Par Hocine Neffah
L’Algérie commémore le cinquantenaire de l’assassinat du personnage au double combat, à savoir Mohamed Boudia.Cet homme qui disposait d’une volonté d’acier et avait consacré sa vie pour l’indépendance de l’Algérie et le soutien concret et effectif à la cause palestinienne, a été assassiné par le Mossad le 28 juin 1973.
Mohamed Boudia applique à lui-meme la théorie de Gramsci qui fait allusion à la notion de l’intellectuel organique. Boudia avait assumé réellement et d’une manière concrète ce rôle en luttant sur tous les fronts et par tous les moyens révolutionnaires qui se présentaient à lui à cette époque.
Mohamed Boudia avait adhéré très jeune au Mouvement de Libération nationale pour la cause de l’indépendance de l’Algérie. Sa contribution dans la Guerre de Libération nationale était riche et pleine d’enseignements pour les nouveaux combattants qui allaient faire leurs preuves en matière de faits d’armes.
Boudia a été arrêté en 1958 en France lors de sa participation à l’opération de Mourepiane (France). Cette opération est bien connue pour son impact politique à cause de ses conséquences qui résident dans les attaques des dépôts pétroliers en provoquant des grands incendies. Il était aussi un militant à part entière dans la Fédération du FLN en France.
Après l’indépendance, Mohamed Boudia, artiste qu’il était, a occupé le poste d’administrateur du Théâtre national algérien. Mais Mohamed Boudia ne voulait pas perdre la flamme révolutionnaire qui l’animait toujours, il s’est engagé dans la défense de la cause palestinienne en entamant des actions sur terrain pour faire entendre la cause d’un peuple palestinien qui subissait et subit jusqu’à aujourd’hui les affres de l’entité sioniste sur les territoires occupés.
L’assassinat de Mohamed Boudia dans un attentat à la voiture piégée commis à Paris le 28 juin 1973 par le Mossad et avec l’aide des services de renseignements européens, avait fait connaître ce militant et combattant au double combat à l’opinion publique de l’époque.
Mohamed Boudia était très célèbre en Palestine, surtout que cette période était caractérisée par l’implication du peuple palestinien dans le combat armé à travers des factions et des mouvements révolutionnaires pour la libération de la Palestine. Il était très connu au sein des structures des Fedaiyin du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP).
Mohamed Boudia était aussi un artiste, homme de théâtre qui avait monté des pièces qui ont été jouées même dans la prison en France. Après l’indépendance, il a écrit une pièce théâtrale qui s’intitule «L’Olivier».
Mohamed Boudia était un homme de praxis, l’action et l’efficacité étaient son dada, le temps pour lui ne pouvait connaître un arrêt quelconque, il consacrait son temps aux causes nobles et à la création dans le domaine de l’écriture théâtrale et l’art en général.
Le témoignage de Sid-Ahmed Agoumi,l’un de ses parents, résume ce qu’était Mohamed Boudia, l’homme, le militant et le révolutionnaire.
Agoumi a souligné,à propos de Boudia, le fait que «c’est Boudia qui suscita mon éveil à la politique. C’est lui qui me permit de comprendre qu’en matière d’art, le talent sans conscience politique était un avatar bourgeois qui ne servait que lui-même. C’est ainsi que s’éveilla ma prise de conscience qui me donnait ainsi la possibilité de saisir la vocation sociale et politique du théâtre. Il fut avec le grand écrivain, Mourad Bourboune, lui aussi exilé après le coup d’État du 19 juin 1965, un véritable éveilleur de conscience. Je lui dois pratiquement mon éveil politique et la nécessité de ne pas mourir idiot», atteste Sid-Ahmed Agoumi.
Les hommes de la trempes de Mohamed Boudia ne peuvent pas concevoir la vie comme une espèce d’existence linéaire, la vie est pour eux une force dynamique dont la création et la révolution vont de pair. Boudia eest l’un de ces révolutionnaires aux rêves excessifs.