L’affaire Saada Arbane contre Kamel Daoud prend une ampleur nouvelle après la diffusion d’une émission sur AL24news intitulée « Kamel Daoud et Goncourt ou lorsque l’escroquerie est primée ». Cette affaire, initialement révélée par des articles et un podcast, soulève des questions graves quant à la violation de l’intimité et à l’appropriation d’une histoire personnelle sans consentement.
Saada Arbane, victime d’une tragédie durant son enfance et marquée par une blessure à la gorge, a récemment pris la décision courageuse de révéler publiquement les détails de son traumatisme, affirmant que le roman Houris de Kamel Daoud, récompensé par le prix Goncourt, n’est autre que la version romancée de son propre vécu. Selon Arbane, le plus choquant est que l’œuvre contient des éléments tirés de son dossier médical, élaboré par Aïcha Daoud, psychologue et épouse de l’auteur. Ces révélations constituent, selon Arbane, une trahison et une exploitation de sa douleur pour des fins lucratives.
Dans l’émission AL24news, les journalistes ont révélé que ce dossier médical détaillé avait été utilisé sans le consentement de Saada Arbane. De plus, l’émission a mis en lumière que le premier titre du roman devait être Joie, en référence au prénom de Saada, renforçant ainsi la connexion entre l’œuvre et la réalité vécue par Arbane.
L’utilisation de détails intimes tels que la cicatrice sur la gorge, décrite de manière satirique dans le livre, a particulièrement choqué le public et les critiques littéraires. Cette description, perçue comme une moquerie des souffrances d’une survivante, suscite des questions sur la morale de l’auteur et la responsabilité des maisons d’édition.
Les implications légales sont également explorées : si les faits avancés par Saada Arbane sont vérifiés, Kamel Daoud pourrait faire face à des poursuites pour violation de la vie privée et divulgation de secrets médicaux. En outre, l’idée que l’auteur puisse se justifier en invoquant la “fiction” apparaît de plus en plus contestée, avec certains critiques qualifiant cet acte de plagiat et d’imposture littéraire.
Pour Saada et sa famille, l’impact a été dévastateur. Les souvenirs ravivés et l’exploitation de son histoire ont plongé la famille dans un tourment émotionnel profond. Le mari de Saada, Omar, a témoigné de la souffrance de sa femme et de la manipulation dont elle estime avoir été victime. Il a également mentionné des tentatives d’achat de leur silence en échange de la participation à un projet cinématographique basé sur le roman.
La solidarité algérienne, reconnue pour sa force et son soutien, pourrait jouer un rôle déterminant si Saada Arbane décide de poursuivre Kamel Daoud en justice. L’auteur, déjà critiqué pour sa manière d’exploiter les récits algériens sous un prisme perçu comme néocolonial, pourrait voir sa réputation ternie par cette affaire