Durant plus de cinquante ans, Salim Fergani a hérité d’un lourd fardeau transmis par son père El Hadj Mohamed Tahar Fergani. Le plus grand maître du malouf (école de Constantine) du siècle dernier lui a légué aussi bien des connaissances en matière de chant et musique que la culture et la sagesse des maîtres. Cheikh Salim Fergani, qui figure en tête de la lignée des Fergani depuis la disparition du grand maître, assume bien sa mission de transmission de cet art. Il a répondu favorablement à une initiative du ministère de la Culture en enregistrant une anthologie du chant malouf composée de 40 albums mais ce produit qui devra rester dans l’histoire n’a pas été suivi par la promotion nécessaire. Toutefois, le projet qui lui tient à cœur reste l’ouverture prochaine de l’école Fergani de chant et musique à Constantine. Il nous en parle dans cet entretien où il aborde également d’autres sujets.
Que fait Salim Fergani depuis l’arrivée de la pandémie qui a vu la fermeture des salles de spectacles, ici et à l’étranger ?
Depuis l’apparition de la pandémie, Salim Fergani est en stand by. A cause de la pandémie qui a touché tous les pays du monde, plusieurs contrats ont été annulés en Algérie et surtout en France et au Canada. En 2020, j’ai même contracté la Covid et je n’ai même pas pu assister aux funérailles de ma défunte mère.
Avec l’appui du ministère de la Culture, vous aviez entamé l’enregistrement d’une anthologie de la musique malouf riche de 40 albums. Où en est le projet ?
Avec l’appui du ministère de la Culture, j’ai enregistré 40 albums «Anthologie de l’école de Constantine » dont j’étais satisfait car c’était un exploit. Les enregistrements avaient été achevés en un mois. Les albums sont en possession du ministère sans plus. Il ‘y a pas eu de promotion pour ce travail colossal. C’est bien dommage.
Depuis la disparition de Hadj Mohamed Tahar Fergani vous êtes devenu le chef de file du malouf constantinois. Comment assumez-vous ce statut si difficile?
Depuis la disparition de mon père El hadj Mohamed Tahar Fergani Allah yerahmou, je suis devenu le continuateur non pas de par mon nom mais de par mon travail assidu et mon amour acharné pour ce patrimoine ancestral. C’est ce qui m’a donné le titre de cheikh où de maâlem qui vient aussi du fait de côtoyer les grands à commencer par mon père mais aussi les Cheikh Toumi, Cheikh Benrachi, Hsouna, Bendjelloul, Benelbedjaoui, Zouaoui Fergani, Brahim Amouchi et d’autres. Très Prochainement Inch Allah, je projette d’ouvrir l’école «Fergania» pour l’apprentissage de la musique et chant malouf à notre jeunesse. Bien que lourd, ce fardeau m’est très léger vu que je mémorise le patrimoine constantinois. Il n’y a aucune inquiétude. El Hamdoullah, j’ai honoré mon nom en sauvegardant le patrimoine et en le transmettant aux générations futures.
Dans la famille Fergani, il y a une quarantaine de musiciens et chanteurs. N’avez-vous jamais pensé à donner une sorte de concert familial ?
Absolument. Avec le nombre de chanteurs et musiciens issus de la famille Fergani, je peux former un grand ensemble mixte qui marquera l’histoire et ça restera dans les annales Inch Allah.
Votre jeune frère Mourad ne vous fait-il pas de la concurrence ?
Mon frère ne pourra pas me faire de la concurrence car je suis maître dans mon style qui est le malouf. Lui, c’est autre chose, il compose ses propres chansons dans le style constantinois. Mieux, il m’accompagne dans de grands concerts comme ceux que j’ai donnés à l’Institut du monde arabe à Paris ou dans d’autres.
Quels sont vos projets à moyen et long terme ?
J’ai parcouru le monde. Mon dernier concert fut celui donné au siège de L’ONU mais mon véritable souhait est de me produire un jour à l’Olympia et en Inde. Mon objectif est de faire connaître et de porter notre belle musique le plus loin possible. Je profite pour renouveler mon respect au public et prier Dieu Tout-Puissant pour qu’il épargne le monde de ce maudit virus et que résonne de nouveau la musique. Pour les projets, on attend toujours des jours meilleurs pour donner des concerts notamment en Allemagne et en France.
Entretien réalisé par Bari Stambouli
Le : 25.08.2021 horizons.dz