Le tournage du film « Zaphira, dernière princesse du Royame d’Alger » va bon train entre décors d’époque grandeur nature, accessoires colorés et royaux, lieux de tournage insolites et conditions météorologiques parfois extrêmes.
Le film, produit par Adila Bendimered, campant le rôle de Zaphira et réalisé par Damien Ounouri, promet de plonger le spectateur dans un monde lointain. Un monde fait de romance, de trahisons, de fidélité mais surtout levant le voile sur une période de l’histoire bien souvent mise de côté, celle du règne de Zaphira sur le Royaume d’Alger.
Avec un casting d’acteurs et actrices sélectionné avec soin, comme Imen Noel et Dali Bensalah aux côtés de Adila, c’est un véritable marathon qui se déroule chaque jour. Les scènes sont tournées avec minutie afin d’avoir un rendu, il n’est pas exagéré de le dire, parfait, et des techniciens du son, de l’image, maquilleurs et accessoiristes s’affairent par dizaine avant chaque scène. C’est un travail titanesque qui est réalisé et une attention particulière qui est donnée à chaque détail. Aucune place n’est laissée au hasard et l’expertise de chacun, se sent. Il ne faut pas avoir peur de se mouiller dans ce film, dans tous les sens du terme, et ce pour le plus grand plaisir des yeux.
Des tournages à Tlemcen, en bord de mer, dans la piscine de Dar Abdelatif, au cœur de la citadelle d’Alger et dans les rues exigües du bastion 23 mettent à rude épreuve les techniciens qui doivent rivaliser d’invention pour avoir des images satisfaisantes à l’écran. Les acteurs et l’équipe technique affrontent les intempéries et donnent le meilleur d’eux mêmes pour satisfaire l’œil aguerri du réalisateur.
C’est un travail de fourmilière qui a lieu chaque jour où chacun connaît son rôle à jouer que cela soit devant ou derrière les écrans. « Silence, ça tourne ! », plus aucun bruit ne se fait entendre aux alentours. Dans un silence religieux, les acteurs font leur entrée dans les lieux et tels des sportifs donnent le meilleur d’eux mêmes.
Arranger une mèche rebelle par ci, sécher l’actrice principale par là, ajouter du feu, tamiser la lumière, scotcher par là, tous les détails sont passés au peigne fin entre deux prises.
On se sent emporté dans un autre temps, entre deux univers. D’un côté les décors et le jeu des acteurs nous emmènent à la période de Selim et Barberousse et de l’autre, quelques centimètres plus loin, la technicité et la technologie nous projettent dans le futur.
Mettre en lumière l’Histoire
Adila, après une journée de tournage éprouvante où, comme un marathonien, elle a du avoir le souffle long et se préparer intensément physiquement et mentalement, livre ses impressions et sa volonté à travers le tournage de ce film. Le choix de traiter l’histoire du personnage de Zaphira est justifié par » la remise en question de son existence dès les premiers écrits relatant son histoire au XVIIème siècle » explique-t-elle.
Ceci montre « l’effacement historique des femmes et celui de l’histoire » auxquels elle veut remédier.
« Une femme a réussi à lever une rébellion face à Arroudj mais elle n’est pas cité nommément et très peu racontée par nous », poursuit-elle. Adila a alors profité de ce « trou historique qui laisse tout l’espace au cinéma qui va se placer entre la légende et l’histoire ».
Se basant sur « le contexte historique et les différentes versions de l’histoire qui ont été rapportées » le film vient mettre en lumière une époque où « Alger est très ambitieuse, aventureuse et cosmopolite. Le moment où la capitale va devenir un port très important et dynamique » précise-t-elle. Alger est alors, selon elle, » la terre de tous les possibles où les gens venaient se construire une nouvelle vie », ce qui donne un lieu propice à la magie du cinéma. Elle met en avant Alger à cette époque qui est « diverse, capitale méditerranéenne et métissée. Ce qui est super pour une intrigue de cinéma », assure-t-elle.
Pour la première fois, tient-elle à préciser , « un film en coproduction est financé majoritairement par l’Algérie ».
Elle raconte qu’à l’étranger « ils ne comprenaient pas qu’on veuille raconter notre histoire », ce qui était, confie-t-elle « une bonne chose pour nous de savoir qu’on allait faire bouger les choses ».
Du coté algérien, elle a du » batailler durant des années pour avoir ce financement et grâce au soutien de certaines personnes, on a réussi ». Elle espère qu’avec « la volonté de la Présidence d’accorder plus d’importance au cinéma, que les autres personnes suivent la voie et non pas que cela reste juste une volonté non mise en pratique ».
Ce film a été pour elle, une aventure humaine et « un challenge tous les jours, au niveau de la mise en scène de l’endurance, du jeu », admet Adila. Ce qui n’aurait pas été possible sans « une équipe technique formidable, jeune et qualifiée » qu’elle remercie chaleureusement.
« La post production du film a déjà commencé en parallèle du tournage qui est bientôt terminé! », finit-elle par lancer, avant de courir se reposer pour débuter une autre journée de tournage.
Zaphira, dernière princesse du Royaume d’Alger, promet de par sa qualité esthétique, son intrigue, ses prouesses techniques et l’amour que les acteurs et techniciens lui portent, de faire beaucoup parler de lui.
Sarra Chaoui
horizons.dz 12.12.2021