Maurice Sinet (son identité à l’état civil) restera dans l’histoire de la presse comme l’un des caricaturistes les plus emblématiques du dessin de presse. Ancien de L’Express au temps Jean-Jacques Servan-Schreiber et au plus fort de la guerre d’indépendance algérienne, il s’était singularisé par ses positions anticolonialistes.
Anticolonialiste, Siné se singularisait également par son antisionisme et son anticapitalisme. Proche de Jacques Vergès qu’il avait choisi comme avocat lors d’une de ses nombreuses démêlés avec la Justice, Siné a connu un bref passage par Révolution africaine lorsque l’hebdo était dirigé par l’avocat du FLN.
Faute de pouvoir s’exprimer librement sur l’ensemble des sujets à commencer par les sujets de société, il a préféré écouter son expérience avec l’hebdo de la place émir Abdelkader.
Ancien de Charlie Hebdo, il a été démissionné à l’heure de la direction Philippe Val et ses effets collatéraux sur la ligne du journal.
Le dessinateur et caricaturiste Maurice Sinet, alias Siné, est mort le 5 mai 2016, à l’hôpital Bichat à Paris, des suites d’une opération. Il était âgé de 87 ans. Il était très malade, malgré sa rémission d’un cancer quelques années auparavant.
Chroniqueur régulier de Charlie Hebdo, Siné a été licencié en 2008 pour une chronique jugée “antisémite”. Une accusation pour laquelle il obtiendra la relaxe au Tribunal de grande instance de Lyon en février 2009. Dans l’intervalle, l’affaire qui fit grand bruit à donné naissance à Siné hebdo, puis Siné mensuel, et ramené sous les projecteurs un dessinateur polémique à la longévité remarquable.
Dessinateur, affichiste et chroniqueur, Maurice Sinet est né le 31 décembre 1928 à Paris. Grand Prix de l’humour noir en 1957, Siné se voit proposer, en mai 1958, une collaboration régulière avec l’hebdomadaire L’Express. L’aventure durera jusqu’en 1962, date à laquelle des désaccords au sein de la rédaction viennent interrompre sa participation.
Durant cette période, Siné s’est distingué par des dessins d’humour qui dénonçaient la guerre et les méthodes répressives, dont la torture, employées par l’armée française en Algérie. En septembre 1960, il compte parmi les signataires du “Manifeste des 121” pour le droit à l’insoumission en Algérie.
Dans son introduction à un album consacré à cette guerre et publié trente ans après, Siné se souvient : “…traîné devant les tribunaux par de Gaulle et menacé par l’O.A.S. qui le haïssait, je me sentais décidément du bon côté. […] J’avoue avoir vécu passionnément ces dures années et je ne suis pas prêt de les oublier ni de les regretter. L’Algérie d’aujourd’hui, il est vrai, est loin de ressembler à celle dont on rêvait alors, mais la France n’a vraiment pas de leçons à lui donner !”
Deux de ses dessins, réalisés à l’encre en 1961, figurent dans les collections du Musée national des Beaux Arts d’Alger. A Alger durant le lancement de l’hebdomadaire Révolution africaine à l’invitation de Jacques Vergès, collaboration dont Siné fait état dans le film L’Avocat de la terreur de Barbet Schroeder, le dessinateur concevra le célèbre logo de la Sonatrach, la compagnie algérienne des hydrocarbures en mars 1967, et proposa les couleurs (orange, rouge et noir).
Algérie 360° et Algeriades.com
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“Siné” Un très grand Monsieur J’avais personnellement eu l’occasion de l’approcher en 2000 “Année de l’Algérie à Paris “