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Révélations – Maroc-gate : Der Spiegel publie une enquête qui enfonce Mohamed VI et ses proches

by Mohamed Redha Chettibi
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Par El Ghayeb Lamine

Le célèbre magazine allemand Der Spiegel s’est penché en profondeur sur le scandale planétaire dun Maroc-gate. Il publie une longue et savoureuse enquête signée par pas moins de quatre de ses grands reporters. Le titre lui-même vous met l’eau à la bouche, bien avant l’entame de la lecture. « Dans les coulisses du scandale de corruption du Parlement européen : Une réunion secrète : dans la suite 412 ». C’est un titre alléchant, à la James Bond, que peut se permettre ce média, fort des centaines de documents qu’il dit avoir obtenus, et qui mettent en avant les « faits d’armes » des barbouzes de la DGED, les services secrets marocains. On peut même voir sur une photo inédite son chef, Yacine Mansouri, en compagnie de Mohamed VI, quand ces derniers étaient encore collégiens, et fréquentaient l’école royale élitiste, réservée à la crème de la crème des richissimes éléments du Makhzen. La machine de la corruption et de la propagande, patiemment et discrètement mise en place par Rabat depuis des années, montre que le mal gangrène profondément le Parlement européen, que celui-ci n’est pas à l’abri de nouvelles et sournoises attaques, et que les eurodéputés achetés sont beaucoup plus nombreux que ne le croient certains. Les transcriptions des interrogatoires d’Eva Kaili, désormais ex-vice présidente du PE, par les enquêteurs belges ont vite montré que le réseau mis en place par les agents marocains étaient autrement plus étendu et sophistiqué qu’ils le pensaient à priori. D’où le mandat d’arrêt lancé contre le chef de la DGED et ami d’enfance de Mohamed VI. Il est carrément question d’une sorte de discrète et efficace opération de prise de contrôle du PE par le Makhzen contre divers avantages, dont des séjours dorés dans des Ryads de rêve ainsi que des sacs bourrés d’argent, discrètement transportés par Abderrahim Atmoun, ambassadeur marocain en Pologne. Le second trait d’union dans ce réseau est Antonio Panzeri, ex-eurodéputé italien, qui a fini par monter une ONG, Fight Impunity, pour continuer son florissant business et travail de lobbying au PE une fois évincé de celui-ci par les suffrages populaires.  Les deux se trouvent désormais en détention. Et les enquêteurs en savent un peu plus sur le modus operandi de ce véritable réseau criminel.  « Il y a d’autres suspects et la police a fouillé plus d’une douzaine d’appartements et de bureaux. Les enquêteurs se concentrent actuellement sur des allégations d’appartenance à une organisation criminelle, de blanchiment d’argent et de corruption ». La profondeur de cet iceberg pourrait  révéler certains de ses autres secrets depuis que les procureurs belges ont annoncé que Panzeri était devenu témoin de l’État, ce qui signifie qu’il est apparemment prêt à témoigner – sur le fonctionnement de son organisation criminelle, sur les accords avec les pays impliqués, sur les structures financières – en échange d’une peine plus légère. Panzeri, disent des responsables belges, est également prêt à citer les noms d’autres personnes impliquées, y compris celles qu’il dit avoir soudoyées. Le manège de ce groupe criminel s’est ainsi poursuivi durant des années, sans que les autorités en charge de la lutte contre la corruption ne s’en soient rendu compte. Quant au Parlement européen, l’opacité de son mode de fonctionnement, au nom de la démocratie et afin d’en préserver l’autonomie, l’a placé au-dessus des processus de contrôles classiques.

 

Un réseau tentaculaire qui touche le sommet du Makhzen

Le Maroc a usé et abusé de l’ensemble de ces failles. Et c’est ce qui explique l’incommensurable colère des eurodéputés, littéralement poignardés dans le dos par un Makhzen, qui prétendait effrontément porter et défendre les mêmes valeurs que celles dont s’enorgueillit le vieux continent.  Selon les premiers résultats de l’enquête, le groupe de Panzeri a reçu des paiements en espèces, qu’ils a ensuite cachés dans des appartements privés. Ce groupe a tenu une réunion conspiratrice dans un hôtel rempli de caméras de surveillance. Les membres de ce groupe ont passé des centaines d’appels téléphoniques en utilisant des connexions non cryptées. Néanmoins, le groupe a apparemment pu opérer sans être détecté pendant plusieurs années, collectant des pots-de-vin non seulement au Qatar et au Maroc, mais aussi en Mauritanie et peut-être même en Arabie saoudite. Nombreux sont ceux qui ont du mal à croire que le réseau Panzeri soit le seul du genre à Bruxelles. “Il y a un certain nombre de pays qui ont systématiquement acheté de l’influence europarlementaire sur une longue période”, déclare la députée écologiste Viola von Cramon. En plus du Qatar et du Maroc, dit-elle. L’enquête a apparemment été lancée suite à une dénonciation : les services secrets d’un pays allié ont averti les Belges qu’une organisation criminelle à Bruxelles tentait de faire valoir les intérêts marocains avec l’aide de parlementaires européens. En avril 2022, le Service de sécurité de l’État belge (VSSE) était devenu convaincu que l’affaire représentait une “menace grave pour la sécurité intérieure du pays et pour la continuité de l’ordre démocratique et constitutionnel”. Dans de tels cas, les responsables de la sécurité sont autorisés à déployer des “mesures exceptionnelles”, y compris des “mesures conformément à l’article 18/12” – la surveillance secrète des suspects à leur domicile. Des agents des services secrets ont perquisitionné le domicile d’Antonio Panzeri avenue Eugène Plasky dans le quartier de Schaerbeek à Bruxelles. Ils ont trouvé une valise sous le lit contenant des liasses d’argent liquide – un total de 380 050 euros en billets de 50 euros. Dans le coffre-fort, ils ont découvert 320 000 euros supplémentaires en coupures de 50, 100 et 200 euros. Avant leur départ, les enquêteurs ont pris soin de tout replacer exactement tel qu’il était avant leur arrivée, et Panzeri n’a rien su de cette discrète perquisition. Panzeri a continué comme avant – maintenant sous la surveillance étroite du VSSE. Les enquêteurs ont recueilli encore plus de preuves indiquant que son réseau travaillait apparemment secrètement pour influencer les institutions de l’UE, en particulier le Parlement européen, au profit du Maroc. Au début de l’enquête, le service de renseignement extérieur marocain DGED est apparu sur le radar. En effet, le chef de la DGED Yassine Mansouri lui-même a été directement impliqué dans la tentative d’influencer les parlementaires européens. Selon les preuves recueillies par les enquêteurs, Mansouri a rencontré l’eurodéputé Andrea Cozzolino, qui ferait également partie du réseau de Panzeri, et peut-être Panzeri lui-même. Les personnes impliquées étaient apparemment conscientes dès le début que leurs activités allaient bien au-delà du travail de lobbying normal. Cela semble clair d’après les méthodes de paiement clandestines utilisées. Giorgi a dit à ses interrogateurs que le système l’impliquait de contacter une personne en Turquie qui avait apparemment une origine palestinienne. La personne de contact lui fournirait alors un numéro de téléphone belge à appeler pour accéder à l’argent. “La personne de contact était différente à chaque fois”, a déclaré Giorgi, ajoutant qu’il supprimait ensuite tous les numéros de téléphone après chaque transaction “afin de ne laisser aucune trace”. Le processus serait répété au maximum deux ou trois fois par an, a-t-il déclaré. “C’était stressant”, s’est plaint Giorgi lors de son interrogatoire. « L’éventuelle implication de la DGED est un détail politiquement sensible. Si elle était fondée, cela signifierait que les tentacules du scandale s’étendraient aux plus hauts niveaux de l’État marocain », s’inquiète Der Spiegel qui, sans doute, n’est pas au bout de ses peines et de ses découvertes. Mansouri était l’un des enfants triés sur le volet choisis pour fréquenter le Collège Royal avec l’actuel roi marocain Mohammed VI. Le Collège Royal est une école du palais royal qui n’ouvre une nouvelle classe que lorsque l’enfant d’un roi atteint l’âge scolaire. Plus tard, le prince et Mansouri ont étudié le droit.

 

Atmoun, Mansouri et les autres…

Lorsque Mohammed est monté sur le trône, il a nommé Mansouri à la tête du DGED. Dans une sorte d’organigramme de la filière marocaine que l’on retrouve dans les dossiers des enquêteurs belges, Mansouri est tout en haut. Juste en dessous de lui se trouve Abderrahim Atmoun, l’ambassadeur du Maroc en Pologne, qui dispose d’excellentes relations à Bruxelles et à Paris. Les enquêteurs pensent qu’il dirigeait les activités du groupe Panzeri sur le terrain. En 2014, il a posté une photo sur Facebook le montrant avec son “cher ami” Panzeri. Le concerné, comme déjà relevé par nous, a déjà été décoré de la prestigieuse légion d’honneur par l’ancien président français Nicolas Sarkozy.  Lorsqu’il se rendait à Paris via Bruxelles, Atmoun apportait fréquemment de l’argent, a déclaré Giorgi lors de son interrogatoire le 10 décembre, selon le procès-verbal de l’interrogatoire. “Des montants moindres, mais tout de même quelques dizaines de milliers d’euros.” Les personnes impliquées semblent avoir été pleinement conscientes que leurs actions étaient illégales, ce qui explique leur utilisation de mots de passe. “Lorsque vous avez ramassé de l’argent, vous avez parlé de ramasser des costumes ou des cravates”, a déclaré Giorgi aux enquêteurs.  Le fait que le gouvernement de Rabat était apparemment prêt à user de vils procédés pour défendre ses intérêts à Bruxelles n’est pas sans raison. Les deux tiers du commerce extérieur du Maroc se font avec l’Union européenne, comme l’a récemment souligné le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, Josep Borrell, lors d’un déplacement dans la capitale marocaine. Il a également noté que plus de la moitié de tous les investissements étrangers au Maroc proviennent de l’UE, ce qui est, a-t-il dit, “difficile à surpasser”. En outre, a déclaré Borrell, le Maroc est le plus grand bénéficiaire des fonds de coopération de l’UE dans la région – avec un total prévu de 1,6 milliard d’euros de 2021 à 2027. La Commission européenne est chargée de décider comment cet argent doit être utilisé. Fort heureusement, Borell a aussi été très ferme en déclarant que les autorités européennes se montreront impitoyables envers les affaires de corruption. D’où la première résolution du PE stigmatisant Rabat concernant la liberté de la presse et les droits de l’Homme au Maroc. Une résolution contraignante, doublée de sanctions, devrait suivre, sous peine de croire que l’UE n’agit ainsi que pour gérer au mieux ce scandale, sans gêner son ami et partenaire européen. C’est en effet l’impérative fin de l’occupation du Sahara Occidental qui doit devenir une priorité absolue pour les dirigeants européens s’ils veulent rester fidèles à la belle et noble image qu’ils n’ont de cesse de renvoyer à la planète entière.

El Ghayeb Lamine

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