Source el watan, photos rajoutees par Hope.
Qui se souvient des aventures de Mkidech ? Qui se rappelle encore les chamailleries de Bouzid et de Zina ? «Pour répondre à cette question, laissez-moi vous vous raconter cette anecdote.
Une fois, on m’a invité dans une école. Dans l’une des classes, l’institutrice a demandé aux élèves s’ils se souvenaient de Bouzid. Aucun élève n’a pu lui répondre. Je me suis dit : c’est fini Slim, personne ne se souvient de toi. Et puis, comme par miracle, un petit garçon assis au fond de la classe lève la main. J’étais content. Il y avait au moins une personne qui reconnaissait mon personnage ! L’institutrice a donc renouvelé sa question. Vous savez ce qu’il a répondu ? Je connais Bouzid, il était dans la même classe que moi l’année dernière !», raconte Slim dans un débat ouvert dimanche dernier sur la bande dessinée algérienne.
Alors qu’en France la bande dessinée est un métier à part entier et reconnu par loi, en Algérie, cet art qui a pourtant fait sa fierté dans les années 1960 jusqu’aux années 1980, n’est plus qu’«un bon souvenir».
«En BD, l’Algérie était une connaisseuse. Elle exportait ses produits et recevait des prix lors des salons des bandes dessinées. Elle était même une bonne conseillère dans ce domaine pour la Tunisie et le Yémen. La BD algérienne a de plus ouvert les portes à la caricature qui s’est exprimée d’une manière très satirique dans El Menchar», dit Lazhari Labter. L’auteur de Bouzid et Zina, Slim, revient à la charge en se souvenant de cette époque où une équipe, très ambitieuse, s’est formée pour créer des personnages de BD. «On rêvait de créer des héros. Nos propres héros. Ils étaient petits et bruns et très différents des héros des Etats-Unis par exemple qui étaient grands blonds et forts».
Slim, de son vrai nom Merabtene Menouar, journaliste, caricaturiste de presse et bédéiste, est né le 15 décembre 1945 à Sidi Ali Benyoub (près de Sidi-bel-Abbes) en Oranie dans l’Ouest de l’Algérie. Son surnom est hérité de son enfance, lorsqu’avec ses copains de jeux, chacun se voyait affublé d’un pseudonyme.
C’est en 1964 qu’il arrive dans la capitale. Il commence par créer Moustache et les frères Belgacem pour la revue M’quidech, mais c’est en 1969, qu’il crée son personnage fétiche, Bouzid, toujours accompagné de sa compagne Zina et du Gatt M’digouti (le chat dégoûté !!), de son fidèle ami « Ameziane » un Kabyle très sympathique doté d’un accent reconnaissable et l’ennemi de Bouzid, le méchant « Sid Esadik », un intégriste notoire.
Ceux-ci deviendront au fil des années, LES personnages de la bande dessinée algérienne.
Débute alors une période faste avec pas moins de six albums en cinq ans :
Moustache et les frères Belgacem (1968)
Zid Ya Bouzid (1969)
Oued Side Story (1970)
Do Ré Mi Fakou !(1971)
Taoura, Taoura
(1973)
La Grande Kechfa (1973)
Chkoune kidnapali Zina diali (1974)
Les Pénuristes (1974)
1980, les années « Algérie Actualité »
En 1980, sa carrière de dessinateur de presse commence réellement. Il intègre l’équipe de l’hebdomadaire Algérie Actualité dès sa création. Pour ce journal, il produira de superbes planches et strips. Ses caricatures décrivant le quotidien algérien de façon humoristique et satirique le feront connaître des néophytes. Puis, à partir de 1983, Slim reprendra la création d’albums commerciaux :
Il était une fois Rien (1983)
L’affaire des « Jil » (1985)
Il était une fois Rien II (1986)
Bouzid à Paris (1987)
1989, l’aventure de la Presse Libre
L’avènement de la presse libre, lui donne de nouveau l’occasion de s’exprimer dans la presse, Grâce à l’hebdomadaire satirique El Manchar, créé avec un groupe de dessinateurs et de bédéistes. Le succès est immédiat, El Manchar devient vite incontournable dans la presse libre mais la tournure des événements et les multiples assassinats que connaît le pays le poussent, comme tant d’autres, à quitter l’Algérie et à s’installer en France où il continuera à produire des albums :
Dessins de presse (1989)
La Boîte à chique (1989)
Bouzid et le vote (1991)
Le Monde merveilleux des Barbus (1995)
Aïnterdit (1996)
Retour d’Ahuristan (1997)
Walou à l’horizon (2003)
Slim a également collaboré avec de nombreux journaux et magazines internationaux dont L’Humanité (Paris) de 1995 à 1997. Il participe régulièrement à la création artistique de campagnes publicitaires pour de grands groupes mondiaux.
Slim aime à répéter ”j’ai créé des personnages algériens pour mon pays mais je suis avant tout un dessinateur qui raconte des histoires censées faire sourire et réfléchir” .
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Hayeeeeel