Home Algérie Algérienne 8 mai 1945 décrypté par Nassira Belloula : de la mémoire étouffée à la vérité historique

8 mai 1945 décrypté par Nassira Belloula : de la mémoire étouffée à la vérité historique

by Hope Jzr
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Le 8 mai 1945. Tandis que l’Europe fête la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Algérie vit une tragédie qui marquera à jamais son histoire. Nassira Belloula, journaliste et auteure engagée, nous propose un retour analytique et poignant sur les événements, loin des versions aseptisées imposées par l’histoire officielle.

Dès l’ouverture de son intervention, Belloula rappelle que pour comprendre le massacre du 8 mai 1945, il faut replacer les faits dans leur contexte : celui d’une guerre mondiale dans laquelle l’Algérie colonisée a été enrôlée de force. Plus de 300 000 Algériens sont mobilisés dans les forces françaises, répartis entre l’armée d’Afrique et l’armée d’Orient. Nombre d’entre eux ne reverront jamais leur terre natale.

Dans le même temps, Alger devient un centre stratégique pour les Alliés : le général de Gaulle s’installe à l’hôtel Saint-George, devenu quartier général de la France libre, et supervise notamment le débarquement de Normandie. Ironie de l’Histoire : au moment même où la France se libère, elle prépare la répression de ceux qui réclament la leur.

L’effervescence politique grandit dès 1943, année du Manifeste du peuple algérien. Contrairement à ce qu’on croit, ce texte fondateur n’est pas l’œuvre d’un seul homme. Il est porté par un large front nationaliste : le PPA, le MTLD, les étudiants musulmans d’Afrique du Nord et les Oulémas. Ensemble, ils forment le mouvement des Amis du Manifeste et commencent à structurer la revendication d’indépendance, dans la foulée de la Charte de l’Atlantique et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Le 8 mai 1945, dans l’euphorie de la victoire sur le nazisme, les Algériens descendent dans la rue, à Sétif, Guelma, Kherrata et ailleurs. Officiellement, les autorités françaises autorisent les manifestations à condition qu’aucun slogan politique ni drapeau algérien n’y apparaisse. Mais la jeunesse militante décide autrement. Un jeune scout, Bouzid Saâl, brandit le drapeau national : il est abattu sur-le-champ par la police. Le chaos s’installe.

Belloula insiste : les émeutes n’ont rien de spontané. Elles sont le fruit d’une longue préparation politique. Des services secrets américains, dès 1943, alertaient déjà sur la tension croissante dans le Constantinois. Les colons européens s’arment. Les morts du 1er mai annoncent déjà la catastrophe du 8.

La répression est immédiate, massive, brutale. Charles de Gaulle, à la tête du gouvernement provisoire, donne l’ordre d’une intervention militaire. L’aviation bombarde. À Sétif, 200 obus pleuvent. Les blindés, les miliciens pieds-noirs, la Légion étrangère… tout est mobilisé contre des civils. À Kherrata, certains manifestants sont jetés vivants dans les gorges. Le massacre durera jusqu’au 22 mai.

Le bilan ? Côté algérien, 45 000 morts selon le PPA. La France parle, elle, de 2 600 victimes, en qualifiant les faits d’« incidents regrettables ». Une négation de la barbarie, qui durera des décennies. L’Histoire officielle reste verrouillée. Ce n’est qu’à partir des années 1960 que les premiers travaux historiens émergent timidement.

Un détail marquant : le drapeau brandi par Bouzid Saâl. Selon un rapport de la gendarmerie française de l’époque, il était déjà vert et blanc, orné du croissant et de l’étoile rouges, mais aussi d’une main sur laquelle était écrit « Allahu Akbar ». Ce détail, glissé dans les archives, atteste que l’Algérie insurgée avait déjà ses symboles.

L’opinion de l’intervenante est claire :
Ce qui s’est passé en mai 1945 n’est pas un simple débordement. C’est un crime de guerre. Un crime contre l’humanité. Et tant que la France ne l’admettra pas officiellement, la blessure restera ouverte.

À travers ce décryptage puissant, Nassira Belloula nous rappelle que l’écriture de l’Histoire n’est jamais neutre. Elle est souvent l’outil des vainqueurs. Mais les vaincus ont la mémoire. Et parfois, la mémoire est plus forte que l’oubli imposé.

Pour aller plus loin et écouter directement l’analyse riche et documentée de Nassira Belloula — historienne, écrivaine et ancienne journaliste — nous vous invitons à visionner sa présentation complète ici :

👉

Un témoignage essentiel pour ne pas laisser le 8 mai 1945 sombrer dans l’oubli, et pour comprendre les racines profondes de la mémoire algérienne.

المجد والخلود لشهدائنا الأبرار.

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