ème puissance économique et militaire, et qu’en conséquence, soit elle négocie avec la Russie des conditions de partage des fruits dolosifs issus de sa présence en Afrique, ou avec les États où elle mène sa prédation, comme c’est le cas au Mali où elle a dépêché, il y a juste quelques jours, deux émissaires de haut rang rencontrer le Président de la transition qu’elle a qualifié d’illégitime et pour laquelle elle y a cessé les activités de son opération Barkhane.
Ainsi, l’on s’aperçoit que la France mesure à présent l’inopportunité de sa politique de prédation menée en Afrique depuis les indépendances, pour ne prendre que cette courte période. En revanche, pour les africains, les choses sont claires. Si la France ne peut pas assainir le cadre général de sa coopération avec ses anciennes colonies africaines en tirant un trait définitif sur les accords secrets de coopération et défense qu’elle a obligé les pères fondateurs des supposées indépendances, alors, nous la mettrons purement et simplement sur le carreau, au profit d’autres pays plus respectueux des droits de tout peuple à se déterminer par soi-même.
D’un point de vue général, les raisons de la hausse de cette pensée hostile à la France aussi bien en Algérie qu’en Afrique, peuvent être divisées en quatre catégories.
La première, est la réaction et le manque de confiance à l’égard de la France en Afrique en raison de son passé colonial. La diffusion d’une opinion anti-française parmi les peuples africains est une conséquence naturelle des massacres commis par la France durant son occupation et des politiques coloniales appliquées par la suite.
La deuxième, est le fait que la France, qui a maintenu son influence dans notre pays sur le plan politique, culturel et économique avec la continuation du néocolonialisme qui a suivi l’indépendance en Algérie , a porté au pouvoir les hommes de son choix malgré le désir de notre peuple. Cette situation a naturellement provoqué la réaction du peuple à l’égard de la France.
La troisième est la perception par le peuple africain de la France comme à l’origine même de tous ses problèmes, car le continent est une des régions les plus riches du monde. Malgré cette potentialité économique l’Afrique reste en dessous des pays en voies d’émergence, ce qui laisse à penser que la France a une responsabilité importante dans la situation actuelle.
La quatrième catégorie est le débat concernant l’ingérence intolérable de la France dans le destin du choix des peuples à élire son président contre vent et marée à travers son mouvement contestataire et nationaliste contre les régimes corrompus des chefs de l’Etat fantoches , ce qui a permis d’éveiller les peuples africains sur la face cachée de la France et son souhait de ne pas voir la démocratie régner en Afrique.
Mieux, qu’elle sache qu’en l’état actuel de la réalité, l’Afrique rejette avec énergie le monde unipolaire américano- occidental et décide de s’inscrire dans la nouvelle dynamique : le multilatéralisme aux côtés des pays des BRICS et de L’Organisation de Shanghai pour la coopération (OSC). Et ce, quelque soit les armées qu’elle va lever l’ancienne puissance coloniale contre le continent.
Le temps joue grandement contre ceux qui traînent. Les différences de niveaux vont croissants et ce dans presque tous les domaines. Les occidentaux donnent un accès assez ouvert au savoir et à la connaissance, il s’agirait d’en profiter et ensuite d’en faire profiter tout le monde au lieu d’avoir une brouette de dictateurs tous plus ou moins débiles et cruels pour certains.
L’Afrique, doit revenir à la table des grands de ce monde, il faut juste qu’elle s’en donne les moyens et les dirigeants…L’esprit africain collectif, recommande la mise en branle de combat comme mouvement susceptible de sortir de la situation présente en faveur d’un processus de paix qui conduise bel et bien à la paix. Les traits héréditaires vous attribuent une responsabilité pour aller de l’avant. C’est votre façon de marcher. C’est votre identité culturelle et votre histoire. C’est votre appartenance géographique à l’Afrique. C’est l’héritage des millions d’années dont il s’agit et il n’y a personne d’autre à assumer ces responsabilités que vous (Africains).
À l’occasion d’un de ses nombreux déplacements au Mali, Kadhafi avait déclaré ceci « Le nord du Mali est très riche en ressources minières. Plus globalement à ses ressources énergétiques et minières telles l’or et l’uranium, Si vous ne preniez garde, un jour les occidentaux vont venir s’installer définitivement pour exploiter vos richesses… ».
Si, rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant au final une explosion et l’intervention des agresseurs géopolitiques dans une mission périlleuse de protection de leurs valeurs criminelles et de sauvegarde de leurs intérêts sur le territoire africain. Histoire de s’approprier les ressources locales ou au « mieux » éviter qu’elles ne tombent aux mains de leurs concurrents, Les faits semblaient nous donner raison à plusieurs reprises. Mêlant à la fois le pétrole et les ressources énergétiques de l’Afrique.
On le voit, il n’est plus temps de tergiverser, sinon, demain la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers. En 1994, et en moins de trois mois, 800 000 Tutsis sont massacrés au Rwanda sous les yeux impassibles de la France. Dans le même temps, de véritables armées privées sont recrutées et entraînées dans l’hexagone par le biais d’organismes tels que le DPS « Département protection sécurité » du Front national. Ainsi, alors que l’on croyait en avoir fini avec le paternalisme français et ses rapports incestueux avec un certain nombre d’autocrates africains.
Le président français Emmanuel Macron a annoncé vendredi que la France commencerait à fermer ses bases dans le nord du Mali “au second semestre 2021” avant la fin de l’année, dans le cadre de la réduction du nombre de forces françaises combattant dans la région du Sahel. Il a même déclaré lors d’une conférence de presse à l’issue des pourparlers au sommet avec les dirigeants des cinq pays d’Afrique de l’Ouest que la fermeture des bases de Kidal, Tessalit et Tombouctou « sera achevée d’ici début 2022 ».
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l’Algérie, allié traditionnel des russes et des chinois, est restée debout malgré toutes les tentatives de déstabilisations, essentiellement menées par la France et ses sbires (états, organisations et même personnalités) et cela serait une victoire en soi pour les partisans d’un monde multipolaire dirigé par les BRICS.
Il se trouve que cette Algérie occupe une place géographique ( donc géopolitique) incontournable aux portes Nord de ce riche continent qu’est l’Afrique; alors quoi de mieux pour les Russes et les chinois, comme situation, de travailler avec leur allié stratégique (historique de surcroît) afin de mettre fin à l’hégémonie des impérialiste yankees sur les richesses des peuples du Sud, longtemps colonisés.
L’Algérie et ses alliés ne vont pas faire le boulot gratuitement, rien que pour chasser les voleurs…. non pas du tout … néanmoins leurs dus vont le prendre équitablement en rendant meilleurs le quotidien des africains et ce en les impliquant à travailler pour leurs propre bien être et pas pour les voleurs occidentaux et leurs larbins dictateurs africains communément appelés leaders africains.
La nomination de M.ramtane lamamra que les USA avaient refusée en sept 2020 , pourtant connu pour sa compétence et son large carnet d’adresse, prenne le post de représentant du conseil de sécurité de l’ONU en Libye après le fiasco de son prédécesseur franco-libanais, à savoir Ghasen salame غسان سلامة père de la journaliste Léa Salamé , qui a gravi les échelons de france 24, I-télé …pour atterrir enfin sur France2 ( en France cela n’est possible que si l’on est pro-qlq-chose anti nationaliste)….et on fini par donner ce poste au Slovaque Jan Kubis….
Merci Monsieur Tarek pour ce récit géopolitique hyper intéressant