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Par Nedjma Baya Merabet
L’opération Toufane Al Aqsa (Déluge d’Al Aqsa) correspond-elle à un moment de basculement clé, une rupture globale ? Après la Palestine, Liban, Syrie, Libye, Yémen, Irak etc… après les guerres en Afrique : RDC, Soudan, Libye, Tchad, Mali, Burkina Faso, Somalie, Ethiopie etc… , après la crise de 2008, l’épisode du Covid etc… Peut-être le moment de gestation arrive à terme, et on entre dans un cycle d’extrême polarisation des camps, et de décantation collective. La répression sanglante qui s’abat sur la population palestinienne depuis l’opération menée par plusieurs fractions de la résistance palestinienne était prévisible.
Plusieurs voix se sont élevées et ont mis en garde contre le carnage qui s’abat. Certains analystes la comparent à l’opération du Nord Constantinois menée par Zighoud Youcef le 20 aout 1955 durant la révolution Algérienne.
Une énième journée sanglante mais qui a tout de même glacé le sang des indifférents, au point qu’un diplomate européen annonce la nouvelle et présente ses condoléances durant une réunion Afrique-pays nordiques qui s’est tenue le même jour à Alger.
Quelques heures après le massacre, certaines sources parlaient de plus de 800 morts.
Le soir de cette même journée, certaines sources diffusent un texte : Kataeb Chouhada Al Aqsa, une fraction armée du Fateh qui réapparait, publie un communiqué dans lequel ils exigent la démission de Mahmoud Abbas d’ici jeudi. Autrement, sa vie ne peut se rassurer d’être épargnée. Ils en appellent à chacun (dirigeants en prison et dirigeants du mouvement Fateh), de prendre une position ferme vis-à-vis de « Kerzai Filastine », et de constituer un comité d’urgence qui désignera Marwane Al Barghouti comme chef suprême des forces de la révolution Palestinienne. Mobilisation générale. Les forces armées du mouvement Fateh, invoquant « le sang de notre peuple coule comme un fleuve désespéré avec le consentement d’un monde en putréfaction » ; en appellent à l’engagement et la mobilisation de toutes les âmes palestiniennes et de tous leurs moyens. La rédaction du communiqué est très puissante. Elle invoque le Saint Coran : « Ceux qui ont le droit de parler au nom de Dieu ne sont pas croyants ; même s’ils reçoivent tous les versets, et ce jusqu’à leur rencontre avec le châtiment final ».
De son côté, Mahmoud Abbas, qui sera dorénavant en réunion permanente, nous informe dans son allocution qu’il ne dormira pas ce soir. Sa réunion en Jordanie avec Abdel Fattah Al Sissi, Le roi de Jordanie et le président états-unien est annulée.
Certaines sources parlent d’un appel à l’unité de toutes les factions palestiniennes. Quel avenir aura cette unité ? Les jours qui viennent nous en diront plus sur les tenants et aboutissants de cette nouvelle guerre au Machreq arabe.
La journée du 17 octobre fut sanglante. Un peuple est martyrisé sans vergogne, avec le silence complice de la communauté internationale. Al Ahli est un grand hôpital géré par l’archevêque de Gaza, qui débordait des victimes des bombardements précédents sur cette portion de terre la plus dense et la plus pauvre du monde, mais pas seulement. L’hôpital abritait également de nombreuses familles venues s’y réfugier. Avant Al Ahli, un autre hôpital, anglican, avait été attaqué par les forces fascistes de l’entité sioniste.
Auparavant, ces mêmes forces avaient demandé aux habitants de certains quartiers du Nord de Gaza d’aller vers le quartier de Deir el Balah au sud, « pour leurs sécurité » !. Une fois que les populations se sont déplacées vers le quartier désigné, elles y ont été bombardées, elles ainsi que les habitants du dit lieu. Des familles entières ont été décimées chez elles. Plusieurs convois de palestiniens qui fuient ont également été bombardés, rien ni personne n’est épargné, groupements de population, mosquées, hôpitaux, écoles, convois, quartiers… La liste est longue des crimes atroces et inimaginables que commet l’entité sioniste en ce moment même ! La terminologie est claire, il s’agit d’un génocide, d’une opération d’extermination à grande échelle de tout un peuple qui concentre la révolution au cœur du monde monothéiste, qui est lui-même peut-être le cœur du monde. Cela ressemble à une certaine solution finale !
Un tel degré d’atrocité ne peut s’expliquer que par l’impunité totale dont bénéficie ce petit état illégitime mais dopé.
Comment s’étonner de ce carnage puisque cela vient du pays de la directive Hannibal ? Cette doctrine militaire que « l’armée la plus morale du monde » a mise au point pour garantir le voile de sa surpuissance. La directive consiste à tout faire pour éviter qu’un soldat soit capturé, allant jusqu’à le tuer s’il le faut. Le site d’information electronicintifada.net * a réussi à capter le témoignage d’une rescapée du kibboutz de Be’eri diffusé dans une radio israélienne puis effacé. Durant le déclenchement de l’opération Al Aqsa, les combattants palestiniens avaient fait plusieurs prisonniers qui étaient pour la plupart des soldats de l’armée d’occupation. La dame de 44 ans qui a perdu son compagnon, explique d’un côté comment les combattants palestiniens les ont traités avec respect et humanité, tandis que ses congénères sont tombés sous les balles de leurs frères qui ont tiré dans le tas sans distinction durant des heures. Confirmant la fièvre fanatique qui a pris cette société qui incarne aujourd’hui le modèle suprême de l’Etat impérialiste occidental moderne, dans toute sa dynamique de déliquescence.
Mais la dialectique infernale est là, tapie dans l’Histoire des masses populaires, que les chaines télés indécentes et frivoles sont loin de pouvoir imaginer.
Aujourd’hui, les Palestiniens font face à une colonisation de peuplement sans aucune limite, dans des proportions démographiques bien plus défavorables que celles qui prévalaient durant la guerre de libération nationale Algérienne. Cette fois-ci, le contexte mondial a évolué vers son point culminant, et le carnage généralisé est inéluctable ; c’est ainsi que tout le monde sera amené à choisir son camp, et à fournir son effort dans la guerre.
Depuis le début de la répression sanglante que mène l’armée d’occupation, dans de nombreuses régions de la planète on a manifesté pour la Palestine. Tous les jours, là où des régimes sionistes ou très pro-sionistes existent les populations se réveillent s’indignent, se révoltent, depuis que la féroce répression sioniste à commencé à s’abattre sur le peuple Palestinien. Un exemple révélateur d’un espoir persistant, à New York, une importante manifestation, réunissait de très nombreux juifs new yorkais, écœurés et bouleversés de ce qu’ils ont nommé « génocide » et dont ils refusent catégoriquement que ce soit en leur nom en tant que juifs, au nom de leur religion et leur croyance. Des êtres humains qui eux pleurent pour les palestiniens, d’autres êtres humains massacrés injustement pour sauver la dignité du monde. Cette nouvelle guerre en Palestine occupée va-t-elle achever la division entamée du monde en deux camps ? Va-t-elle impulser un nouvel élan à l’organisation populaire à l’échelle mondiale ?
Le soir de l’attaque d’Al Ahli, d’immenses manifestations au Liban, en Egypte, en Turquie … Un rassemblement impressionnant et déterminé, de ceux qui font trembler les grands criminels en cols blancs, avait envahi l’espace autour de l’ambassade sioniste à Amman. Cette image faisait tout de suite écho et sens au silence bouleversé, inquiet, concentré, et abasourdi dans lequel a plongé Alger. Tout le monde ici sait que c’est pour bientôt. Pourtant, dans de nombreuses villes (Oran, Sétif …), des citoyens sont sortis manifester leur solidarité avec leurs frères. Jeudi une manifestation est appelée par plusieurs organisations qui se mettent enfin en mouvement. La situation est délicate à partir d’Alger où se profile également la lutte générale contre l’intégrisme islamiste qui fut longtemps au service de l’impérialisme. Si la lutte contre les groupes terroristes doit encore continuer au Sahel, le combat est tout autre depuis quelques années en Palestine. L’intégrisme islamiste, cette idéologie sœur du sionisme, dont l’origine de la puissance se dévoile au fur et à mesure du déclin de « l’occident », est combattue par ses propres enfants, qui par la nécessité redirigent le combat vers le véritable ennemi. Les islamistes ne sont plus ce qu’ils étaient nulle part sur terre, les communistes non plus, et s’ils se sont fait la guerre longtemps en Palestine et au Liban, aujourd’hui ils y sont alliés dans le grand mouvement de libération national.
Mais cet aperçu ne suffit pas. Il faut également rappeler que dans tous les courants politiques aujourd’hui, il y a des tendances plus ou moins compromises voire liées avec la grande bête immonde, qui a eu le temps de tisser sa toile réseaux dans la société.
Les gesticulations récentes des figures du Fis dissout, qui hier encore assumaient un discours qui condamne l’appui de l’Etat Algérien à la cause palestinienne, au prétexte que sa priorité et responsabilité devraient se limiter aux besoins du peuple Algérien, sont un point énigmatique qui intrigue l’opinion publique Algérienne.
