Walid Ait Said
lexpression.dz 16.02.2023
C’est, hier matin, qu’a été donné le coup d’envoi du Salon international de la pharmacie en Algérie (Siphal 2023). Exposants nationaux et internationaux étaient au rendez-vous de cette édition placée sous le thème «Market Access, pour une stratégie d’optimisation».
L’objectif tracé est de faire de ce Siphal l’amorce réelle du monitoring du secteur pharmaceutique en Algérie», a soutenu le docteur Yacine Louber, initiateur et directeur de ce salon. «Les spécialistes et intervenants aspirent à ce que ce salon soit conclu par des recommandations concrètes dans ce sens», a-t-il ajouté.
Néanmoins, au-delà de cet objectif, ce qui marque l’esprit des visiteurs est le niveau atteint par l’industrie pharmaceutique en Algérie. En effet, des producteurs locaux ainsi que des multinationales qui activent en joint-venture en Algérie ont exposé «fièrement»les médicaments «made in bladi». Il y va des simples antibiotiques ou antalgiques jusqu’aux stylos d’insuline ou encore les anticance´reux. On cite entre autres, Novo Nordisk ou Biocare, qui viennent tout juste de se lancer dans la fabrication de stylos d’insuline. Le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Ali Aoun, a, d’ailleurs, lancé, il y a quelques jours, la production officielle de ce premier stylo à insuline «full-process» fabriqué, 100% en Algérie. On a également pu apprécier la présence de Orion Lab. Un laboratoire pharmaceutique installé à Oran qui fait dans la fabrication de me´dicaments anticance´reux. Rien que ça!
«On couvre la totalité´ des besoins du marche´ local pour plusieurs types de cancer, mais aussi a` l’international via l’exportation de ses produits et
le contract manufacturing ‘CMO’», assurent les responsables rencontrés sur le stand de l’entreprise. Ils se targuent d’être le premier laboratoire en Alge´rie a` produire des me´dicaments cytotoxiques. «Cela permet d’assurer la disponibilité des traitements des principaux cancers en Alge´rie et faciliter ainsi l’accès aux soins des patients», souligne t-il avec beaucoup de fierté. Un bel exemple de réussite qui montre le niveau atteint par nos laboratoires qu’ils soient privés ou publics. Les décisions prises par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, semblent avoir porté leurs fruits.
La tendance est véritablement aux «made in Algeria» dans ce secteur très prometteur. C’est ainsi que même ceux qui n’ont pas encore sauté le pas du «made in bladi» comptent le faire très prochainement. À l’instar de Coloplast. Un laboratoire qui importe, pour le moment, des sondes urinaires, poches de stomie et pansement pour escarres. On a bien dit pour le moment, car les équipes de ce «labo» ont fait savoir qu’un projet de fabrication locale est en cours de concrétisation. «Il est déjà bien avancé», ont-ils avoué sans donner, toutefois, la date de son entrée en production. «Cela ne devrait pas tarder», ont-ils poursuivi, annonçant au passage que l’accord qui a été signé inclut une obligation d’exportation des produits fabriqués en Algérie, vers sept pays dont le Qatar et le Koweït. Fabuleux. Ce qui démontre que l’année 2023 pourrait sonner comme celle de l’exportation des médicaments algériens, notamment vers les marchés africains. Cela après la relance de cette industrie qui s’est faite ces trois dernières années.
D’ailleurs, le directeur du Siphal admet que la prochaine édition pourrait être dédiée à l’exportation. Cependant, tout n’est pas encore parfait. Certains problèmes demeurent comme la maîtrise du marché. D’où le thème de cette année qu’est le «Market Access». Un concept nouveau qui offre de véritables outils d’aide à la décision. «Il s’agit d’une stratégie permettant de piloter la mise en oeuvre de la stratégie d’accès et de maintien sur le marché des médicaments», atteste t-il. De l’innovation donc pour une plus grande efficacité. C’est dans ce sens que même des start-up ont été conviées à ce salon, à l’instar de ´´Shabakett´´. Elle développe des applications de gestion de stocks pour les pharmacies. Jusque-là rien de nouveau. Sauf que cette petite entreprise qui existe depuis une année offre une application mobile et un accès à distance aux pharmaciens. Mieux encore, elles ont la possibilité de partager leurs stocks avec d’autres de confrères. Un échange d’information qui évite aux malades de traîner d’une officine à une autre afin de trouver tel ou tel médicament.
Le Siphal est donc la meilleure preuve du dynamisme que connaît le secteur de l’industrie Pharma…
