261
Lamia Khalfallah
Je suis partie à la découverte de l’Algérie des années soixante-dix; une période de changements culturels, politiques et socials dans ce pays qui avait arraché son indépendance en 1962 après la glorieuse révolution menée par son peuple courageux . Moi, jeune femme algérienne qui fait partie d’une génération ayant vécu entre les années marquant la fin de ce bon vieux temps et les années de la révolution technologique bouleversante, je voudrais savoir plus sur ces moments regrettés et gravés à jamais dans la mémoire de chacun. Pour cela, j’ai utilisé une machine à explorer le temps, qui m’a permise de visiter quatre villes emblématiques : Alger, Oran, Ghardaïa et Tamanrasset.
Ma première destination a été Alger, la capitale, en 1972. J’ai été frappée par le dynamisme et le contraste de cette ville, qui mélangeait modernité et tradition. J’ai vu des femmes et des hommes s’habillant algérien, maghrébin, berbère, à l’occidentale ou à l’orientale dans une pluralité culturelle éblouissante.
J’ai admiré des immeubles récents et des monuments anciens, comme la Grande Poste ou la Casbah. Une balade dans les lieux emblématiques d’Alger m’a permise des idées pour une nouvelle aventure d’écriture.
Une balade dans Alger, c’est un voyage dans le temps et l’espace. La Casbah, le quartier historique où se dressent les plus belles mosquées et les prestigieux palais ottomans.
J’ai admiré la vue sur la baie depuis Notre Dame d’Afrique, la basilique qui domine la ville. Je me suis promenée dans le jardin d’essais El Hamma, un écrin de verdure où fleurissent des milliers d’espèces végétales. J’ai entendu de la musique de tous les genres, du chaâbi notamment.
J’ai aperçu la volonté de l’élite de l’époque de continuer à construire un état souverain, de défendre les causes des peuples opprimés et de s’affirmer sur la scène internationale.
Ma deuxième destination a été Oran, la deuxième ville du pays, située à l’ouest. J’ai été surprise par le contraste entre les deux villes. Oran était plus cosmopolite, plus festive, plus ouverte. Elle portait encore les traces de son passé pluriel et riche. Elle était aussi le berceau du raï, ce genre musical populaire qui mêle influences orientales et occidentales, et qui exprime les joies et les peines du peuple. J’ai assisté à un concert de Cheikha Rimitti, la reine du raï, qui a fait danser et chanter le public avec ses chansons provocatrices et engagées. J’ai été séduite par son charisme et son audace.
Mon troisième arrêt a été Ghardaïa, la capitale de la vallée du M’zab, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. J’ai été fascinée par l’architecture et l’urbanisme de cette cité millénaire, qui témoigne de la richesse et de la diversité de la culture algérienne. J’ai été accueillie par les Mozabites, une communauté berbère qui a su préserver son identité et ses traditions. J’ai partagé avec eux un repas typique, à base de couscous, de dattes et du thé. J’ai été touchée par leur hospitalité et leur générosité.
Mon dernier arrêt a été Tamanrasset, la porte du désert. J’ai été émerveillée par la beauté et la grandeur du Sahara, qui s’étendait à perte de vue. J’ai été invité à passer la nuit sous une tente, en compagnie des Touaregs, les hommes bleus du désert. J’ai écouté leurs récits, leurs légendes, leurs chants. J’ai admiré leur art, leur artisanat, leur bijouterie. J’ai appris leur mode de vie, leur organisation sociale. J’ai été éblouie par leur sagesse et leur noblesse.
Je suis revenue de mon voyage dans le temps, le cœur plein de souvenirs et d’émotions, mais je reste encore envoûtée par cette Algérie multiple, contrastée, vivante. Une Algérie qui a su faire face aux défis de son histoire, de sa géographie et de sa diversité. Une Algérie qui a su créer une culture originale, riche et variée. Une Algérie qui a su se forger une identité propre, forte, fière. Une Algérie qui m’a conquise.
Source: https://web.facebook.com/profile.php?id=100008612628373