Par Hope&ChaDia
Il y a des voix qui traversent les décennies avec la même intensité, des voix qui portent les espoirs, les douleurs, et les combats d’un peuple. Ce 25 avril, la militante américaine Elaine Mokhtefi était l’invitée de JazairHope, dans un live exceptionnel, pour raconter l’Algérie des années d’indépendance, celle qu’elle a aimée et servie avec passion. Ce moment vraient rare
Une rencontre avec l’histoire
Elaine Mokhtefi n’est pas simplement une observatrice. Elle est une actrice de premier plan de ces années où Alger s’imposait comme la Mecque des révolutionnaires. Arrivée en Algérie quelques semaines après l’indépendance, cette jeune militante, originaire des États-Unis, avait déjà croisé la route de Frantz Fanon au Ghana :
« Nous formions une délégation politique à trois : Fanon, Mohamed Sahnoun et moi. Nous faisions voter des résolutions pour la liberté des peuples. »
De cette amitié avec Fanon, Elaine a gardé la conviction que la lutte pour la liberté était universelle. Sa rencontre avec l’Algérie fut celle d’une cause qu’elle adopta corps et âme.
Alger, foyer des luttes anti-impérialistes
Durant le live, Elaine Mokhtefi est revenue avec émotion sur les premières années de l’Algérie indépendante :
« Alger accueillait tous les mouvements de libération. Le gouvernement donnait des locaux, des papiers, un soutien. C’était une solidarité concrète. »
Des figures telles que Nelson Mandela, formé brièvement par l’Armée de Libération Nationale, jusqu’aux militants du Vietnam ou d’Amérique Latine, tous trouvaient à Alger un refuge et un appui.
Les Black Panthers ne firent pas exception. Elaine, jouant les intermédiaires, facilita leur installation :
« Eldridge Cleaver est arrivé sans prévenir, croyant avoir été invité. J’ai pris contact avec les autorités. Rapidement, ils furent reconnus comme un mouvement frère. »
Le Festival panafricain : un moment suspendu
L’évocation du Festival panafricain de 1969 fut l’un des moments forts du live. Elaine raconte :
« L’Algérie a mis tout son cœur, son argent, son énergie. C’était inimaginable : des concerts dans les rues jusqu’à 4h du matin, des femmes voilées, des enfants, tous ensemble. »
Archie Shepp, Nina Simone, Miriam Makeba… Les plus grandes voix africaines et afro-américaines se sont donné rendez-vous à Alger. Pour beaucoup, ce fut la première fois qu’ils foulaient le sol africain.
« Les Afro-Américains découvraient une Afrique vivante, riche de culture, d’histoire, de lutte. »
La Palestine dans le cœur des Algériens
À la question sur la résonance des grandes révolutions aujourd’hui, notamment pour la Palestine, Elaine a répondu avec une émotion palpable :
« J’ai vu des Algériens pleurer pour la Palestine, dès 1968. Pour eux, c’était leur propre cause. Et aujourd’hui encore, cela doit rester une vérité pour chacun de nous. »
Une mémoire précieuse pour demain
Son livre, Alger, capitale de la révolution, est plus qu’un récit. C’est un devoir de mémoire, une invitation à comprendre ce que fut l’Algérie révolutionnaire :
« Tout à coup, les gens se sont rendu compte qu’il y avait eu une guerre très importante, et que l’Algérie avait porté les espoirs de tout un continent. »
Elle n’oublie pas son mari, Mokhtar Mokhtefi, ancien combattant de la guerre de libération, dont elle évoque avec tendresse le livre J’étais un Français musulman.
Un amour indéfectible pour l’Algérie
Avant de conclure ce live, Elaine a confié dans un anglais tendre : « I’ve never met an Algerian that doesn’t warm my heart. It’s a people with heart, with a desire to show it. Algeria deserves our love and hope. »
Ce live restera comme un témoignage précieux d’une époque où l’Algérie croyait en elle-même et faisait croire le monde en des lendemains libérés.
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