Source: aljazaer.com
Ramadhan d’antan à la Casbah d’Alger !
Nombreuses les familles qui sont nostalgiques du ramadhan d’antan où les repas dans chaque foyer se distinguaient par des préparations culinaires originales, alliant la fantaisie et l’innovation, et durant lequel les marchés embaumaient de parfum d’herbes aromatiques.
Quand pointait Sidna Chaâbane, les dames de la Casbah ferventes et courageuses pilonnaient toutes les épices, roulaient le couscous et toutes les pâtes traditionnelles qu’elles séchaient et mettaient dans des petits sacs en toile. Les incontournables mets du mois de ramadhan qu’étaient la «chorba», une soupe préparée dans une marmite en terre cuite à base de petits vermicelles préparés à la main ainsi que la «sfiria», un tajine de poulet ou de viande accompagné de croquettes de pain, font partie du passé.
Cérémonial :
Les préparatifs de ce mois de jeûne, était jadis un cérémonial auquel nulle famille ne dérogeait puisqu’il était, à l’époque, de bonne tradition de se réunir entre femmes pour s’adonner à la préparation du «vermicelle» et aussi les « dyoul », pour le « bourek ». Une fois que les provisions sont stockées dans la «Sedda » (planches soutenues grâce à des madriers enfoncés dans les murs en hauteur) pour le mois du jeune, il ne reste au père de famille qu’à acheter viande blanche ou rouge, légumes et fruits, poissons et surtout la semoule pour préparer la galette. Pour tous ces achats, il fallait serrer la ceinture durant une année pour mettre un peu d’argent de côté. La bourse de nos ainés à l’époque coloniale était dérisoire, mais cependant très prévoyants, ils combinaient pour avoir une vie sociale acceptable. Ainsi, toutes les préparations se faisaient minutieusement jusqu’au jour « J ». Ces bonnes vieilles coutumes, précédées par le grand nettoyage des demeures, l’achat de nouveaux ustensiles, notamment en terre cuite pour mijoter de bons petits plats.
De ces traditions ancestrales, il en reste peu ou prou, excepté dans certaines familles, notamment celles dont les parents, de l’ancienne génération, sont encore vivants et veillent encore à perpétuer les habitudes culinaires traditionnelles. Jadis, ce mois rimait avec «piété», «solidarité» et «convivialité». «Il faut savoir que la communauté était organisée telle une fourmilière». Des préparatifs se faisaient dès Chaâbane pour le mois de ramadan accueilli d’ailleurs avec enthousiasme. Il se déroulait dans la convivialité, marqué par des cérémonies religieuses, des veillées des 15e et 27e jours, les fêtes de circoncisions… On y célébrait aussi le premier jour du jeûne des enfants.
Entraide et solidarité :
Les journées se passaient dans l’entre-aide et la solidarité. Après les travaux ménagers, les femmes se mettaient à la préparation des plats, selon la tradition.
La première journée du jeûne, elles entamaient le f’tour tôt dans la matinée. C’est d’abord la confection de la galette que l’on fait cuire sur un tajine en argile déposé sur un grand braséro où flambent des braises de charbon ardentes. Elles en font pour la famille et pour les besogneux. Une fois le pain maison prêt, elles font leur ménage, leur lessive… Après la prière du D’hor, jusqu’au à l’heure du Maghreb, elles consacrent leur temps à cuisiner. Comme il n’y avait pas de gaz, tous les plats devaient mijoter dans des marmites en argile sur un feu de charbon. Le rituel voulait que le premier jour c’était des plats traditionnels, qui se perpétuent jusqu’à nos jours : une soupe à la viande de mouton, vermicelle et tomate fraîche, accompagnée de bourak ou des briques et un plat sucré (Lham lahlou) : raisins secs, pruneaux secs, viande de mouton, garni de fruits de saison. Ce plat selon la coutume, devait figurer sur toutes les tables. Nos grands mères disaient : « Débuter le Ramdhan avec un mets sucré celà présage un mois doux, sans problèmes de santé, dans la joie, dans la paix de l’âme et de l’esprit, dans la piété totale». Quant aux autres familles dont les moyens leur permettent, les plats sont variés tel un tajine « bounaraïne » (viande hâchée, fromage, œufs…). Sa cuisson se fait sur des braises qui couvrent l’ensemble de la marmite. Il mijote doucement, ça prend plus de temps à cuire mais le goût n’en est que meilleur. Un vrai délice.
Aujourd’hui, tout ces coutumes se perdent ; on cuisine à la va-vite dans la cocote-minute. Rien ne vaut le savoir-faire des cordons bleus de jadis.« Les temps ont bien changé »
Le Ramadhan :
« Le Ramadhan à la Casbah où le marché couvert tenait la place centrale de la vie de la cité, avec des commerçants rivalisant dans la décoration de leurs étals et où le parfum du jasmin régnait en maître des lieux. Même les poissonniers, dit-il, ne dérogeaient pas et à la tradition en entourant leurs casiers de poissons de différentes plantes et herbes aromatiques et odorantes qui exaltaient leurs parfums au grand plaisir des clients.
Les gens se connaissaient bien et se permettaient de taquiner les amis qui ont les nerfs à fleur de peau durant le ramadhan, histoire de passer le temps. «Hélas», « les temps ont bien changé », les étals des commerçants, légaux ou informels, ont envahi tous les espaces de la ville à l’origine d’amas de détritus jonchés un peu partout en fin de journée.
Les soirées de la vieille ville :
D’antan, à l’heure de la rupture du jeûne, une ambiance particulière régnait dans la vieille ville d’Alger. «Des coups de canons marquaient cet instant suivi du «adhan», «Les soirées de ramadan étaient particulières, c’est seulement vers la deuxième semaine du mois sacré que les sorties et les invitations mutuelles commençaient. Les huit premiers jours, nous nous contentions de soirées entre voisines». Ces soirées ponctuées de jeux de « boqala » et autres visites familiales et « gaâdates » autour d’un orchestre de musique andalouse, tout en sirotant un thé à la menthe ou un café arrosé de «maz’har» (fleurs d’orangers), accompagnés de pâtisseries comme le « khobz el bey », zlabia, makrout au miel, bakhlaoua, kalb-el-laouz et autres sucreries comme « hlaouet-el-halqoum » nougat et halwat-turque)….
« On évoquait le temps passé pendant que les hommes sirotaient un thé à la menthe dans les cafés en jouant aux cartes ou au domino et ce, après avoir accompli la prière des «tarawih» . Il nous plaisait souvent de jouer à la bouqala jusqu’au s’hour. Alors, chacune rejoignait sa petite demeure ».
Aujourd’hui :
«Aujourd’hui, ces traditions n’existent presque plus. Le ramadan n’a plus le même goût». Ni la guerre, ni les colons ne réussissaient à troubler ces instants mémorables du Ramadhan à la Casbah d’Alger. Enfin, l’Aïd est là, le Ramadhan s’en allait pour revenir les années suivantes dans la même ambiance. Le Ramadhan d’autrefois était fait d’amour, de partage, des rassemblements entre familles et voisins… Il avait un charme particulier, loin de ce que nous vivons de nos jours.
Mais ceci dit rien n’empêche de jeûner dans les conditions conformes aux de l’Islam, dans l’entraide et la solidarité en mettant en avant le sens élevé et moral de ce mois de piété, et pourquoi pas même dans la lutte contre le gaspillage et autres dérives….
اللهم بلغنا رمضان لا فاقدين و لا مفقودين….آمين
5 comments
Très bel article
Merciiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
La vidéo avec les chansons de Guerouabi Rabbi yarhmou zadet ennouss
Merci chrysalide
Et Oui Redha, Allah yerahmou,ناس القعدة
Aprés avoir aprécié cette merveilleuse virée, et aprés avoir aussi écouté “matdoum el hikma” , Eh ben! c’est le moment idéal pour aller écouter “wahchi l’heb fi qalbi niran” .
Allah ghaleb! 🙂. Merci Chrysalide.
hhhh Contente pour l’inspiration Toufan 🙂