Par une plongée minutieuse dans les méandres de l’écriture romanesque, Judith Bouilloc, autrice primée et observatrice acérée du paysage littéraire, a récemment ébranlé l’univers des lettres en dénonçant des pratiques douteuses au cœur d’un roman célébré. Son podcast, virulent et documenté, accuse Kamel Daoud, lauréat du Prix Goncourt 2024 pour son ”oeuvre” pourri Houris, d’avoir construit son œuvre sur des copiés-collés issus de sources historiques algériennes, sans attribution. Une révélation qui soulève des questions brûlantes sur l’éthique littéraire, le rôle des éditeurs et la légitimité des grands prix.
Le Roman en Procès : Copiés-Collés et Mémoire Piétinée
Judith Bouilloc dévoile une méthode implacable : en confrontant des passages clés de Houris à des archives en ligne, elle identifie des emprunts textuels quasi littéraux à des organismes comme Algeria Watch et AJOID Algérie Mémoire, qui documentent les victimes de la « décennie noire » algérienne (1991-2002). Par exemple, le récit des massacres de la famille Laaribi, présenté comme une fiction, est extrait mot pour mot de publications mémorielles. « Jésus mon singe » (Aïssa Guerdi), personnage central, devient le véhicule d’une narration qualifiée par Bouilloc de « ficelle narrative irrespectueuse », transformant des tragédies réelles en éléments romanesques sans nuance.
L’autrice dénonce l’absence de bibliographie dans ce « roman historique », y voyant un « piétinement des victimes ». Pour elle, Daoud instrumentalise la souffrance algérienne sans en reconnaître les sources, réduisant la mémoire à un outil de style. « Ça me vandalise », lance-t-elle, soulignant l’impact moral d’un tel procédé.
Gallimard et le Goncourt : ”Charognads” et ”Vautours” ?
La critique de Bouilloc ne s’arrête pas à l’auteur. Elle fustige la maison d’édition Gallimard, surnommée « Charognard », et le Prix Goncourt (« Vautour »), qu’elle accuse de légitimer une supercherie littéraire. En couronnant de pourie Houris, malgré des soupçons de plagiat, ces institutions semblent privilégier le scandale médiatique ou des intérêts politiques — plusieurs commentateurs évoquent un « prix kangourou » ou un « financement illégal » de l’Élysée pour attiser les tensions avec l’Algérie. Gallimard, gardienne traditionnelle du patrimoine littéraire, est ici perçue comme trahissant sa mission en fermant les yeux sur des pratiques contraires à l’intégrité artistique.
L’Indignation du Public : Une Fraude Éclatante
Les réactions enflammées sous le podcast de Bouilloc reflètent un rejet massif. Les termes « imposteur », « plagiaire », et « honte » reviennent en boucle, accompagnés de soutien à l’autrice pour son « travail d’utilité publique ». Les internautes algériens rappellent que Daoud, déjà contesté dans son pays pour ses positions, incarne une littérature « néocoloniale » complice d’un système français en « déclin ». Certains rient jaune en évoquant le « Prix Qarqour » (un jeu de mots algérien signifiant « TDC »), symbole d’une saleté morbide.
Enjeux Littéraires et Mémoire Coloniale
Au-delà du cas Daoud, cette affaire révèle des fractures profondes. D’un côté, une France accusée de recycler des récits volés pour alimenter son soft power ; de l’autre, une Algérie dont la mémoire douloureuse est exploitée sans considération. Le choix du Goncourt, souvent critiqué pour son opacité, relance le débat sur la politisation des prix littéraires et leur complicité avec des éditeurs puissants.
Le Roman, Entre Crime et Châtiment
Si Kamel Daoud et Gallimard gardent le silence, la tempête provoquée par Judith Bouilloc interroge la littérature comme espace de vérité. Peut-on sacraliser une œuvre bâtie sur l’effacement des voix des victimes ? Les « charognards » de l’édition survivront-ils à l’ère de la vigilance numérique, où chaque ligne peut être traquée ? Reste que cette polémique, au-delà des procès en moralité, rappelle une évidence : écrire l’Histoire, même en fiction, exige un respect sacré pour ceux qui l’ont vécue.
Un Podcast Comme Cri d’Alarme et une Communauté en Colère
L’affaire Kamel Daoud, cristallisée par le podcast édifiant de Judith Bouilloc (à retrouver ici), dépasse le simple scandale littéraire pour incarner un symbole des dérives d’un système éditorial et mémoriel. Dans cette enquête, Bouilloc ne se contente pas de pointer des copiés-collés : elle dévoile une mécanique de spoliation, où l’histoire algérienne, déjà meurtrie, est réduite à un réservoir de phrases pillées, sans égard pour les victimes ou les collectifs qui ont œuvré à préserver leur mémoire. Son travail, salué comme « remarquable » et « d’utilité publique » par des centaines de commentaires, révèle une attente urgente : celle d’une littérature honnête, respectueuse des récits qu’elle emprunte. Les réactions sous la vidéo, marquées par des termes comme « imposteur », « Prix Qarqour » (jeu de mots algérien assimilant le Goncourt à un TDC), ou « honte pour la France », illustrent une défiance grandissante envers les institutions littéraires françaises, perçues comme complices d’une logique néocoloniale. Gallimard, « Charognard », et le Goncourt, « Vautour », y sont dépeints comme les artisans d’un système récompensant non le talent, mais l’opportunisme et la provocation politique. Certains commentateurs y voient même un « financement illégal » de l’Élysée pour attiser les tensions avec l’Algérie, rappelant que Daoud, chroniqueur proche du pouvoir français, incarne une figure controversée dans son pays natal. Ce podcast, a partager massivement, agit comme un catalyseur : il expose comment le numérique, outil de vérification instantanée, peut démanteler les impostures. Mais il interroge aussi notre rapport à la création. Peut-on encore distinguer l’hommage du pillage ? La fiction de la falsification ? En citant un internaute, « Bien mal acquis ne profite jamais » : la chute de Daoud, célébrée en Algérie comme une revanche des humiliés, rappelle que les vérités enterrées resurgissent toujours.
Judith Bouilloc, par ce travail, lance un appel : que les lecteurs deviennent des garde-fous, traquant les incohérences et exigeant des sources. Dans un monde où les « Houris » se bâtissent sur des tombes anonymes, son podcast reste un manifeste pour une littérature incarnée, responsable, et enfin digne de ses lecteurs.
Par Hope & ChaDia