L’Algérie veut relancer son industrie de textile et cuir. C’est l’une des priorités, d’ailleurs, du gouvernement. A cet effet, le ministère de l’industrie a lancé un cycle de rencontres et d’assises, regroupant les professionnels et acteurs de ce secteur stratégique, dans le but d’instaurer une nouvelle réorganisation de la filière, et la création prochaine d’un cluster.
Par Akrem R.
Après les assises de la wilaya d’Alger, une rencontre a été organisée jeudi dernier à Médéa, regroupant plus de 200 participants, dont la plupart sont des chefs d’entreprises et artisans activant dans le domaine du Cuir.
L’organisation de ces assises tend à « relancer ce segment industriel, à travers la fédération des efforts de l’ensemble des intervenants dans cette industrie et d’atteindre un niveau de compétitivité en mesure de réduire la facture des importations et de faire face à la concurrence étrangère », a déclaré le directeur général de développement industriel de transformation au niveau du ministère de l’Industrie, Abdelaziz Kend.
D’autres rencontres sont également prévues, prochainement, à Tlemcen et Ghardaïa, a fait savoir Abdelatif Hemamda, chef d’entreprise et expert en économie présent à cette rencontre.
En effet, à travers cette nouvelle organisation en « Cluster» qui verra le jour dans les six mois prochain, le ministère de l’Industrie veut associer les professionnels du secteur dans l’élaboration de la nouvelle stratégie pour redynamiser cette filière de textile et cuir, et surtout, réduire la facture des importations. Actuellement, le marché national de l’habillement est dominé par l’importation, notamment de Chine et de la Turquie.
5% seulement de nos besoins sont fabriqués localement !
Selon les chiffres officiels, juste 5 % de nos besoins sont produits localement, alors que 95% sont importés, soit une dépendance totale du marché extérieur. Des centaines de millions d’euros sont consacrés, annuellement, pour répondre aux besoins du marché local. L’importation des tricots de peau en coton, à titre d’exemple, fait perdre à l’Algérie 90 millions d’euros/an, selon une récente étude (2021), déplore Hemamda.
Une situation qui témoigne de l’état d’un secteur «sinistré», nécessitant une réelle volonté politique, l’injection d’investissements colossaux et une nouvelle vision pour le faire renaitre de ses cendres. Lors de la rencontre de Médéa, les participants ont mis l’accent sur la nécessité d’un accompagnement adéquat pour les entreprises activant dans le domaine du cuir, afin de les protéger de la concurrence «déloyale», tout en incluant la culture du « Consommons-local ».
Ainsi, ils ont réclamé de réduire les taxes sur la matière première, notamment, celle issue de l’importation et de mettre en place un système d’incitation pour les opérateurs activant dans la sphère informelle afin de les intégrer dans le circuit officiel. C’est l’un des objectifs de ce «Cluster du textile et cuir». Il est à noter qu’un mémorandum d’entente a été paraphé, en marge de cette rencontre, entre une cinquantaine d’opérateurs privés avec le groupe public Getex pour la création d’un Cluster pour les industries de transformation du Cuir.
La formation et transfert technologique …
Ainsi, les participants ont réclamé la création de micro-zones d’activités, dédiées exclusivement aux fabricants, artisans et autres métiers de cette filière, l’organisation d’un Salon international annuellement pour les produits de l’industrie et transformation du Cuir. Ce genre de rencontres représente une opportunité pour avoir connaissance de nouvelles technologies utilisées dans ce domaine et nouer des partenariats gagnant-gagnant, tout en assurant un transfert technologique et la formation d’une main-d’œuvre qualifiée.
Ce dernier est considéré comme étant le cheval de bataille du gouvernement afin de relancer le secteur vidé de ses compétences, suite à la fermeture forcée de beaucoup d’entreprises. Ces dernières n’arrivant pas à faire face à la politique de «dumping » pratiquée par les Chinois et Turcs, notamment. Toutefois, avec la conjoncture actuelle (hausse des prix de l’énergie et une main-d’oeuvre à bon marché), l’Algérie est en mesure de capter des investissements étrangers et d’améliorer la compétitivité de ses produits textile et cuir au sein du marché local et également, à l’international. « Nous avons notre place sur le marché local et international. Il suffit juste de mettre la stratégie qu’il faut», indique l’expert en économie, Abdelatif Hemamda. Il a recommandé d’accorder une grande importance à la conformité et normalisation de nos produits. « Nous avons dépensé beaucoup d’argent pour la certification de nos usines. Mais nous avons ignoré la conformité et certification, deux éléments importants dans l’amélioration de la compétitivité et de la qualité», conclut-il.
En somme, les atouts et le potentiel dont dispose l’Algérie, lui permettent de devenir, dans un futur proche, un pôle régional de l’industrie du cuir et du textile, notamment avec les réformes entreprises dans le domaine de l’industrie, en matière de foncier industriel, d’encouragement de l’investissement productif, et de réorganisation des segments industriels.
A. R.
ecotimesdz.com