Depuis quelque temps, Pascal Boniface, directeur de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), n’apparaît plus sur les écrans de l’émission “C’est dans l’air”. Ce retrait, volontaire ou imposé, suscite de nombreuses interrogations parmi ses fidèles auditeurs et téléspectateurs. Dans un récent podcast, Boniface explique les raisons de cette absence, jetant une lumière crue sur les coulisses de la programmation médiatique.
Boniface débute en confirmant les nombreuses questions qu’il reçoit concernant son absence de l’émission. Il précise qu’il a été invité récemment pour une émission sur les Jeux Olympiques mais a choisi de décliner l’invitation. Sa décision est motivée par un sentiment d’être relégué à des sujets jugés secondaires. Boniface, habitué des débats géopolitiques intenses, ressent une marginalisation progressive lorsqu’il s’agit de sujets centraux comme les conflits Russie-Ukraine ou Israël-Palestine.
Boniface rappelle avec nostalgie ses nombreuses participations à “C’est dans l’air” depuis la création de l’émission en 2001. Il a toujours apprécié la qualité des débats et le respect mutuel entre les intervenants. Cependant, cette dynamique a changé, particulièrement en ce qui concerne les émissions traitant de la Russie et du Proche-Orient. Ses tentatives d’explications avec Caroline Roux et le rédacteur en chef de l’émission n’ont guère abouti, se soldant souvent par des réponses évasives.
Le point de rupture semble être le traitement du conflit israélo-palestinien. Depuis les événements du 7 octobre, Boniface n’a été invité à aucune émission abordant ce sujet, malgré de nombreuses diffusions à ce propos. Cette exclusion, selon lui, est une réponse à ses critiques souvent perçues comme trop sévères envers Israël. Boniface souligne que lors de précédentes émissions, les producteurs avaient résisté à des pressions similaires, mais cette fois, la ligne a été franchie.
La frustration de Boniface s’intensifie lorsqu’il évoque un biais pro-israélien généralisé dans le traitement médiatique en France. Il dénonce une couverture disproportionnée des otages par rapport aux victimes des bombardements à Gaza. Pour Boniface, cette distorsion médiatique reflète une peur du terrorisme plus grande que celle des actions militaires israéliennes, et un alignement instinctif avec Israël plutôt qu’avec les Palestiniens. “C’est dans l’air” n’échappe pas à ce phénomène, bien qu’il considère cette émission moins biaisée que d’autres.
Ce sentiment d’injustice est exacerbé par le manque de franchise de la part des producteurs de l’émission. Boniface aurait préféré une honnêteté brutale quant à ses positions controversées plutôt que des excuses inconsistantes. La situation est d’autant plus regrettable qu’il s’estime avoir été un invité récurrent et apprécié du public.
Au-delà de “C’est dans l’air”, Boniface relate également son éviction des antennes de Radio France, y compris France Inter et France Culture, suite à ses critiques des lignes éditoriales. Ce constat l’amène à une conclusion amère : les médias français tolèrent difficilement la critique de leurs propres pratiques. Pour Boniface, la dignité prime sur la complaisance et il préfère se retirer de ces plateformes plutôt que de renoncer à ses convictions.
Malgré cette exclusion, Boniface ne se considère pas comme une victime. Il continue de diriger l’IRIS avec succès, est fréquemment invité à l’étranger et ses publications rencontrent un large public. Ce parcours exemplaire renforce sa détermination à dénoncer ce qu’il estime être des injustices, sans se plier aux attentes de conformité médiatique.
Ce témoignage de Boniface illustre les tensions sous-jacentes entre liberté d’expression et contrôle éditorial, particulièrement sur des sujets aussi sensibles que le conflit israélo-palestinien. Sa volonté de rester fidèle à ses convictions, même au prix de sa visibilité médiatique, interroge sur les limites de la pluralité des voix dans les médias français.