Partie 5
L’année 1846 s’ouvrit avec un carnage du coté français, le 2 Janvier 1846 les soldats de l’envahisseur français poursuivirent un combattant algérien Si Saad du coté d’El Hodna, une colonne de 2500 soldats français, prise au piège dans des combats et une terrible tempête de neige, perdit 250 soldats sur place
La traque de l’Émir s’est poursuivit a un rythme accéléré, après s’être réfugié chez son beau père Ben Salam a Sebaou en région kabyles, le fantassin Youssef, le Maréchal Bugeaud, le Colonnel Noue et le Général Gentil accompagnés de leurs troupes remuaient ciel et terre a sa recherche, mais Abdelkader avec sa rapidité et son courage parvint toujours a leur échapper en razziant les tribus soumises a la France dans la région kabyle et dans la Métidja, et après tant de coup, il se réfugia momentanément au Maroc. Quant a Boumaza, il s’est réfugié dans les montagnes de l’Ouarsanis.
Le Général Pélissier et les Colonels Canrobert et Aynard poursuivirent leurs actions militaires dans le bas de la montagne de Dahra en espérant soumettre la tribu de Béni Zeroual hostile a la France. Les membres de cette tribus se cachèrent dans les grottes de la chaine montagneuse Dahra pendant plusieurs jours, les militaires français leur annoncèrent que s’ils ne quitteront pas les grottes ils subiront le même sort que les Ouled Riah de Mostaganem, ils réaliseront alors, le danger qui les guettait et se soumirent aux français pour rester en vie
Du coté de Tlemcen, ville gouverné par le Général Cavignac, un autre guerrier algérien illuminé au nom de Sidi El Fadel fit son apparition, il ordonna, par le biais d’un émissaire, au Général Cavignac que lui et ses troupes ne sont pas les bienvenus en les sommant a quitter la ville de Tlemcen.
Le 14 Mars 1846 et suite au refus des français d’écouter le message de Sidi Fadel, les troupes du Général Cavignac a Tlemcen furent attaquées par les hommes de Sidi Fadel en leurs occasionnant plusieurs morts, et Sidi El Fadel perda 80 de ses hommes
Toujours du coté Ouest, l’Émir se fit harcelé par le Sultan marocain Abderahmen qui voulut stopper son action car il craignit pour son trône, l’Émir rejoint l’Ouest algérien et se fut traqué sans relâche par les français.
Le 27 Avril 1846 les troupes de l’Émir massacrèrent 500 soldats français prisonniers. Le Maréchal Bugeaud condamna cet acte et promit une réponse avec toute la rigueur possible de la force en menaçant les tribus qui restèrent toujours fidèles a l’Émir
Fin Mai 1846, le Colonel Ladmirault et ses troupes s’établirent a Sour El Ghozlane prés de Bouira, la commune fut baptisé au nom d’Aumale
A l’Est algérien, un convoi de soldats français malades se dirigea de Tebessa vers Guelma sous la supervision des troupes françaises et les Spahis, fut attaqué par les algériens dans la région des Sidi Yahia Ben Taleb aux environs de Tebessa et tous les soldats français furent égorgés y compris le convoi de Spahi qui les surveillaient. La réaction de l’armée française ne se fait pas trop attendre, 2 jours plus tard, le Général Randon mena une virée dans cette région et tua tous ses habitants y compris femmes et enfants en laissant leurs cadavres aux vautours
En ce printemps de l’an 1846 des foyers de résistance et d’agitation étaient partout en Algérie, mais les grands maitres de ces foyers étaient : l’Émir du coté Ouest et au Maroc, son beau père Ben Salem dans le Sebaou en région Kabyle, Belkacem Oukassi chez les Beni Raten et Boumaza a Chellala du coté d’El Bayedh
A Ghazaouet, les soldats français qui travaillaient la route menant entre Ghazaouet et Nemours rencontrèrent,par coïncidence,des habitants algériens jouaient avec des objets qui appartenaient aux soldats tués prés du monument de marabout de Sidi Brahim, ils appelèrent rapidement le Général Cavignac qui piégea cette population en coupant une colonne reliant terre a la mer et les accula a la mer ou 500 algériens y périrent dans l’immédiat.
Les actes d’insurrections se redoublèrent dans la région de Kabylie du coté de Bejaia et le Nord de Setif ou de nombreux combats ont été signalé
L’année 1847 commença par les razzias effectués par le Général Cavignac, le plus grand voleur de la nourriture et les bestiaux des algériens, dans les douars de Ouled Nahar et Hamam Guerabbes a Sebdou prés de Tlemcen ou il pilla tous ce qui bougea comme bestiaux et tous ce qui est de valeur
Du coté de Béjaia et après les luttes acharnées déclenchées depuis 1846 et le blocus imposé a la région par les troupes françaises, Ben Salem le beau père de l’Émir se soumit le 17 Février 1847 aux autorités françaises, suivit de son compagnon Belkacem Oukassi et de Mohamed Oumeziane
Boumaza battu le 10 Janvier 1847 par les colonnes du Colonel Herbillon et du Commandant Saint Germain a Ouled Djellal, se retira vers les montagnes de Dahra et se soumis aux français en passant par la tribu de Ouled Younes comme intermédiaire, il exigea de se soumettre au Colonel Saint Arnaud, a sa rencontre, il lui lança : J’ai fait pour notre indépendance tout ce que je pouvais faire, tu es celui contre lequel j’ai le plus lutté, c’est à toi que j’ai voulu me rendre. Boumaza fut emmené en France le 13 Avril 1847 et y fut interné, il parvint a s’évader de sa prison quelques mois plus tard et il sera capturé de nouveau et finirait par servir la cause française dans la guerre de la Crimée
Le 1 Avril 1847 sous les ordres du Général Cavignac qui dirigeait Tlemcen, des troupes françaises sous la direction des colonels Mac Mahon et Gagnon pénétrèrent dans le Sud Ouest algérien sans rencontrer de résistance notable, les troupes ont envahi : Chat El Gharbi et Chat El Chergui, Ouled Sid Cheik dans la ville d’El Bayedh jusqu’a Ain Sefra, Tiout, Assela, Sfissifa a Naama
Du coté de la région de la Kabylie, le Maréchal Bugeaud voulu la soumettre avant de partir vers la France, il se dirigea vers cette région avec des milliers d’homme de ses troupes le 7 Mai 1847 et passa par plusieurs villages de la régions, son passage est rendu très dur par la Tribu de Beni Abbés et la tribu de Zouaoua, cette dernière a fourni des hommes aux premiers contingents de Zouaves, devenu après la tribu la plus guerrière et la plus hostile a la présence française en Algérie, et comme elle excellait dans les guérillas de montagnes surtout nocturnes , la lutte fut rude, le 16 Mai le Maréchal Bugeaud et ses hommes pénétrèrent dans le village des Beni Abbés et des Zouaoua et les obligea par la torture, assassinat et massacres a se soumettre en incendiant tout le village, une fois la soumission acquise suite a cette terreur, il continua sa marche et rencontrera un autre foyer de résistance dans le village au nom de Azzou ou Azrou du coté de Tizi Ouzou. Cette pénétration en région de Kabylie couta a la France 51 morts dont 5 officiers et autant de blessés Entre Setif et Béjaia une cinquantaine de tribus reconnurent la domination de la France par peur de la vengeance des français qui incendièrent tout sur leur passage. Une fois que l’expédition contre la région de Kabylie fut achevée, le Maréchal Bugeaud présenta sa démission le 30 Mai 1847 ou il fit ses adieux a ses troupes en Algérie et il sera remplacé par le Général Bedeau pour quelques mois
Le 11 Septembre 1847 le Duc D’Aumale prit le gouvernement de l’Algérie a place du Maréchal Bugeaud, l’Émir Abdelkader était caché clandestinement a Ain Zorah a l’Est marocain dans l’impossibilité d’accéder au territoire algérien du fait de la surveillance des troupes françaises, l’Émir se savait traqué par le sultan du Maroc et ses hommes aussi qui voulaient sa tête vu le respect et le soutien que lui vouent une partie du peuple marocain surtout dans la région du Rif ( Nador, Hoceima, Tetouan) et le mécontentement qu’éprouvèrent les marocains a leurs sultan suite a la défaite dans la bataille d’Isly, le Sultan du Maroc Abderhamen craignit pour son trône surtout après la signature de Traité de Tanger avec les français, ordonna de massacrer les tribus des Hachem dont issu l’Emir et la tribu des Béni Amer, 2 tribus originaires de mascara et qui se sont réfugiées auparavant au Maroc, le massacre fut atroce sur terre marocaine. Le 19 Novembre 1847 Sidi Mustapha le frère de l’Émir fit sa soumission aux français portant un autre coup a la guerre que mena l’Émir contre l’envahisseur barbare français, l’Émir sentit l’eau se resserrait autour de lui et ses hommes surtout après la poursuite des marocains qui voulurent sa tête, conclura sa gloire en réservant son dernier combat contre les marocains prés de la rivière de Melouiya en massacrant les troupes du Sultan Abderahmen. Vers le 21 Décembre 1847 le passage de col de Kerbous a la frontière marocaine fut étroitement surveillé, point de passage obligatoire de l’Émir du Maroc vers l’Algérie, les autorités françaises ont mis 20 spahis commandé par le lieutenant Mohamed Boukrouia, dépouillés de leurs burnous rouge et remplacés par un burnous blanc pour que l’Emir et ses hommes les confondirent avec des cavaliers arabes, le stratagème n’a pas fonctionné puisque l’Emir reconnut les Spahis , Ils leurs annonça qu’il compta se soumettre, Abdelkader remis l’empreinte de son cachet au Lieutenant Boukrouia et lui demanda de le transmettre au Général Lamoriciére en demandant qu’il se soumettra a condition d’avoir la vie sauve lui et les siens et préféra s’exiler a Saint Jean d’acre ou en Alexandrie, le général Lamoriciére lui envoya son sabre en guise de paix ou d’amane. Le 23 Décembre l’Emir accompagné de Lieutenant des Spahis Benkrouia arrivèrent a l’emplacement du marabout Sidi Brahim, la cavalerie française était présente sous commandement de Lieutenant Montauban et se dirigèrent vers Nemours prés de Tlemcen ou l’Émir rencontra le Général Lamoriciere et lui remis son yatagan, le Duc D’Aumale qui était déjà avisé arriva a Nemours le 23 Décembre 1847 et assista a la soumission de l’Émir, ce dernier demanda de partir, le Duc D’Aumale lui rappela qu’il faut ramener son cheval, l’Émir lui promit que ça serait pour le lendemain. Ainsi le 24 Décembre 1847 l’Émir vint seul vêtu d’un burnous brun et un babouche jaune, 2 de ses hommes conduisirent sa jument noire et l’offrit au Duc D’Aumale. Ce jour même du 24 Décembre, l’Émir, le Duc D’aumale et le Général Lamoriciére se dirigèrent vers Oran ou ils trouvèrent une frégate qui transporta,le 25 Décembre 1847, l’Émir et les siens vers Toulon en France.
La reddition de l’Émir marqua un coup au soulèvement des algériens contre l’occupant français malgré que la lutte contre cet occupant barbare allait se poursuivre mais l’Émir a réussi a porter des coups terribles et destructeurs au prestige et a la force de la France, ci ce n’est la traitrise des marocains qui accéléra sa reddition
Parti vers Toulon, L’Émir fut enfermé d’abord au Fort de Lamalgue a Toulon de peur qu’il regagna l’Algérie et continua sa lutte, puis transféré au Château de Pau puis au Château d’Amboise jusqu’a 17 Octobre 1852 ou l’empereur de France Napoléon III le libera sous condition de ne plus remettre les pieds en Algérie. L’Émir Abdelkader a eu la légion d’honneur suite a son intervention pacifique pour faire cesser les hostilités entre Druzes et maronites en Syrie, mourut en 1883 a Damas et marqua l’histoire de l’Algérie et l’histoire de tout un peuple épris de liberté et de dignité face un colonisateur barbare et inhumain
L’année 1848 fut riche en événements en France qui bascula de statut de Royaume a une République ou le roi Louis Philipe 1 fut renversé du trône le 24 Février 1848, ces changements parvinrent aux algériens ou les populations de Bone (Annaba), de la région de Kabylie et le Sud de Medea, manifestèrent et saccagèrent tout sur leur passage pour exiger le départ des français, la répression fut terrible de la part des français. La France bascula dans le trouble suite au changement de statut, la misère devint courante, le chômage explosa, les autorités françaises songèrent a peupler leur colonie en Algérie immédiatement et organisa les colonies agricoles, et sans le vouloir l’Algérie servit de terre d’allégement a la misère publique française et d’échappatoire aux désespérés français. Un dècret du 4 Mars 1848 , d’ailleurs fut adoptée a l’assemblée nationale dont son troisième article stipulait : Les colonies seront fondées par des citoyens français, chefs de famille ou célibataires. Les colons cultivateurs, ou qui déclareront vouloir le devenir recevront de l’Etat, à titre gratuit, des concessions de terre d’une étendue de deux à dix hectares par famille selon le nombre des membres de la famille, leur profession et la qualité de la terre, et les subventions nécessaires à leur établissement. Un arrêté ministériel du 27 septembre 1848 mettait en exécution le décret qui contenait cette article. A partir de cet année 1848, les français commençaient a arriver en Algérie par masse comme s’il s’agissait de la terre de leurs parents.
Du coté Constantinois, Achmet Bey l’ancien Bey de Constantine fuit cette ville et se réfugia dans les Aures, se soumis aux autorités françaises venues a sa recherche lui et ses hommes. Du coté de la région kabyle, Mouley Mohamed bras droit de Boumaza se rendit aux français le 3 Octobre 1848 a Sour El Ghozlane ( Aumale ), un autre chef guerrier algérien se rendit aux français dans la région de Chlef cette fin d’année 1848
L’étonnant et le frappant en cette année 1848, la majorité des militaires français qui ont commis des bavures et des actes de violence et de sauvagerie envers les algériens passèrent tous a la vie politique, comme si en France pour être accepté en politique il faut faire du mal aux algériens, malheureusement ça continue jusque’a nos jours ne serait ce par un discours haineux et méprisant
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