Le mathématicien italien Leonardo Fibonacci originaire de Pise participa à la diffusion active des chiffres arabes tels que transmis durant son éducation dans la ville de Béjaïa, à l’Est de l’Algérie.
Bejaia Piri Reis, Carte maritime du XVI siècle représentant la côte d’Alger et de Béjaïa, de Piri Reis
Les chiffres arabes désignent le système de numérotation avec une notation positionnelle et dix chiffres de base inspirés d’un système indien datant de la période s’étendant entre le 1er et le 4ème siècle av. J.-C. Diffusés par les mathématiciens arabes, les chiffres arabes viennent remplacer les chiffres romains, alors en usage en Europe, dont l’emploi rendait complexes les opérations numériques.
Bien qu’issus d’un même système, les symboles (ou glyphes) attribués à chaque chiffre varient cependant selon les ères géographiques à partir du Moyen Âge. Ils peuvent être divisés en trois principales familles: les chiffres arabes dit occidentaux utilisés à l’époque au Maghreb et en Andalousie (dont la version moderne utilisée est 0,1,2,3,4,5,6,7,8,9), les chiffres arabes orientaux utilisés au Moyen Orient (dont la version moderne utilisée est ٠,١,٢,٣,٤,٥,٦,٧,٨,٩), et les chiffres indiens utilisés dans le sub-continent (dont la version moderne utilisée est ०,१,२,३,४,५,६,७,८,९).
Ce sont alors les chiffres arabes dit occidentaux du Maghreb et d’Andalousie qui demeurent les plus couramment utilisés depuis leur émergence au Xème siècle.
Leonardo Fibonacci et l’impact du Liber Abaci
Leonardo Pisano Fibonacci
Originaire de Pise en Italie, l’éducation du mathématicien Leonardo Fibonacci se fait en grande partie dans la ville de Béjaïa dans l’Est de l’Algérie, où son père représente des marchands de la république de Pise, véritable comptoir commercial. Béjaïa est à l’époque une province prospère et autonome de l’empire almohade et entretient d’excellentes relations avec la République de Pise.
En 1202, après des années d’études à Béjaïa, le mathématicien publie le Liber Abaci (Le livre du calcul) traitant de systèmes de numérotation et de méthodes de calcul. Rédigée en partie de droite à gauche, l’oeuvre mobilise le savoir accumulé lors de son expérience dans la ville au contact de mathématiciens arabes et permet une vulgarisation en Europe des chiffres arabes. La diffusion du système de numérotation par l’entremise de l’oeuvre coïncide en effet durant la Renaissance au développement du commerce et des sciences.
Aujourd’hui largement adoptés par une majorité d’acteurs internationaux, l’origine et la diffusion des chiffres arabes témoignent de la richesse des échanges intellectuels entre le sous-continent indien, le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord ainsi que l’Europe.