Racines reptiliennes de l’incompétence et limites rationnelles de la compétence
Par Hope&ChaDia
Dans la suite de notre réflexion sur l’affirmation devenue réflexe « Les compétences existent mais sont bloquées », il convient de plonger plus profondément dans les mécanismes invisibles qui rendent l’incompétence si facile à maintenir… et la compétence si difficile à faire triompher.
Il ne s’agit plus ici de structures, de postes ou de méritocratie défaillante. Il s’agit de biologie cognitive. D’instincts. De réflexes évolutifs.
Le cerveau reptilien : refuge de l’incompétence ?
Encadré — Les reptiles, symboles d’une résilience primitive ?
Les reptiles, dans le règne animal, incarnent une forme extrême de résilience : ils ont survécu à des extinctions massives, vivent avec très peu de ressources, et s’adaptent sans évoluer. Leur métabolisme lent et leur organisation simple en font des modèles d’économie biologique.
Le « cerveau reptilien », concept issu des neurosciences, désigne justement cette part de notre fonctionnement centrée sur la survie, la défense et la routine. Il n’analyse pas, il réagit. Ainsi, parler de « résilience reptilienne de l’incompétence » revient à souligner que l’incompétence, ”comme les reptiles”, ne cherche pas à changer — mais à durer, à contourner, à se fondre dans l’environnement. Elle ne se réforme pas, elle s’adapte sans se transformer.
Dans les modèles issus des neurosciences, on décrit le cerveau humain comme organisé en trois couches : le reptilien (instincts de survie), le limbique (gestion des émotions), et le néocortex (raisonnement abstrait). Or, c’est dans le cerveau reptilien que s’ancrent les comportements de conservation, de défense de territoire, de recherche de stabilité.
L’incompétence, dans une organisation, ne s’assemble pas par stratégie brillante. Elle se regroupe par instinct de protection. Elle se méfie de l’altérité, rejette ce qui dérange, préfère l’entre-soi et la loyauté docile aux compétences critiques. Elle fonctionne comme un système immunitaire primitif : tout ce qui pense trop est suspect.
Et ce mode de fonctionnement est rapide, efficace, conservateur. Il ne pense pas, il survit. Il reproduit ses schémas car il croit y détecter la continuité — donc la sécurité.
La compétence, un luxe du néocortex
À l’inverse, la compétence relève du néocortex. Elle demande :
de l’analyse,
de la projection,
de la remise en question,
et de la coopération complexe avec des profils différents.
Elle est lente, exigeante, et souvent… désorganisée. Elle doute avant d’agir, elle débat avant de décider. Et cela, dans un monde qui valorise la rapidité d’exécution plus que la qualité de la réflexion, devient un handicap compétitif.
Le résultat ? Ce n’est pas l’intelligence qui gagne. C’est l’intelligence adaptée aux structures dominées par les instincts. Là où le réflexe vaut mieux que la raison, la compétence ne s’épanouit pas : elle s’auto-censure ou se retire.
Instinct de survie contre ambition de transformation
On comprend alors pourquoi l’incompétence s’organise “instinctivement” : c’est un réflexe ancien, fondé sur la peur d’être écarté. Elle se regroupe comme un troupeau menacé. Elle ne cherche pas à bâtir, mais à durer.
La compétence, elle, est un projet. Une conquête. Un effort volontaire contre l’inertie collective. Ce n’est pas la tête qui veut briller : c’est la tête qui veut transformer.
Mais pour y arriver, elle doit cesser de croire que son seul savoir suffit. Elle doit apprendre à faire masse. À s’organiser. À parler stratégie et non seulement idéal. Sans cela, elle continuera à perdre contre un système qui, lui, n’a même pas besoin de penser pour survivre.
Ce que cela implique pour l’avenir
Ce que cette grille biologique révèle, c’est que le problème ne se situe pas uniquement au niveau des structures sociales ou politiques. Il est dans le rapport même que les individus compétents entretiennent avec leur propre compétence. Tant qu’elle reste un capital personnel, elle sera marginalisée.
Elle ne deviendra puissance de transformation qu’à partir du moment où elle accepte de descendre dans l’arène : faire groupe, affronter les jeux de pouvoir, s’imposer comme contre-pouvoir.
En somme ?
Ce n’est pas un manque d’intelligence qui fait gagner l’incompétence. C’est un excès d’instincts coordonnés face à une intelligence isolée.
Et tant que les compétences ne se reconnaîtront pas comme force politique à construire, elles resteront ce qu’elles sont trop souvent :
des esprits brillants dans un monde gouverné par les réflexes.
1 comment
Un des paradoxes nuisibles en Algérie!
En Algérie ceux qui ne réussissent pas parce que paresseux, incompétents, cupides et souvent salauds, ont trouvé une astuce, une ingéniosité, une roublardise.
Ils s’expatrient, s’improvisent opposants, font des vidéos acerbes contre le “pouvoir”, les “institutions” etc, durant des années, puis se calment, se repentissent en marchandant leur retour!
Miracle, ils sont intégrés, excusés, et surtout aidés dans toute leur entreprise en leurs ouvrant toutes les portes! Ils deviennent ainsi “respectables”, “affairistes” et riches!
Vous voulez des exemples?