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Par Said BOUCETTA
L’Algérie a commémoré, hier, le 44e anniversaire du décès du président Houari Boumediene. Deux générations séparent l’Algérie du triste événement qui a ému l’ensemble de la communauté nationale.
Ceux qui ont vécu les obsèques du Raïs se souviennent de l’impressionnant cortège populaire, de l’émotion incomparable qu’avait suscité la mort de celui qui a réussi à faire de la nationalité algérienne, l’une des plus admirées.
À l’étranger, l’Algérien était accueilli avec déférence. En raison de l’aura qu’avait la révolution d’indépendance, mais aussi parce que l’Algérie avait à sa tête un authentique révolutionnaire qui ne craignait personne. Les Algériens s’y identifiaient et dégageaient cette assurance qui impressionnait leurs interlocuteurs.
À sa mort, ils ont compris qu’ils perdaient une partie d’eux-mêmes. Le temps a, par la suite, fait son oeuvre. Le pays a perdu petit à petit de sa superbe, s’est engouffré dans un tunnel de violence et a disparu de la scène internationale, au point où l’Algérien devint transparent. Son passeport ne suscitait plus le même intérêt des douaniers arabes et européens.
Quarante-quatre ans après la disparition de leur leader le plus charismatique, les générations se sont transmis son souvenir, ses discours, son sourire en coin et sa stature d’homme d’État qui les rendaient fiers de porter la même nationalité que lui. Durant ce laps de temps, beaucoup de citoyens sont aujourd’hui grands-parents ou parents de jeunes hommes et femmes.
À voir aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, toute la matière audiovisuelle qui perpétue la mémoire de Houari Boumediene, l’on comprend qu’un passage de témoin a bel et bien eu lieu. Et l’on comprend d’autant plus les sentiments des quinquagénaires et les personnes plus âgées, que l’on constate ces deux dernières années, des scènes et des discours comparables à ce qu’on entendait durant les années 60-70.
La réunion de la Ligue arabe à Alger, la place qu’occupe désormais la Palestine dans le discours du président de la République, le ballet diplomatique dont Alger est le théâtre et où l’on voit des personnalités de tous les bords. Tous tiennent des propos forts de respect à l’endroit de l’Algérie.
Les quinquagénaires et plus réentendent dans la bouche du chef de l’État des expressions de soutien sans réserve en faveur des citoyens les plus démunis. Des actes concrets suivent. Des millions de logements, des hausses de salaires, des subventions renforcées. Mais également un État fort qui n’hésite pas à frapper d’une main de fer toute personne qui se rend coupable de spéculation.
L’Algérie des années 70 qui a consacré la gratuité de l’éducation et de la santé, ainsi que la nationalisation des hydrocarbures, refait surface et les Algériens d’avant et d’aujourd’hui le sentent dans leur quotidien. Les promesses faites aux martyrs sont tenues, à travers une réaffirmation claire du caractère social de l’État. Quelle que soit la politique empruntée, histoire de s’adapter à l’évolution du monde, le peuple n’en paiera pas le prix. C’est un engagement du président Tebboune en décembre 2019.
Il est encore valable aujourd’hui. L’Algérie n’est certes plus socialiste, mais elle demeure profondément sociale, proche des causes justes et non alignée. Les citoyens ont très bien saisi le message et ils adhèrent totalement à cette vision des choses qui les renvoient aux principes des pères fondateurs de la nation.
Ils le disent haut et fort. Il l’ont crié lors du Hirak, en 2019 et l’ont maintenu à l’occasion de tous les rassemblements populaires. Les millions d’Algériens sont le soft power de leur pays. C’est bien leur insistance à brandir le drapeau palestinien qui a évité la disparition à cette cause, et jusqu’à triompher lors du Mondial qatari.
On sent bien que ce fort sentiment de communion entre l’État et la société qui avait cours sous la présidence de Boumediene est de retour.
Sur les réseaux sociaux, mais également dans les stades, les cafés et lors des mariages et des veillées funèbres, les Algériens saluent le retour d’un État fort et protecteur de la société. Ils soutiennent son discours sur les causes justes. Ils applaudissent aussi la volonté d’adhérer aux Brics et y voient une source d’indépendance et de fierté. Bref, le passeport algérien reprend des couleurs de même que la destination Algérie.
Deux générations après la disparition du Raïs, son souvenir n’est pas évanescent, mais relève d’une réalité concrète. L’esprit Boumediene est plus que jamais de retour.