L’Algérie intensifie ses efforts pour assurer sa sécurité alimentaire à long terme en lançant plusieurs mégaprojets agroalimentaires. Le groupe Cevital, par exemple, a récemment marqué une étape significative en lançant sa première bouteille d’huile de table 100% algérienne, baptisée Djawhara. Ce développement a été présenté à la foire internationale d’Alger (FIA) et s’inscrit dans un ambitieux projet d’autosuffisance en matière d’huile et de sucre, avec des perspectives d’exportation des excédents. Ces initiatives, combinées avec un projet de 3,5 milliards de dollars avec la firme qatarie Baladna pour cultiver 117.000 ha, ainsi qu’un investissement de 1 milliard de dollars de l’italien Bonifiche Ferraresi pour la culture de céréales sur 36.000 ha, témoignent de la détermination de l’Algérie à développer une agriculture intensive et moderne pour garantir sa sécurité alimentaire.
Ces projets montrent clairement l’ambition des pouvoirs publics de réduire la dépendance de l’Algérie vis-à-vis des importations alimentaires et de diversifier une économie, traditionnellement dépendante des hydrocarbures, en incitant les opérateurs économiques algériens à produire en full process. C’est d’ailleurs dans ce contexte que le groupe Cevital s’apprête à entamer la deuxième phase de son vaste projet de production d’huile de table 100% algérienne, prévoyant notamment une expansion des surfaces cultivables de graines oléagineuses. Selon Malik Rebrab, patron du groupe, la production locale d’huile nécessite 1,6 million de tonnes de graines oléagineuses par an, ce qui correspond à environ 600.000 ha de terres agricoles. Le chef de l’Etat, qui a présidé la cérémonie d’ouverture de la FIA, considère cette ambition comme parfaitement réaliste et réalisable, sachant qu’un hectare permet de produire 2,5 tonnes de graines. Cependant, le président de la République a insisté sur la nécessité de multiplier les efforts pour atteindre une production de graines oléagineuses oscillant entre 2,5 et 3 millions de tonnes annuellement. «Cela permettrait non seulement de lever les restrictions sur l’exportation d’huile de table, mais aussi de stimuler la production d’aliments pour bétail en exploitant les sous-produits des graines oléagineuses et de la pulpe de betterave», a-t-il souligné.
Il est vrai que l’exploitation des tourteaux de graines oléagineuses, ainsi que de la pulpe de betterave utilisée par le groupe Cevital dans sa production sucrière sont des éléments clés dans la fabrication de ces aliments. Utilisés comme compléments, ces aliments sont nutritifs et bon marché.
De la betterave sucrière pour un sucre 100% algérien
Lors de son échange avec le président de la République, le patron de Cevital a eu l’opportunité d’aborder un autre volet de l’ambitieux programme de son groupe, à savoir la production de sucre à partir de matières premières cultivées localement. A ce propos, Malik Rebrab a mentionné les vastes prospections menées dans les wilayas d’El-Menéa et d’Ouargla, où des surfaces agricoles de 200.000 ha chacune ont été identifiées comme exploitables pour ce projet.
Il est cependant essentiel de souligner que l’avenir de ces projets titanesques dépendra de la capacité des différents acteurs à surmonter les défis structurels et à maximiser les opportunités offertes par ces investissements stratégiques. Une mise en œuvre efficace des projets, une gestion prudente des ressources en eau et un soutien continu des politiques publiques seront essentiels pour atteindre les objectifs fixés.