La question liée à la mise en place d’un cadre juridique et réglementaire pour les activités de sondage d’opinion figure parmi les chantiers prioritaires de la réforme du secteur de la communication. Ainsi, des universitaires saluent cet intérêt et appellent à l’élaboration d’une loi qui garantit une autonomie totale aux organismes qui seront chargés de la réalisation des sondages.
«Le sondage est d’abord un acte scientifique à part entière, car il obéit à des critères, des techniques et une méthodologie», tient à souligner le Dr Zenati Fouad, enseignant en sciences politiques à l’université Oran 2 Mohamed-Benahmed. Pour cet universitaire, les opérations de sondage ont aussi un caractère pratique et concret qui les rend indispensables dans les différents domaines de la vie, ce qui permet d’avoir des visions et des actions anticipatrices. «C’est un domaine très important dans de nombreux Etats et sociétés qui ont atteint un niveau de développement très avancé, notamment dans le domaine économique. Les sondages constituent l’un des outils en fonction desquels ces Etats et sociétés définissent leur politique de gouvernance et prennent des décisions importantes», explique le Dr Zenati. Pour ce qui est de l’Algérie, cette activité souffre un grand retard, estime-t-il. «A vrai dire, les opérations de sondage sont presque absentes des domaines politique, économique ou social. Le hic est que même dans certaines institutions scientifiques, le sondage ne jouit pas d’un intérêt et ce, pour de nombreuses raisons, dont certaines sont de nature objective. Parmi lesquelles, l’absence d’organismes spécialisés qui soutiennent ce procédé en démontrant son utilité et efficacité. Aussi, cette grande lacune trouve une autre explication en rapport avec la position générale souvent méfiante de la communauté scientifique à l’égard des activités de sondage», soutient le Dr Zenati, qui cite un institut qui ne reçoit plus de demandes de réalisation de sondage. Concernant le volet juridique et réglementaire qui constitue l’un des chantiers de la réforme en cours, notre interlocuteur plaide pour des textes qui assurent une autonomie et accordent une liberté d’action aux institutions qui seront chargées de réaliser des sondages en leur permettant de s’autofinancer afin que leur travail soit crédible et à l’abri de toute manipulation, influence ou pression. A la question de savoir si l’incapacité de certaines couches de la société de participer aux opérations de sondage en raison de leur inaptitude à utiliser les moyens techniques de sondage ou simplement par manque d’adhésion, M. Zenati estime que l’aspect sociétal est déterminant. Parmi les obstacles qui parfois faussent les résultats des sondages, il y a l’absence d’une adhésion réelle des personnes sondées qui s’abstiennent de donner des réponses justes et exactes aux questions qui leur sont posées. En guise de propositions, il lance un appel pour associer la ressource humaine dans la réalisation des sondages. «Nous souhaitons que le gouvernement crée des centres de recherche régionaux dotés de cellules de sondage qui traitent de toutes les questions liées aux domaines, social, économique, alimentaire. Une fois créés, ils doivent être animés et encadrés par des universitaires. Il est important que les universitaires puissent participer à la réalisation des sondages d’opinion», a-t-il conclu.
Amel Saher
11.08.2021 elmoudjahid.com